Page:Encyclopédie méthodique - Architecture, T3.djvu/434

Cette page n’a pas encore été corrigée
426 TAB TAB


TABLE, s. f. Ce mot vient du latin tabula, qui signifie généralement un corps plane, tel qu’une planche, dont la surface de formes différentes, a plus ou moins d’étendue et peu d’épaisseur. On applique ce mot à un grand nombre d’objets, mais le plus fréquemment à exprimer le meuble le plus usuel peut-être, de tous ceux qui entrent dans les besoins de la vie et dans les usages de la société.

Il ne sauroit appartenir à ce Dictionnaire, ni de traiter en détail de tous les emplois de la TABLE, considérée comme meuble, ni d’énumérer toutes les dénominations que le langage ordinaire lui affecte, selon toutes les diversités de matière, de forme, et d’usage, qu’il comporte.

N’ayant à considérer ici la table, que dans son rapport avec l’art de l’ornement, qui fait partie de l’architecture, nous nous contenterons de faire connoître les principales manières d’orner les tables, que le goût des Anciens et des Modernes a imaginées, scion leur matière, leur forme, leur étendue, leurs emplois, etc. , et nous dirons ensuite quelles sont les acceptions de ce mot, lorsqu’il s’applique, non plus à signifier un meuble, mais à exprimer, dans la construction et la décoration des édifices, certaines surfaces qui en font partie, et auxquelles on donne différentes destinations.

L’élément du meuble appelé table, est une planche le plus souvent de bois, qui porte sur un ou plusieurs pieds.

Bientôt il dut arriver à la table, d’éprouver ce que la richesse, et le luxe qui s’ensuit, produisent nécessairement dans tous les objets usuels, c’est-à-dire d’être transformée aussi en objet de plaisir et de vanité. D’abord ce fut à la matière même qu’un goût plus raffiné demanda le mérite ou de la variété ou de la rareté, et par conséquent de la cherté. De l’emploi des bois les plus communs, et grossièrement travaillés, on passa à la recherche des bois plus rares et susceptibles d’un beau poli. Nous voyons les Romains payer un prix excessif, des tables de bois étrangers, des morceaux taillés dans certaines racines, ou excressences d’arbres, qui fournnisoient des veines ou des configurations curieuses. On fit des tables de marbre, on en fit en incrustations de pièces rapportées. On mit les métaux précieux à contribution. Enfin, comme la rareté fait toujours, pour le luxe, une partie de la beauté, on imagina d’emprunter aux anciens enduits de murailles, des dalles de stuc pour les convertir en tables.

La forme des tables tient à la configuration de leur plateau, et à celle de leurs pieds ou de leurs supports. Il y a tant de besoins divers auxquels l’emploi de la table doit être subordonné, que nous nous bornerons, pour ne pas sortir des limites que nous nous sommes données, à ne parler que des trois formes les plus communes, savoir, la


forme circulaire, la forme quadrangulaire, et la polygone.

La forme de table circulaire comporte souvent, en petit surtout, un seul pied ou support. C’est ce que les Romains appeloient monopodium. On nommoit tripos la table à trois pieds, et on affecte encore avec beaucoup de convenance cette disposition aux tables circulaires d’une très-grande étendue. La table carrée ou en carré long exige quatre pieds, si les supports eu sont isolés.

Cependant il y a aussi une manière de ne donner que deux supports à une table quadrangulaire, et on en use ainsi nécessairement, si son plateau est d’une assez grande portée, surtout s’il est de marbre ou de toute autre matière fort épaisse. On lui donne alors pour pied à chacun de ses petits côtés, un support massif lui-même, et qui a pour largeur, celle de la table. L’on voit plusieurs de ces tablesantiques à Rome, dont le trapézophore ou porte-table est ainsi établi, de manière à fournir un appui des plus solides, et susceptible en même temps d’une très-riche décoration.

Enfin, si une table est polygone, c’est-à-dire à plusieurs pans coupés, ou si elle est d’une très-grande longueur, ou multipliera ses pieds au gré de la solidité, qui est une des premières conditions en ce genre, comme partout ailleurs.

C’est surtout par la diversité de leurs supports, ou de leurs pieds, que les tables ont reçu jadis, et reçoivent encore aujourd’hui, la plus grande richesse d’ornemens. L’antiquité a épuisé toutes les idées dans cette partie du luxe décoratif, et les Modernes n’ont pu mieux faire, que de les répéter. Aussi presque toutes les configurations que les Anciens empruntèrent, soit aux êtres naturels, soit aux animaux symboliques, ont-elles passé dans l’ajustement des meubles des Modernes. Voy. PIED, TRÉPIED.

Nous n’alongerons point cet article de la description de tous les accessoires que le goût peut diversifier à l’infini, dans les supports des tables. Nous préférerons de faire connoître ici la destination de certaines tables antiques, qui, liées à des usages religieux et politiques dans l’antiquité, s’étoient approprié un genre de luxe, propre à en faire des monumens d’art très-remarquables. Nous allons extraire quelques détails sur cet objet de notre ouvrage intitulé le Jupiter Olympien.

Au nombre des travaux qui dûrent exercer le plus l’art de la toreutique, il faut mettre les trapèzes ou tables, de quelque genre qu’elles fussent. On les distinguoit naturellement en deux grandes classes. Il y avoit les tables qui servoient aux usages civils et domestiques, et il y avoit celles que l’on consacroit aux dieux et aux cérémonies religieuses. Les tables et les trépieds offrirent au génie de l’ornement une multitude de sujets de composition. Mais rien ne fut plus multiplié que ces objets considérés comme votifs ou religieux. Le trépied placé devant les statues, ou en avant