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d’autres villes antiques, on fit servir plus ou moins anciennement tout ou partie des excavations de ces carrières à l’usage des sépultures. On y voit encore aujourd’hui les traces de cette pratique. Les latomies devinrent aussi des catacombes, et nous renvoyons le lecteur, pour plus de détails, à ce mot. Voyez CATACOMBES.

SYSTÈME, s. m. Ce mot est formé de deux termes grecs, la préposition sun et le verbe istèmi, qui, rapprochés, signifient ce qu’on exprime par ensemble, composition.

Un système, en quelque genre que ce soit, est un assemblage de plusieurs choses formant un tout. Il n’est point du ressort de ce Dictionnaire, de parcourir les applications diverses de ce mot, ni d’entrer dans les divers sens qu’il comporte, ni de traiter du bon ou du mauvais emploi de ce qu’on appelle, sous plus d’un rapport, l’esprit de système.

Nous bornant ici à expliquer dans quel sens on emploie le mot système en architecture, nous dirons qu’on en use ordinairement pour désigner la théorie du principe originaire d’où cet art est né, des causes premières qui lui ont imprimé son caractère spécial, des conditions qui lui sont imposées pour satisfaire à l’unité de son principe.

Ce que nous appelons système, en architecture, est antérieur aux règles. Les règles n’ont fait que déterminer pour l’artiste, les meilleurs moyens d’être fidèle aux types originaires qui constituent lesystème de l’art. Voyez l’article ARCHITECTURE.

Pour mieux faire comprendre ce que nous entendons par système, en architecture, il nous faut revenir sur quelques notions. Bien que nous n’admettions comme véritablement art, que l’architecture grecque, nous n’avons pas laissé cependant de reconnoître d’autres modes de bâtir, chez d’autres peuples et dans d’autres temps, modes qui, provenus de causes différentes, et d’élémens originaires distincts ; ont trouvé à se répandre et à se perpétuer en quelques contrées. Nous avons fait voir aussi, comment l’architecture n’ayant aucun modèle positif à imiter dans la nature, ne pouvoit tenir ce qui y supplée, que de certaines causes, de certains besoins donnés par la nature, à la vérité, mais qui, variables et divers selon les lieux, et les climats, devoient en recevoir aussi des moyens d’imitation différens : Que de ces causes locales avoient dû résulter effectivement des systèmes locaux de construction, d’ordre, d’embellissement : Qu’entre ces systèmes il y en avoit eu un plus fécond que tous les autres, plus susceptible de réunir les principes divers d’unité et de variété, de solidité et d’agrément, d’offrir l’heureuse combinaison du besoin et du plaisir, c’est-à-dire de ce qui peut à la fois satisfaire la raison, les sens et l’imagination : Et voilà ce qui nous a paru consti-


tuer la supériorité du système de l’architecture grecque, sur les systèmes des autres architectures.

Il résulte de là, que l’idée de système est applicable à plus une sorte d’architecture, et que chacune peut avoir le sien. Mais il ne s’ensuit pas, que tout système, bien qu’inspiré par les diverses causes qu’on peut appeler physiques et matérielles, soit également beau, et qu’il n’y en ait pas de préférable. Quand la nature elle-même auroit en divers pays, produit des édifices, ou des formes de bâtimens différens entr’eux, comme le sont, par exemple, les espèces soit d’animaux, soit de plantes, productions réelles et immédiates de sa volonté ou de sa puissance, il u’en faudroit pas conclure, que pour être l’ouvrage même de la nature, ces modes ou systèmes de bâtir auroient un égal mérite, qu’il ne devroit pas y avoir de supériité entre eux, et qu’il seroit interdit à l’intelligence, à la raison, au goût, de reconnoître la prééminence de l’un sur l’autre. Ce que l’on fait à l’égard de toutes les productions de la nature, à l’égard de tous les êtres crées, à plus forte raison peut-on le faire, à l’égard d’ouvrages qui ne sont que des conséquences indirectes des causes naturelles.

C’est pourquoi ayant développé à leurs différens articles, quelles nous ont paru être les causes naturelles, qui ont exercé une action plus ou moins nécessaire sur ce qu’on appelle les systèmes divers d’architecture, chez tous les peuples connus, il nous a semblé que le système grec étoit de tous, celui qui éloit le plus système, en tant qu’il est l’assemblage le plus complet des élémens qui peuvent former un tout, où chaque partie trouve une raison nécessaire, subordonnée à la raison nécessaire de l’ensemble, où chaque chose explique sa manière d’être, où chaque détail est à la fois conséquence et principe d’un autre détail, où enfin on ne sauroit rien ajouter, sans faire du superflu, d’où l’on ne sauroit rien enlever sans tout détruire. Or, il me semble que ce pourroit être là une définition assez satisfaisante du mot système.

SYSTYLE. Vitruve distingue dans l’architecture grecque cinq espèces de temples, par la différence de leurs entre-colonnemens. Cette méthode ne paroît pas reposer sur des faits bien positifs, ni sur des principes bien clairs. Il se pourroit que le mot species, qu’il emploie, ne signifia point ce que, méthodiquement parlant, nous entendons par espèce. Peut-être ce mot ne veut-il dire que manière, forme, apparence. Quoi qu’il en soit, le nom de systylos, composé de et de exprimant un rapprochement des colonnes, se donnoit dans les temples, à ceux où les colonnes moins serrées que dans le pinocstylos, l’étoient plus que dans le diastylos, et surtout que dans l’aréostylos.