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Aujourd’hui on se du mot soubassement pour Signifier, dans chaque sorte d’édifice, toute espèce de partie de construction plus ou moins exhaussée, qui devient comme le piédestal du corps principal, et le mot stylobate est affecté plus particulièrement à tout corps de soubassement qui porte un ordre ou une rangée de colonnes.

SVELTE, adj. des deux genres. Ce mot emprunté à l’italien svelto, qui a aussi le substantif sveltezza, exprime, soit dans les corps vivans, soit dans les œuvres de l’imitation, une certaine qualité, qui tient à la grâce, à la délicatesse, mais surtout à la légèreté.

Ainsi svelte se dit, quant aux qualités corporelles, d’une taille légère, dégagée et généralement mince.

On admirera de même cet agrément dans le dessin, la proportion et l’ensemble d’une figure peinte ou sculptée, en tant que cette qualité n’ayant rien toutefois d’exagéré, contraste avec la lourdeur ou le manque d’élégance. Il paroît ainsi, d’après le dire de Pline, qu’on admira autrefois en Grèce, le style des statues de Lysippe, qui l’éloignant de la manière lourde et de la stature carrée, qu’un goût plus sévère donnoit à la conformation des corps, fut imprimer à ses figures ce caractère plus léger, qu’un pourroit exprimer par le mot svelte. Au reste, on sait que le goût dont ce mot est l’expression, convient à une certaine classe de sujets et de figures, et ne sauroit s’appliquer à toutes.

En définissant ce goût comme on vient de le faire, il est sensible qu’il y a peu d’ouvrages d’art, ou même d’industrie, auxquels la qualité de svelte ne puisse plus ou moins appartenir. Il y a dans tous les travaux de la main de l’homme, tant de manières de les rendre plus ou moins agréables, que les idées d’élégance et de délicatesse, comprises dans le mot svelte, en ameneront quelquefois l’emploi, surtout s’il s’agit d’ouvrages qui comportent des formes qu’on peut alonger ou raccourcir plus on moins, comme sont, par exemple, des vases, des trépieds, des candélabres, etc.

C’est sous ce rapport que l’architecture peut aussi s’approprier soit l’idée, soit la qualité de svelte. Sans parler des variétés de proportion dans chaque ordre de colonnes, dont la gravité ou la légèreté forment plus ou moins le caractère spécial, on conçoit que la construction toute seule, selon le genre des matériaux qu’elle emploie, selon, la nature des plans et des élévations, peut donner à ses supports une procérité, une ténnité de masse qui produira pour l’œil un effet assez semblable à celui d’une taille svelte dans un corps, ou d’une proportion légère dans les membres dont il se compose. Or, l’ensemble d’une construction semblable, soit à l’intérieur d’un édifice, soit à l’extérieur, pourra être aussi appelé svelte.


Cet effet frappera plus particulièrement les sens, dans les monumens de cette sorte de construction qu’on nomme gothique, où l’espèce de goût qui leur est propre, affranchi de toute règle, de tout système raisonné de rapports entre le tout et chacune de ses parties, se trouva libre de toute sujétion, et ne cherchant point la beauté dans la proportion, ne visa qu’à conquérir l’admiration de l’instinct, et la conquit en effet, précisément par la disproportion. Or, c’est le plus souvent à cela qu’est dû le caractère de ces supports élancés, qui n’ayant à éprouver ni charge, ni poussée, ont permis, dans les intérieurs, d’établir beaucoup plus de vide que de plein : et c’est de la procérité ou de l’exiguité des supports el de la grandeur des vides entr’eux, que résulte ce svelte que l’on vante dans quelques-unes de ces constructions.

De tout ceci, il semble qu’on pourroit conclure, que si le svelte, pour être une qualité louable, doit être restreint, comme toute autre qualité, entre certains termes, qui seront ici le trop lourd ou le trop léger, il en devra être du svelte dans l’ensemble et les parties d’un édifice, comme dans l’ensemble et les parties du corps humain et de ses imitations par l’art ; c’est-à-dire que comme la disproportion entra la grosseur et la hauteur du corps humain y produit la maigreur, et le vice d’un élancement frêle et désagréable, de même une impression semblable résultera pour les yeux et pour l’esprit de toute légèreté, procérité on hardiesse d’élévation qui sera due à un désaccord entre le diamètre du support et sa hauteur. Que si toutefois cela trouve des admirateurs, il en faut seulement conclure que dans les ouvrages de l’art, le sens ordinaire admire moins la chose eu elle-même, que la difficulté réelle ou apparente de son exécution.

SUJÉTION, s. f. On appelle ainsi, en architecture, soit dans la construction des édifies, soit dans la bâtisse des maisons et habitations, une certaine nécessité que l’artiste éprouve de se conformer aux besoins et aux convenances de quelques usages, ou de s’assujettir à certaines incommodités de voisinage ou de localité qui sont inhérentes aux terrains sur lesquels il bâtit. Sous ce dernier rapport, voyezle mot SERVITUDE.

Le mot sujétion, comme plus général, s’applique plus volontiers aux difficultés de faire accorder dans les plans et les élévations des édifices, la régularité, la beauté de l’ordonnance, les principes abstraits de l’harmonie, du l’art et du goût, avec ce qu’exigent l’emploi du monument, le service intérieur de ses convenances, la facilité de ses dégagemens, ou de ses abords, et ses rapports avec la destination principale. Quel que soil, en spéculation, le besoin de symétrie, de beauté et d’harmonie pour le plaisir de l’esprit et des yeux, il faut convenir que dans, a réalité, tout édifice devant être le résultat d’un besoin,