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l’usage, le devoir du lexicographe est d’en faire discerner les nuances, et d’en placer les notions limitrophes, aux mots respectifs qui les expriment.

C’est ce que nous avons pris à tâche de faire à chacun des articles, qui, sous des noms divers, renferment les documens et les faits relatifs aux pratiques des sépultures, chez tous les peuples.

Ainsi on ne doit pas s’attendre de trouver au mot TOMBEAU, quoique devenu en quelque sorte générique dans notre langue, l’ensemble des détails historiques, théoriques ou descriptifs, que l’on pourroit aimer à trouver réunis. Nous ne pourrions satisfaire à ce desir, qu’en répétant ici ce que nous avons exposé, décrit et détaillé déjà dans un grand nombre d’articles. Nous nous bornerons donc, sur un sujet aussi étendu, à faire ce que nous avons pratiqué à l’égard de quelques autres du même genre, c’est-à-dire à concentrer dans le moins d’espace qu’il sera possible, les notions générales que cet objet comporte, en parcourant brièvement les différences caractéristiques des tombeaux anciens et modernes, et les principaux exemples de leurs variétés. Cet exposé sommaire, en nous forçant de renvoyer le lecteur à tous les articles, où se trouvent les détails et les particularités de la matière, le mettra à portée de réunir, ce que nous avons été obligés de désunir, et lui montrera, que nous n’avons rien omis de ce qui pourroit fournir les matériaux d’un corps complet, sur cette partie de l’art et de l’architecture.

Partout où il a existé des hommes réunis en société, on a trouvé, et l’on trouve partout où il en existe, la pratique de certains usages et de certains soins qui ont eu, et qui ont pour objet, d’une part, la sépulture des morts, d’autre part, la conservation, n’importe à quel degré, des dépouilles de l’homme. Il faut laisser à d’autres et à d’autres ouvrages, de rechercher dans les diversités des pays et des climats, dans les variétés des croyances et des opinions religieuses, toutes les causes locales et particulières qui ont influé sur ces usages.

Mais entre ces causes, il en est deux qui reposent, l’une sur un besoin matériel, et l’autre sur une sorte d’instinct ou de sentiment naturel, et qui peuvent rendre compte des pratiques les plus usuelles de la sculpture, et des motifs qui ont multiplié partout les tombeaux ou les monumens funéraires.

Il ne s’agit d’abord que de se représenter dans l’état, qu’on se plaît à nommer de nature, la plus grossière société d’hommes, réunis par les besoins les plus simples. Sans doute ils dûrent éprouver celui de se soustraire aux effets de la putréfaction des corps ; et l’on comprend, comment partout il fut aussi naturel que nécessaire d’enfouir les cadavres, et de les rendre à la terre. De là les mots inhumer, inhumation. Disons d’a-


vance qu’ici, comme à l’égard de presque tous les ouvrages des hommes, on trouve le type originaire de ce qu’ils ont fait de plus grand, précisément dans ce qui semble en être le plus éloigné. Or, nous avons déjà fait voir aux mots TUMULUS et PYRAMIDE, qu’entre la petite butte de terre, produite par la fosse creusée, et la grande pyramide de Memphis, il n’y a de différence, que celle de quelques centaines de pieds. Dès que les sociétés s’étendirent, et que des villes se sormèrent et s’agrandirent, un devoir de la police de ces villes, fut, de pourvoir à leur salubrité, en éloignant des habitations des vivans, les lieux destinés à recevoir les nombreuses générations que la mort y entasse continuellement. On dut, selon les pays et les terrains, établir soit des cimetières entourés de murs, soit des hypogées ou catacombes. Plus d’un procédé fut employé à procurer l’anéantissement des corps, ou à obtenir qu’ils occupassent le moins d’espace qu’il fût possible. On peut croire que la combustion ou la crémation aura eu, dans certains temps, pour objet, de conserver, et de réduire à la fois au moindre volume les restes des individus. Quelques-uns ont cru encore, que la méthode de l’embaumement en Egypte, avoit dû sa naissance à quelques lois sanitaires, dictées par le climat et les particularités de ce pays. On voit qu’il ne nous appartiendroit pas, d’entrer plus avant dans les considérations de cette nature. Il suffit que nous trouvions là de quoi rendre compte d’un grand nombre de monumens funéraires.

Mais la seconde cause dont nous avons parlé, celle qui repose sur une sorte de sentiment moral commun à tous les peuples civilisés, est devenue partout une source beaucoup plus séconde en ouvrages d’art et d’architecture. Il s’agit de ce desir que la nature a mis chez tous les hommes, de prolonger leur existence physique, mais qui transformé par une nouvelle passion, celle de la gloire, leur fait ambitionner de se survivre, en prolongeant leur mémoire bien au-delà du terme de la vie humaine. On a rendu plus d’une raison du soin de la conservation des corps. On a présumé que l’opinion de leur résurrection, chez plus d’un ancien peuple, avoit suggéré tous les moyens les plus propres à les préserver de la violation, en les cachant, ou en les enfermant sous les masses de construction les plus volumineuses. Toutesois il est à croire que chez le plus grand nombre des peuples, le sentiment d’une immortalité vaniteuse, créa le plus grand nombre des tombeaux. Il faut lire les innombrables épitaphes que l’antiquité nous a transmises, dans les débris des villes et des empires, pour s’expliquer la puissance et tout à la fois le néant de cet orgueil, qui fit croire si souvent, qu’il importeroit à la postérité de connoître les noms d’hommes, qui étoient inconnus de leur vivant. On comprend toutefois que les tombeaux ont dû devenir aussi