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le temple avoit été consacré. Toute recherche à cet égard seroit superflue.

Quand on songe à la haute antiquité et à la célébrité de cette ville, on ne sauroit croire qu’elle n’ait eu qu’un aussi modique temple. Les villes nouvelles, qui, dans le cours des siècles, se sont succédées sur le même sol, auront accéléré la destruction de l’antique Syène. (Extrait de la description de l’Egypte, tom. I. )

SYMÉTRIE, s. f. , est, en français, le mot latin symetria, qui est lui-même le mot grec συνμετρια, dont la composition nous donne son explication. Or, ce mot grec se compose de l’adverbe συν, avec, et deμετρον, mesure. Ainsi la notion très-claire qu’il renferme, est celle, ou de ce qui est fait avec mesure, ou d’une mesure en rapport avec une autre. L’adverbe avec exprime nécessairement, ou un emploi, ou une corrélation de mesure.

Comme il y a très-certainement dans le mot grec que répète littéralement le mot symetria, une idée de rapport, les Latins l’ont ainsi traduit dans la langue de l’architecture, par le mot proportio, proportion, mot devenu, en français, général pour exprimer, non un simple rapport de parité ou d’identité entre deux mesures, entre deux objets, mais cet ensemble de rapports qui établit un système de corrélation plus abstraite, au moyen duquel, par une portion d’un tout, on peut connoître la dimension de ce tout, et par le tout juger de la dimension de chacune de ses portions.

Le mot proportion ayant, pour exprimer ce système général de corrélation, prévalu en français, sur le mot symétrie, ce dernier mot s’est trouvé, selon le langage ordinaire, borné à ne signifier guère autre chose, que le rapport de conformité exacte entre deux mesures, deux corps de bâtimens, deux objets quelconques.

Nous réserverons toutefois pour la fin de cet article, le peu de notions que sa théorie comporte sous cette dernière signification.

A prendre le mot symétrie, dans la sens plus étendu que Vitruve lui donne, en tant qu’il signifie proportion, nous croyons d’autant plus utile de nous y arrêter ici, que nous trouverons l’occasion de donner au sens d’un autre mot, que Vitruve met en parallèle avec symetria, un développement que nous avons omis, à l’article qui lui a déjà été consacré. Ce mot est eurythmia, eurythmie, dont on use souvent, sans peut-être se faire une idée exacte de sa signification.

Au mot EURYTHMIE nous nous sommes contentés de rapporter le passage fort concis de Vitruve, sur cette qualité de l’architecture, et nous avons renvoyé au mot SYMÉTRIE, pour la distinction de ces deux notions et le développement de leur théorie. C’est ce développement que nous allons essayer de donner ici, en faisant servir la comparaison des deux idées d’eurythmie et de symétrie,


et celle de chacune de leurs étymologies, à commenter le passage de Vitruve. Fixons donc, autant qu’il sera possible, un genre de notions, sur lequel l’équivoque du langage, et la disette d’autorités dans les textes anciens, a laissé une obscué que nous ne nous flattons pas toutefois de dissiper entièrement ; tant il est facile que certains mots de goût, que le sentiment s’explique, résistent à l’analyse rationnelle !

Des deux mots dont je me propose de discuter ici le sens et les emplois, l’un, symetria, symétrie, outre l’évidence étymologique de sa composition, se présente chez lis écrivains, si fréquemment, et si clairement affecté à une notion déterminée, qu’on ne sauroit bésiter sur sa signification. Mais l’autre eurythmia, eurythmie, ne se trouvant employé que deux seules fois, et par Vitruve tout seul (lib. 1 c. 2. lib. 6. c. 2. ), pour exprimer une des qualités de l’architecture, et l’explication qu’il en donne, étant ; faute d’exemples et d’applications sensibles, restée vague et abstraite, il devient nécessaire d’interroger ce que doit être son acception simple, et de chercher dans la composition du mot, d’abord ce qu’il ne peut pas exprimer, ensuite ce qu’il paroît devoir exprimer.

Ce mot, par lequel Vitruve prétend faire connoître une des qualités, ou, si l’on veut, une des beautés de l’architecture, se composant de l’adverbe ευ, bon ou beau, et du substantif ρυθμος, rythme, ou sauroit signifier autre chose, que beau rythme ou beauté de rythme. Nous avons donné plus haut l’étymologie du mot symetria. Pour se faire une idée un peu claire de la différence des deux qualités ex primées par symétrie et par eurythmie, ne conviendroit-il pas d’en chercher la distinction dans les mots mètre et rythme, qui en sont les élémens ?

Rien de plus commun, on en convient, que la confusion qui a lieu de la part de ceux qui se servent de ces deux mots dans le discours ordinaire. Cette confusion, ou doit le dire avant tout, résulte assez naturellement d’une certaine ressemblance ou proximité d’idée entr’eux, ainsi qu’on le verra. A l’égard de l’architecture, l’équivoque est encore plus facile, parce que le mot rythme, appartenant spécialement à la musique et à la prosodie, il n’a pu être appliqué aux qualités ou aux effets de l’architecture, qu’à raison d’une espèce d’analogie, en sorte que dans cet art, l’idée de rythme, transportée de la région des sons à celle des formes, n’a pu être qu’une métonymie, une espèce de métaphore.

Il s’agit donc de se rendre compte du sens propre et élémentaire du mot mètre, qui a formé symétrie, et du mot rythme, d’où vient eurythmie.

Or, on sait que mètre, metron en grec, signifie mesure, et que rythme, en grec ruthmos, signifie nombre.