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le palais des thermes. Inutile de rechercher ici ce qui a pu donner lieu à cette dénomination vulgaire, et si, par la suite des temps, l’ensemble de ces constructions avoit pu devenir un lieu d’habitation. Ce que témoignent tous les restes de substruction dont tout cet emplacement est encore rempli, c’est que l’on y pratiqua des caveaux voûtés de bâtisse romaine, des conduits et des souterrains tout-à-fait semblables à ce qui existe partout où il reste des débris de bains publics et de thermes.

Mais au milieu de tous ces débris ou fragmens de constructions enfouies, il s’est conservé une très-belle portion des vastes salles qu’on retrouve dans les thermes de Rome. La grande salle dont on veut parler, est venue jusqu’à nous totalement intègre dans ses murs et dans sa voûte. Cette dernière servit jusqu’à ces dernières années de terrasse à une maison ; on l’avoit chargée de huit à dix pieds de terre, et d’assez grands arbres y avoient pris racine.

Désencombrée aujourd’hui de cette surcharge, et débarrassée dans ses alentours, cette salle se Présente maintenant à la curiosité publique, et à instruction des architectes, comme un exemple fort précieux du système de construction, que les Romains mirent en œuvre chez eux, et qu’ils transportèrent partout ou ils étendirent leur domination. On veut parler de l’art de faire des édifices grands et solides, avec de petits et vulgaires matériaux. Il est vrai qu’un pareil système exige d’excellens cimens et de beaux enduits. Les murs de la salle des thermes de Julien étoient reconvertis d’une couche de stuc, qui a, selon les endroits, trois, quatre et même cinq pouces d’épaisseur.

Cette salle a cinquante-huit pieds de longueur, cinquante-six de largeur, et quarante de hauteur au-dessus du sol actuel de la rue de la Harpe. Une grande fenêtre eu forme d’arcade y introduit une très-belle lumière. Elle est pratiquée en face de l’entrée, au-dessus de la grande niche, et précisément sous le cintre de la voûte. Celle-ci est, comme dans les grands intérieurs des thermes de Rome, construite en arêtes, genre de couverture peu dispendieux et très-solide, parce que toutes les poussées y sont divisées, et qu’il ne s’y opère aucun travail latéral. Si quelque chose pouvoit le démontrer, ce seroit sans doute la durée extraordinaire do cette voûte, malgré les causes de destruction auxquelles elle a été si long-temps exposée. Toutetois elle n’est composée que d’un blocage de mœllons et de briques, liés par un ciment compose de chaux et de sable de Paris.

La construction des murs de la grande salle, est formée généralement, de trois rangées de mœllons, séparées par quatre rangs de briques, qui ont un pouce ou quinze lignes seulement d’épaisseur. Les joints qui les séparent, sont également d’un pouce, et cette mesure est uniforme dans toute la construction. Les quatre biques avec leur joints, for-


ment ainsi une épaisseur d’environ huit pouces. Les moellons, taillés de liais très-dur, ont de quatre à six pouces de face, et environ six pouces de queue.

On trouve sous celle salle, un double rang en hauteur de caves en berceaux, ou plutôt de larges conduits souterrains, de neuf pieds de large, et de neuf pieds de haut sous clef, Il y avoit trois de ces berceaux parallèles, séparés par des murs de quatre pieds d’épaisseur, et se communiquant par des portes de trois et quatre pieds de large. Le premier rang de ces voûtes se trouve à dix pieds au-dessous du sol ; on y descend par quinze marches. Le second étage est à six pieds plus bas. La longueur de ces voûtes souterraines est inconnue. On n’y pénètre pas au-delà de quatre-vingt-dix pieds ; des décombres en interceptent l’issue. Les voûtes sont composées du briques, de pierres plates, et de blocages à bain de mortier. La construction des murs est en petits mœllons durs de six pouces de long, sur quatre pouces de haut. L’épaisseur du mortier dans les joints, va depuis six lignes jusqu’à un pouce.

Il n’y a auoun doute que l’aqueduc antique d’Arcueil, dont on voit encore les restes, amenoit des eaux à ces thermes.

Depuis quelques années on s’est occupé du soin de conserver, et de remettre en honneur ce précieux reste d’un édifice riche en souvenirs, et fécond en leçons de tout genre, pour l’art de bâtir. La voûte de la grande salle a été dégagée et mise à couvert des injures de l’air, sous une grande et solide toiture. On espère qu’il sera possible d’isoler sa construction, des maisons qui l’avoisinent, de désobstruer ses abords, et de parvenir à retrouver, dans tous les fragment de construction, et de souterrains des habitations d’alentour, de quoi restituer une grande partie du plan de ces thermes.

Plus on acquerra de connoissances positives sur la véritable distribution des innombrables parties, qui formèrent l’ensemble de ces édifices, que les Romains multiplièrent partout, et principalement dans leur ville, avec une prodigalité vraiment extraordinaire, plus on sera mis à portée de former des conjectures plausibles sur la diversité de leurs emplois : car pour finir, par où nous avons commencé cet article, il est indubitable, que le mot thermes (bains chauds) est fort loin de rendre compte de tous les genres de besoins qui firent créer ces colosses de construction. L’usage du bain fut sans doute la cause primitive des réunions, pour lesquelles on fit des édifices, où ceux qui n’avoient pas de bains particuliers chez eux, trouvaient, soit gratuitement, soit pour une modique rétribution, l’avantage qu’ils n’auroient pu se procurer Mais il est facile de voir que dès qu’il se forme, dans une grande ville, de grandes réunions d’hommes, mille autres sortes de besoins et d’établissemens viennent bientôt à leur suite ; cela dut