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nerie et l’on donne le nom de table de crépi, à un panneau crépi, entouré de naissances badigeonnées, aux murs de face les plus simples. Dans les constructions plus soignées, on les entoure de piédroits, de montans, de pilastres ou de bordures en pierre.

On dit table en saillie, de celle qui excède le nû du parement d’un mur, d’un piédestal ou de toute autre partie qu’elle décore, comme on appelle table renfoncée, celle qui entre dans le dé d’un piédestal, et qui est ordinairement entourée d’une moulure, en manière de ravalement.

On donne à une table qu’on pique, le nom de rustique, parce qu’on y fait celle façon, pour l’assortir au goût qu’on appelle aussi du même nom, et qu’on emploie dans les constructions en bossages, ou dans certains édifices, tels que fontaines, grottes, et autres fabriques, dont on orne les jardins.

TABLEAU vient, comme le mot précédent, de tabula, planche, parce que les peintures mobiles et portatives, chez les Anciens, furent originairement exécutées et continuèrent en général de l’être, sur des fonds de bois, tabulœ. L’on discernoit par ce mot, les espèces de peintures, auxquelles nous donnons aussi spécialement le nom de tableau. Le mot générique de peinture se donne bien, à la vérité, aussi aux ouvrages portatifs et mobiles, sur bois, sur toile, sur cuivre, ou toute autre matière qui les rend transportables, mais on ne donne pas réciproquement le nom de tableau, aux ouvrages adhérens aux enduits des murailles, et qui se font soit à détrempe, soit à fresque, soit à l’huile.

Le mot tableau, ainsi entendu, comme objet d’ornement, et qui peut être en rapport avec l’architecture, nous indique donc ce à quoi nous devons, dans ce Dictionnaire, restreindre les notions qu’il comporte, et nous serons à son égard, ce que nous avons déjà observé de faire, à l’égard du mot peinture (voyez ce mot), dont nous avons réduit les notions théoriques, uniquement à l’emploi, ou à l’abus qu’on en peut faire dans les monumens de l’art de bâtir.

Ici, en ne considérant le tableau, selon le sens ordinaire de ce mot, que comme pouvant être un objet d’agrément et d’embellissement dans les intérieurs des édifices, à plus forte raison devrons-nous borner à un très-petit nombre de points, les observations que ce sujet comporte.

Il semble d’abord fort inutile de dire, qu’on admet dis tableaux dans les appartenons, parce qu’à moins d’entendre le mot appartement, comme constituant l’intérieur des grands palais tributaires de l’architecture, il n’y a rien à prescrire pour les convenances des habitations ordinaires. Le tableau, dans celles-ci, n’est qu’un objet mobile à volonté, et auquel le goût du proprié-


taire ne sauroit imposer d’autre condition, que celles d’un jour favorable, et d’une proportion qui soit en rapport avec son local.

Les tableaux constituent générale meut un genre de luxe et d’embellissement, qui ne semble convenable qu’aux palais, ou aux demeures spacieuses des gens riches.

Ils peuvent donc y trouver place de deux manières, soit comme collection d’ouvrages d’art, soit comme décoration subordonnée à une disposition régulière. Dans le premier cas, on donne à ces collections le nom de cabinets de tableaux (voyez ces mots), et là, comme il a été dit à cet article, plus d’une sorte de sujétion s’oppose à un arrangement, dans lequel il soit permis à l’architecture d’intervenir. Sous le second rapport, des tableaux peuvent faire, et dans la réalité, constituent un des principaux mérites d’une galerie. (Voyez ce mot.) On appellera donc galerie de tableaux, non pas celle qui sera décorée par la peinture décorative d’ornemens adhérens aux murs, mais celle, dont les superficies verticales recevront une suite de tableaux uniformes, et qui, au lieu d’être sans rapport de sujet et de mesure entr’eux, seront liés à un motif général de décoration, dont ils feront partie. Telle étoit autrefois la galerie en tableaux du palais du Luxembourg, dont la suite, due au pinceau de Rubens, représentoit l’histoire de Marie de Médicis. Or, rien ne peut faire mieux comprendre la différence qui existe entre un cabinet de tableaux, et une galerie en tableaux, que ce qui est arrivé à celle de Rubens. Les changemens survenus dans le palais du Luxembourg, ayant porté à pratiquer un vaste escalier, dans l’aile occupée par la galerie, les tableaux ont été enlevés du local où ils saisoient une décoration régulière, et ont été reportés dans l’autre aile, qui contient aujourd’hui un grand cabinet, ou, si l’on veut, une collection de tableaux mobiles et suspendus, dont ceux de l’ancienne galerie font partie.

On ne sauroit trop désirer, pour le succès de la peinture, que l’architecture ait de plus nombreuses occasions d’employer les tableaux, comme partie nécessaire et principale de la décoration des galeries. Rien ne s’allie mieux avec la distribution régulière des ordonnances de colonnes ou de pastres, et de tous les accessoires de l’ornement, que les espaces égaux et symétriques d’une série de tableaux, qui, coordonnés par l’architecte, avec les formes, les pleins et les vides de sa composition, doivent se subordonner au dessin général, et concourir à l’harmonie du tout ensemble. Nous pouvons citer un exemple assez récent de cet heureux accord des deux arts, dans la nouvelle sacristie de Saint-Denis, où une suite de tableaux exécutés par divers artistes, représente les traits de l’histoire de Saint-Louis. On imagineroit difficilement un plus agréable motif de décoration, pour une galerie de tableaux, et une