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c’est ce besoin qui doit faire la loi. L’architecture n’a pas, comme les autres arts, le privilège de travailler uniquement pour le plaisir. Toutefois, comme la chose a été développée ailleurs (voyez ARCHITECTURE), cet art a le secret, plus peut-être qu’aucun autre, de produire un plaisir qui lui est propre, c’est de faire sortir très-souvent la beauté que nous cherchons, du besoin que nous exigeons, et de nous plaire ainsi par le côté même qui sembloit devoir s’opposer au plaisir. Là est aussi le talent de l’architecte, et la difficulté d’une sujétion impérieuse deviendra quelquefois, sous la main de l’artiste ingénieux, le principe d’une beauté inattendue.

SUNIUM. Ancien bourg de l’Attique, situé sur le promontoire du même nom, où il s’est conservé des restes fort précieux d’antiquité, dont le recueil des Unedited antiquities nous a donné de fidèles détails, sur lesquels on n’avoit auparavant que de vagues notions, dans le voyage de Spon et Wheler.

Deux monumens principaux qui, par la pureté de leur style et de leur exécution, semblent devoir appartenir au meilleur temps de l’architecture, se recommandent à l’attention des artistes, comme des historiens de l’art.

Le premier est celui auquel on donne le nom de propylées. Il paroît que Sunium, comme Eleusis et Athénes, avoit son principal temple élevé sur une hauteur qui auroit été la citadelle de cette ville, et que cette citadelle auroit eu aussi, comme celles des deux villes qu’on vient de citer, une entrée décorée par l’architecture. Cependant les propylées de Sunium ont et moins de grandeur et un plan beaucoup plus simple.

Cet édifice en plan, tel que les dessins du recueil cité nous le présentent, se borne à un carré long-qui n’a pas toutefois en longueur le double de sa largeur. Il se compose de deux murs dans sa longueur, qui offrent deux restes de mur en retour de chaque côté de l’entrée principale. Du reste, on ne sauroit mieux comparer le tout ensemble qu’à ce que Vitruve a appelé le temple in antis. En effect, chacun des deux murs formant le corps de l’édifice, se termine à extrémité par une ante ou pilastre, qui se reploie, pour se raccorder aux deux colonnes, à quoi se borne son péristyle, qui, tel qu’il est, formeroit dans les grands temples périptères, ce qu’où nomme pronaos. Même plan, même disposition pour la partie postérieure. Le dessinateur de ce reste d’antiquité a complété cette façade, en rachevant au-dessus de l’architrave, le couronnement par un fronton et par une frise dorique ornée de triglyphes, dont les gouttes se sont conservées sur l’architrave. Rien de plus probable que cette restitution.

Du reste, l’ordre dorique de cet édifice nous paroît être fort semblable à celui du temple de Minerve à Athènes. Même l’orme, même galbe,


même proportion, en sorte que si l’on jugeoit de l’âge des monumens doriques, par l’alongement de la proportion de leurs colonnes, on devroit déclarer l’architecture dorique de Sunium, comme tout-à-fait contemporaine de celle du Parthenon. Ses colonnes ont également cinq diamètres de hauteur, avec une fraction en plus pour le chapiteau, et elles n’ont aussi qu’une assez modique diminution.

Il s’est conservé à Sunium des restes plus considérables d’un monument aussi plus important, d’un temple qui paroît avoir encore, comme à Altènes, couronné l’acropole de la ville. Ce temple avoit été vu et assez bien examiné par Wheler, qui, dans son voyage, fait mention des quatorze colonnes auxquelles il étoit alors réduit. C’est encore de quatorze colonnes que se compose la ruine de ce temple, dans les dessins de l’ouvrage que l’on a cité plus baut.

Il subsiste du péripteron de ce temple une file de neuf colonnes d’un côté, et seulement trois de l’autre, avec les deux colonnes du pronaos qui a conservé une de ses antes. Rien ne seroit plus facile, d’après ces données, que d’en rachever l’ensemble, tant étoit uniforme la disposition des temples grecs. Aussi peut-on assurer que celui-ci devoit avoir six colonnes dans ses fronts, et treize dans ses ailes, en y comptant les colonnes d’angle. Les frontons et les parties supérieures de l’entablement sont détruites, mais l’architrave subsiste encore, avec les gouttes qui indiquent les triglyphes. L’ordre dorique sans base de ce monument paroît être absolument le même que celui du Parthenon d’Athènes. Le temple s’élevoit sur trois degrés qui en formoient le stylobate. La superficie des colonnes, du côté surtout où elles sont exposées à l’air de la mer, est sensiblement rongée.

Il seroit fort à souhaiter qu’on pût faire des fouilles autour et dans l’enceinte des monumens de Sunium ; très-probablement on découvriroit, outre l’ensemble de leurs plans, des particularités. plus instructives que celles qui résultent de la seule vue de leurs ruines.

SUPERFICIE, s. f. Mot synonyme de surface, Qui se dit cependant, plus specialement en architecture et Dans la construction, lorsqu’on l’applique à la partie apparente des Diverses matières, sur Lesquelles s’exerce le travail des outils. AINSI sur dira enlever la superficie D’une pierre, D’UN bloc, etc. , polir la superficie d’Une Table de marbre ; et pour Toutes ous Pratiques de la CE genre de les opérations, sur employera le mot superficie de préférence A Celui de surface.

SUPERPOSITION, s. f. Ce mot Exprime, DANS L’architecture, la position de immédiate et sans intermédiaire, d’un corps au-Dessus d’Un Autre,