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amitié, André del Sarto et Sansovino. Naturellement il se fit entr’eux un utile échange de talens. L’étude du dessin, à laquelle ils se livrèrent de concert, mit dans leurs productions une telle conformité de manière, que leurs ouvrages, à la différence près de la matière, sembloient être d’une seule main. Au nombre de ceux qui dessinèrent d’après le célèbre carton de Michel Ange, nous trouvons cités conjointement, André del. Sarto et Sansovino.

On seroit du ce dernier une seconde histoire, aussi intéressante, aussi nombreuse en ouvrages remarquables, si l’on avoit à l’envisager, comme sculpteur du premier ordre qu’il sut, avant que l’architecture, qui d’abord le partagea, se fût tout-à-fait emparée de lui. La seule nomenclature de ses travaux de sculpture est si étendue, que nous serions aussi en peine d’en donner ici la totalité, qu’embarrasses de choisir ceux qui mériteroient une préférence. C’est pourquoi nous renvoyons à Ja vie de cet artiste par Vasari, et surtout par Temanza, ceux qui voudront le connoître sous les deux rapports de sculpture et d’architecture.

Nous avons en plus d’une occasion de remarquer, que cette communauté pratique de travaux, qui régna si long-temps entre tous les arts, eut son principe dans l’exercice du dessin, école première, et véritablement indispensable de toutes les opérations, qui ont pour objet l’imitation. La grande pratique du dessin qui avoit tant contribué aux progrès de Sansovino, comme sculpteur, avoit dû lui communiquer aussi le goût, et l’initier aux secrets de l’architecture.

Ce goût ne put qu’augmenter, par la liaison que le hasard fit naître, entre lui, et Julien de San Gallo, architecte de Jules II, qui se trouvoit alors à Florence, et qui l’emmena avec lui à Rome, où Bramante, dont il devint l’ami, lui donna de nombreuses occasions de connoître et d’étudier l’antique, et de se livrer à des travaux de tout genre. L’excès du travail, joint à l’excès du plaisir, lui occasionna une maladie, qui le força de regagner Florence, où l’air natal lui rendit bentôt la santé.

L’entrée du pape Léon X dans celte ville, en 15l5, devint pour les artistes, le sujet d’une multitude de travaux de décoration, auxquels tous les arts s’empressèrent de contribuer. Sansovino dut à cet événement, de débuter dans la carrière de l’architecture. Il fut chargé de faire des dessins d’arcs triomphaux, mais il se distingua surtout par une entreprise décorative plus importante, qu’il partagea avec André del Sarto, je veux dire la façade temporaire de Sainte-Marie-des-Fleurs, qu’on exécuta en bois. L’idée en fut grande, et bien conçue. Sur un vaste soubassement, il éleva plusieurs rangs de colonnes corinthiennes deux par deux. Les intervalles étoient occupés par des niches avec les statues des Apôtres. L’ensemble présentoit un grand nombre de


bas-reliefs, avec tous les ornemens ou détails d’architecture, et disposés aveu le goût et la richesse, qu’un habile architecte sait appliquer aux plus magnifiques édifices. Le Pape ne put s’empêcher dé dire, que si le monument eût dû être sait en marbre, il n’y auroit eu rien à y changer. Sansovino exerça de nouveau son talent, dans un autre projet de façade, pour l’église de Saint-Laurent, que Léon X avoit a cœur de voir exécuté. Mais il eut ici Michel Ange pour concurrent, et Michel Ange avoit la faveur du Pape. Les deux rivaux se retrouvèrent à Rome. Le projet de façade, comme on sait, n’eut point lieu. Michel Ange perdoit son temps, en cherchant à exploiter des marbres, et Sansovino se fixa pendant quelques années à Rome, où il fit plusieurs statues et se fortifia dans l’architecture, par des travaux qui commencèrent sa réputation.

De ce nombre furent les dessins et modèles de l’église de Saint-Marcel, des frères Servites. L’ouvrage entrepris n’eut pas de suite.

Citons encore pour être des premiers essais de son talent, la belle loggia, qu’il fit hors de la Porta del popolo, sur la voie Flaminienne, pour Marc Cascia ; les commencemens de construction de la villa du cardinal dé Monté, sur l’acqua Vergine ; une maison d’une heureuse distribution, pour Messer Luigi Leoni, et à Rome, dans la rue dé Banchi, un palais pour la famille de Goddi, aussi noble, que bien disposé dans son intérieur.

Les diverses nations catholiques avoient déjà construit à Rome, ou étoient en train d’y construire des églises nationales. La nation florentine avoit formé le projet, non-seulement de rivaliser avec les autres puissances, mais de les surpasser en magnificence.

On se doute bien que Léon X, Florentin lui même, ne pouvait que seconder cette pieuse entreprise. Les plus célèbres de cette époque, entr’autres Antoine San Gallo, Raphael, Balthazar Peruzzi, présentèrent des projets. Le Pape préféra celui de Sansovino, qui mit bientôt la main à l’œuvre.

Borné par l’alignement de la strada Giulia, sur laquelle le monument devoit s’élever, et par le Tibre qui coule sort près de l’espace affecté à l’église, Sansovino, pour lui donner plus d’étendue, imagina d’empiéter sur le fleuve, et de fonder une partie de sa construction dans l’eau, surcroît en même temps de travail et de dépense, et surtout de difficulté. Selon Vasari, les frais de ces fondations auraient payé la moitié de la construction des murs de l’église. Il paroît que Sansovino s’étoit engagé là, dans un projet dont il avoit mal prévu les obstacles. Une chute qu’il fit, en surveillant les travaux, vint, à ce que l’on croit, sort à propos le tirer d’embarras. Le soin de sa santé lui prescrivit encore une sois de retourner à Florence, et Antoine San Gallo, qui le suppléa