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ce qui s’explique, puisqu’il n’y avoit que cet accès de libre pour pénétrer dans l’intérieur. Les chapiteaux des colonnes sont formés de la réunion de quatre masques d’Isis, lesquels sont surmontés d’un dé dont chaque face représente une espèce de temple.

La masse générale du temple se compose de deux parties bien distinctes, qui sont enchâssées, si l’on peut dire, l’une dans l’autre, savoir, le portique ou pronaos, et le temple proprement dit. La longueur du tout ensemble est d’environ deux cent quarante pieds ; la façade est large d’environ cent trente. De part et d’autre, le portique est en saillie de dix à douze pieds sur les faces latérales du temple. La hauteur totale du portique est d’environ cinquante-cinq pieds ; celle du temple est à peine de quinze pieds. Les murs sont parfaitement dressés suivant un talus qui donne à toute la masse une grande apparence de solidité. Le tout est couvert de sculptures hiéroglyphiques, d’une exécution et d’un fini si précieux, qu’on peut avancer que l’art égyptien y a été porté a sa plus grande perfection.

Nous ne porterons pas plus loin les détails descriptifs des différentes parties dont se composa le temple de Dendera. C’est au dessin qu’il appartient d expliquer aux yeux, ce que les plus nombreuses paroles seroient difficilement comprendre.

Derrière le grand temple et à une assez petite distance, se voit un édifice dont le mur latéral de l’ouest et une partie du mur de face sont en ruine. Sa forme est presque carrée ; son intérieur est composé de quatre pièces. Le tout est couvert de sculptures hiéroglyphiques. La corniche et la frise ont des ornemens aussi riches et aussi variés que ceux du grand temple.

Une porte semblable à celle dont on a fait mention plus haut, est presqu’ entièrement enfoncée sous les décombres provenant de la destruction des maisons particulières qui, à différentes époques, ont sait partie de la ville de Tentyris. Cette porte est remarquable par une inscription grecque portant que sous l’empereur César et l’an 31 de son règne. . . . . . les citoyens de la métropole et du Nome ont consacré ce propylée à Isis, etc. Nous devons faire encore observer qu’à la façade du grand temple ci-dessus décrit, existe également une inscription grecque qui porte que sous le règne de Tibère, César, fils d’ Auguste. . . . . . les citoyens de la ville et du Nome ont consacré ce pronaos à Vénus, très-grande déesse, etc.

Ces inscriptions et beaucoup d’autres semblables, recueillies par M. Letronne dans ses Recherches pour servir a l’histoire de l’Egypte, pendant la domination des Grecs et des Romains, prouvent que beaucoup des monumens encore subsistans, dans leurs débris plus ou mains bien conservés, ont dû être l’ouvrage de siècles très-postérieurs à ceux des Pharaons. Si l’on rapproche ces autorités, du celle même de la description dont


on a fait un léger extrait, et où l’on voit que l’exécution des temples de Tentyris se recommande par une perfection, un soin et une conservation de détails qu’on ne trouve pas ailleurs au même degré, on sera très-porté à croire que pendant cinq ou six siècles d’une domination étrangère, beaucoup d’édifices et de temples ont dû être ou rétablis, ou faits à neuf, tout en conservant les erremens de l’architecture égyptienne. Le planisphère de Dendera a fourni encore une preuve nouvelle que ces constructions ont dû être d’une époque très-postérieure. Le seul goût de décoration symétrique et d’ajustement très-agréable de ses accessoires, goût dont on ne sauroit citer, jusqu’à présent, aucun autre exemple en Egypte, le genre de sa sculpture qui indique un autre style, que celui des figures hiéroglyphiques habituelles, tout donne à penser qu’il faut porter dans l’histoire de l’art et des monumens de ce pays, un esprit de critique qui ne pouvoit se développer, qu avec le secours des voyageurs qui ont eu le loisir d’explorer, ce qu’avant eux on n’avoit fait qu’entrevoir.

TERME, s. m. Ce mot est dérivé du latin terminus, qui vient du grec τερμα, lesquels signifient également, dans ces deux langues, fin, but, borne, extrémité d’un lieu, et qui ont reçu depuis plus d’une application détournée de leur signification matérielle.

Le mot terme est le nom qu’on donne en sculpture et dans la décoration édifices, à certaines figures dont la forme a perpétué l’idée de l’objet qui leur donna naissance.

Le terme en effet fut d’abord une simple borne, une pierre carrée, ou une souche, qui marquoit l’extrémité des héritages, et les limites de chaque propriété. De là naquit à Rome, et dès les premiers temps de sa fondation, l’espèce de culte rendu à ce signe protecteur. Il devint sacré, et bientôt l’instinct de la reconnoissance en fit un dieu. Sans doute ce sentiment étoit déjà parvenu à lui donner une forme humaine, comme à toutes les autres créations de l’esprit, qui dans le paganisme revêtirent des corps. Une tète fut placée sur ces pierres gardiennes des champs ; et Numa, pour inspirer de plus en plus le respect des propriétés, déifia cette sorte d’effigie, en lui élevant un petit temple sur la roche Tarpeïenne. Le dieu Terme continua donc, pour être fidèle à l’idée primitive de sa fonction, d’être représenté sous la forme d’une borne, ou d’une pierre carrée, surmontée d’une tête, et sans bras ni pieds, comme pour exprimer qu’il ne pouvoit changer de place ; car l’immobilité étoit son principal attribut, et l’art n’auroit pu se permettre d’en altérer le caractère.

Il est arrivé à ce symbole figuratif, comme à beaucoup d’autres, de se perpétuer dans les compositions des arts et de l’architecture, après