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plus heureuse alliance des ressources des deux arts.

Les Anciens employèrent, non pas seulement ce qu’on appelle généralement des peintures, mais ce qu’ils nommoient tabulas, et ce que nous entendons aussi spécialement, par le mot tableau, dans des édifices publics, tels que portiques et temples.

Les portiques auxquels on donna, plus d’une fois, le nomade pœcile, à cause de la diversité des ornemens de peinture qu’on y avoit multipliés, dûrent être remplis de tableaux sur bois, s’il est vrai que celui d’Athènes, par exemple, avoit été peint par Polygnote, peintre à l’encaustique, genre de peindre qui ne pouvoit guère avoir lieu sur mur. Beaucoup de villes eurent de ces portiques. Il y en avoit un à Sparte. Dans le bois sacré de l’Altis, à Olympie, on en admiroit un, semblable à celui d’Athènes, et auquel on donnoit le même nom de pœcile. Les lesché furent des édifices du même genre, et celui de Delphes devint le plus célèbre de tous, par les peintures dont Pausanias, lib. 10, nous a laissé une ample description.

Nous ne rapporterons pas ici toutes les mentions de peintures dans les temples des Anciens ; nous nous bornerons au contraire à citer l’exemple d’un seul, qui étoît orné de tableaux réellement portatifs et sur bois (tabulœ), et qui, d’après l’idée que Cicéron, qui l’avoit vu, nous en donne, auroit ressemblé à une galerie de tableaux. Il s’agit du temple de Minerve dans le quartier d’Ortygie à Syracuse, et dont il subsiste encore des restes fort remarquables. (Voyez SYRACUSE.) Ce temple, dit Cicéron, étoit une des plus grandes curiosités de la ville. Nihil Syracusis quod magis visendum putant. Sur les murs intérieurs de la cella étoit représenté en tableaux le combat équestre d’Agathocle. Pugna crat equestris Agathoclis régis in tabulis picta. His autem tabulis interiores templi parietes vestiebantur. Cicéron ajoute que Verrès enleva encore de ce temple vingt-sept tableaux représentant les rois et les tyrans de la Sicile. In quibus erant imagines Siciliœ regum ac tyrannorum.

La peinture en tableaux mobiles s’est trouvée appliquée de même, dans les temps modernes, à des édifices qui, sous d’autres noms, et avec des destinations fort diverses, peuvent être assimilés aux portiques ornés de tableaux chez les Anciens. On peut en effet considérer, sous le même aspect, ce grand nombre de cloîtres en portiques, qui firent la gloire des bâtimens religieux qu’on appellemonastères. L’Italie en compte encore beaucoup que le pinceau des plus habiles maîtres a illustrés, et tel étoit, pour ne pas prendre d’exemple hors de Paris, le cloître des Chartreux, dont les tableauxpeints par Lesueur représentoient la vie du fondateur de cet Ordre. Ces tableaux pouvoient s’appeler, comme ceux des Anciens, ta-


bulœ, puisqu’ils étoient sur bois. Remis depuis sur toile, et placés sans former, comme jadis, une suite, dans le cabinet de tableaux du Luxembourg, ils peuvent encore, outre leurs autres mérites, rappeler l’intérêt qu’une semblable disposition des ouvrages de l’art doit inspirer, quand elle est appropriée au caractère de l’édifice.

C’est pourquoi nous croyons qu’il importe au succès même de la peinture, et à l’effet des tableaux dans nos églises, de les y placer de manière qu’ils entrent dans les combinaisons même de l’architecture et de sa décoration. On a eu, et l’on a encore trop d’exemples de tableaux auxquels le hasard ou le caprice semblent avoir assigné des emplacemens, qui en font ou de véritables hors-d’œuvre, ou des disparates, aux lieux qu’ils occupent. Tantôt ils masquent ou obstruent les pleins ou les vides de l’édifice, sans raison plausible, tantôt dispersés sans ordre ni symétrie, presque toujours ils manquent entr’eux de cette liaison dans leurs sujets, qui motiveroit leur rapprochement.

On pourroit citer aussi quelques exemples de tableaux qu’une disposition primitive de l’architecte ou du décorateur, a appelés à figurer dans un bel emplacement, ou à se servir de pendant ; et c’est là qu’on peut se convaincre de l’intérêt que le local en reçoit, et qu’ils reçoivent eux-mêmes du local : car nous convenons que la chose peut être ici réciproque. Hors les retables des chapelles, qui présentent à volonté des emplacemens que l’architecture suppose aisément être des vides, ou ne sauroit, sans nuire à l’effet de l’architecture, regarder comme indifférente la place qu’occuperont les tableaux. C’est pourquoi nous pensons qu’ils ne sont bien placés dans nos temples qu’autant qu’ils le sont d’après une disposition décorative, qui les mette en rapport, comme ute autre espèce d’ornement, avec l’ensemble et les détails, avec le caractère propre de l’ordonnance générale, et le goût de l’édifice.

TABLEAU DE BAIE. On donne ce nom, dans la baie d’une porte ou d’une fenêtre, à la partie de l’épaisseur du mur qui paroît au dehors, depuis la feuillure, et qui est ordinairement d’équerre avec le parement.

On nomme aussi tableaux, le côté d’un piédroit, ou d’un jambage d’arcade, sons fermeture.

TABLETTE, s. f. C’est un diminutif du mot table, ce dernier mot entendu, non dans l’acception usuelle de l’emploi qu’on fait du meuble ainsi appelé, mais comme signifiant, dans le sens premier du mottabula, une planche de bois.

Ce mot exprima généralement, chez les Romains, tout ce qui, dans l’origine, servit à peindre et à écrire. De là les tables des lois, qui furent probablement en bois, avant d’avoir été faites en pierre ou en bronze. Mais le bois débité en