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Cette matière servoit à faire les corniches, les profils, et tous les détails de l’architecture. C’est le même procédé qui fut retrouvé au temps de Raphaël, pour la décoration des toges du Vatican, et dont les modèles furent fournis particulièrement par les Thermes de Titus.

Le stuc, tel qu’on l’emploie encore aujourd’hui à Rome, se compose, ainsi qu’on l’a dit, d’un mélange de chaux et de poussière de marbre, dans des proportions variées, selon l’emploi qu’on en veut faire. Immédiatement après que ce mélange a été opéré, il forme une pâte plus ou moins molle et ductile, et qu’on applique très-facilement et à loisir aux endroits où l’on veut s’en servir. C’est là un de ses avantages sur le plâtre, qui ne garde que très-peu de temps sa ductilité. Lorsque le stuc a pris un peu de consistance, on lui donne, soit avec des moules, soit à l’aide de divers instrumens, la forme générale de l’objet qu’on veut représenter. Pendant cette opération, sa consistance augmente encore. On peut alors le tailler, le façonner, le gratter, et il se prête en cet état, comme une argile encore flexible, au travail du stucateur. Il durcit enfin peu à peu et il acquiert une solidité que le plâtre ne sauroit avoir, et qui l’emporte sur celle de beaucoup de pierres. Ajoutons qu’il n’est point sujet à se fendiller comme le plâtre, qu’il reçoit autant de fini qu’on peut en desirer, et qu’il conserve inaltérables les couleurs qu’on lui donne.

Le stuc en revêtemens lisses, lorsqu’il est préparé avec soin, et dans une saison qui lui permet de durcir avant d’être exposé aux intempéries de la pluie ou du froid, acquiert même à l’extérieur des édifices, une très-grande solidité.

Les ornemens en stuc ont l’avantage d’être beaucoup plus économiques, que ne le sont les mêmes objets sculptés en pierre ou en bois. Cette économie pour les ornemens qui se ré pètent, comme sont, par exemple, les rosaces dans les caissons des voûtes, tient à ce qu’ils peuvent être jetés en moule, et qu’ils n’ont plus besoin que d’un léger réparage. Bramante fut le premier à employer cette uréthode dans la décoration des voûtes qu’il a voit commencées à Saint-Pierre. Voyez l’article LAZARI dit BRAMANTE.

On fait en France des stucs qui sont une composition de poussière de marbre et de gypse, où l’on introduit des couleurs, et à laquelle on donne un poli qui la fait ressembler entièrement aux marbres pour le brillant. Ces sortes de revètemens se conservent assez long-temps dans les endroits secs, mais l’humidité leur fait perdre facilement l’éclat qu’ils avoient reçu.

L’usage a donné le nom de stucs, non pas seulement aux enduits et à leur matière, mais encore aux ouvrages de sculpture et d’ornement qu’on exécute avec cette composition. Ainsi s’appellent les figures qui font partie dos ornemens arabesques des loges du Vatican, et qu’on connoît sous le


nom de stucs de Raphaël. Cet art a acquis, dans l’école de ce grand peintre, toute la perfection que les Anciens lui avoient donnée, tant pour la composition de la matière, que pour le goût et l’heureux emploi qu’on en fit. Ainsi Jules Romain le transporta à Mantoue (voyez l’article PIPPI), où il exécuta en stuc la célèbre frise dont nous avons parlé à son article, ainsi qu’une multitude d’autres objets de décor intérieur.

STYLE, s. m. L’étymologie de ce mot dont on use en français, dans un sens fort détourné de sa primitive acception, est le mot stylus latin, ou le mot grec σιυλος. L’un et l’antre, dans chacune de ces deux langues, signifia tantôt un corps circulaire comme une colonne, tantôt un poinçon rond comme un crayon, aigu d’un côté, avec une tête aplatie de l’autre, dont on se servoit pour écrire sur des feuilles préparées avec un enduit quelconque de cire. Le côté aigu servoit à tracer les caractères sur cet enduit, et le côté plat servoit à effacer. Le style, comme on le voit, et comme nous le montre plus d’un monument figuré, dans les peintures d’Herculanum, tencit, en certains cas, lieu de plume ou de crayon, mais il pouvoit être aussi quelquefois une arme assez meurtrière, et l’histoire ancienne rapporte plus d’un exemple de l’emploi ou de l’abus qu’on avoit fait du stylus, soit pour se défendre en cas d’attaque, soit pour se suicider. Or, ce dangereux emploi se trouve encore confirmé par le nom de stylet, donné à une sorte de poignard, qui fut plus ou moins connu dans les temps modernes.

Pour arriver du suite à l’origine certaine de l’idée qui fut jadis, et est encore plus particulièrement aujourd’hui attachée au mot style, soit dans la littérature, soit dans les arts du dessin, il est facile de voir, et ceci n’a certainement pas besoin de longues preuves, que la notion morale de ce mot fut, comme beaucoup d’autres, une dérivation nécessaire de sa notion matérielle. Ou appliqua par métonymie â l’opération de l’esprit, dans l’art d’exprimer ses pensées avec les signes de l’écriture, l’idée de l’opération mécanique de la main, ou de l’instrument qui trace ces signes. L’homme est en effet toujours obligé, pour rendre sensibles les notions de l’intelligence, d’en emprunter les expressions aux sans et aux images de la matière. Le même mot style signifia donc ce qu’il y a de moins matériel, c’est-à-dire, et la conception des idées, et l’ait de les développer dans un ordre quelconque, comme il signifia ce qu’il y a de moins spirituel, c’est à-dire, l’outil, qui, docile à la main, donnoit, par le moyen des signes graphiques, de la couleur et du corps aux pensées.

Pareille transposition a encore lieu dans notre langue (et je crois dans toute langue), à l’égard d’autres notions et d’autres instrumens. Ainsi di-