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qui on les élève ; si, en outre, la vanité ou l’orgueil, qui accompagnent ordinairement la sortune, furent les premiers ordonnateurs de ces monumens, il devoit arriver que le peuple romain surpassât, en ce genre, tout ce qui l’avoit précédé, soit en nombre, soit en grandeur, soit en diversité. Nous avons eu déjà lieu de mettre en parallèle pour la dépense, avec la plus grande pyramide d’Egypte, le tombeaude l’empereur Adrien, entre plusieurs autres du même genre à Rome (voyez PYRAMIDE), et il nous a semblé, comme il semblera à tous ceux qui savent combien, en architecture, la main d’œuvre et ce qu’on appelle vulgairement façon, l’emporte sur le simple équarrissage des pierres, que chaque grand tombeau romain, avec ses innombrables ornemens, dut coûter beaucoup plus que chaque pyramide.

Quant à la diversité des tombeaux, on peut croire que Rome avoit épuisé tout ce que l’esprit humain peut imaginer. Le nombre des restes qui en existent, surpasse peut-être celui de tous les restes qu’un découvre dans toutes les autres ruines des villes antiques. En parlant du magnisique tombeau d’Auguste, Strabon nous apprend que lorsqu’on entroit dans Rome, du côté où est situé le reste de ce mausolée, il y avoit là comme une sorte de nécropolis où les monumens étoient si multipliés, qu’on prenoit de loin cette ville de morts pour la ville même de Rouie. Eh bien, sur cet immense emplacement, il ne reste pas aujourd’hui le moindre vestige qui puisse attester l’existence de cette ancienne population de tombeaux.

Cependant Rome a conservé assez de ces monumens dans son enceinte, et dans ses environs, pour qu’on puisse y recueillir des exemples de toutes les espèces de tombeaux qu’on voit ailleurs. Nous ne pouvons que rappeler ici, ce qui a fait avec assez d’étendue, la matière de l’article PYRAMIDE, où l’on a montré l’emploi de cette forme sépulcrale dans plus d’un tombeau romain, construit soit à l’instar des pyramides d’Egypte, comme le monument de C. Cestius, soit par un assemblage de petites masses pyramidales, comme celui qu’on appelle des Horaces à Albano.

Si l’on en croit certaines traditions, la colonne Trajane auroit été le tombeau de l’empereur dont elle porte le nom ; l’urne qui renfermoit ses cendres auroit jadis couronné son sommet. C’est pourquoi Pietro Santi Bartoli a jugé à propos de la comprendre dans son recueil des Sepolcri antichi, aussi bien que celle de Marc-Aurèle, qui lui avoit été consacrée par Antonin, dont toutefois elle porte aujourd’hui le nom. A l’article MAUSOLÉE, nous avons cru trouver les modèles de ces grands tombeaux, dans les bûchers d’apparat que l’on construisoit avec d’énormes dépenses, pour devenir la proie des flammes. Cutte pratique passa à Rome du temps des empereurs, et se joignit à la cérémonie des apothéoses. Ainsi voit-


on ces monumens temporaires, fréquemment retracés sur les médailles de consécration. On ne sauroit guère se refuser à y voir les modèles de ces grands tombeaux, qui, tels que ceux d’Auguste, d’Adrien, de Septime-Sévère, rivalisèrent avec celui du roi d’Halicarnasse.

Dans des dimensions beaucoup moindres, et avec bien moins de luxe extérieur, se présentent encore comme des ouvrages d’une construction très-remarquable, pour la solidité, certains tombeaux bâtis en forme circulaire, qu’on appelle aujourd’hui des tours, et qui, dans le fait, devinrent sous ce nom, pendant le moyen âge, des lieux fortifiés, ce que montrent encore à présent les créneaux dont on défigura leur sommet. Tel fut le tombeau de la famille Plautia près de Ponte Lugano, dont nous avons parlé au mot TIBUR (voyez ce mot) ; tel fut cet autre grand sépulcre voisin de Rome, qu’on appelleTorre di Metella. Rien n’approche de la solidité de cette construction dans les disférens étages, dont son intérieur étoit composé. Une frise ornée de guirlandes et de bucrânes ou de têtes de taureau, a fait appeler ce lieu Capo di bove.

Toutes les voies romaines, aux approches de la ville, paroissent avoir été bordées de monumens sépulcraux, dont l’architecture varia les formes à l’infini. Tantôt un énorme sarcophage s’élevoit sur un très-haut soubassement, comme celui qu’on appelle sur la voie Flaminienne, tombeau d’un affranchi de Néron. Tantôt des corps carrés, ornés de bas-reliess sur leurs faces, et posés sur des piédestaux, dévoient se terminer par les statues des personnages renfermés dans la chambre sépulcrale du soubassement, ou dans un local souterrain.

Il paroît que les deux méthodes d’inhumation et de crémation furent pratiquées chez les Romains, conjointement, c’est-à-dire dans le même temps, et souvent dans le même sépulcre, puisqu’on trouve des tombeaux qui renserment et des sarcophages et des urnes, ou du moins les dispositions de petites niches destinées à les recevoir.

Ce qui s’est conservé jusqu’à nos jours, en plus grand nombre, parmi les disférens genres de tombeaux, appartient au genre de ceux qu’on appeloit columbaria. (Voyez le mot COLUMBARIUM.) C’est de ces intérieurs privés de toute lumière, soigneusement fermés, inaccessibles à toute espèce de curiosité, et cependant ornés de toutes les délicatesses des ornemens, tant en peintures qu’eu stucs, qu’est ressorti, au temps de Raphaël, le goût de l’arabesque, avec toutes les inventions décoratives, qui font aujourd’hui le charme de nos appartemens les plus recherchés. C’est encore dans les columbaria, qu’on a trouvé ces belles urnes de matières précieuses, ornemens des Musées. Celle d’Auguste, en albâtre oriental, fut extraite d’une des chambres de son tombeau. Le