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porter et du mot colonne ; l’autre est stéréobate, qui est formé du mot porter et du mot solide.

Il paroît donc résulter de ces deux mots, que stylobates (stylobate en français) devoit s’appliquer à un corps qui porte des colonnes, et que stéréobates devoit signifier le corps de construction qui sert de support à une masse quelconque. Cependant nous voyons que Vitruve, dans son chapitre 3e. du IIIe. livre, se sert indifféremment de ces deux mots par rapport aux colonnes.

Gagliani, dans son Commentaire sur ces deux espèces de synonymes, prétend que communément le mot stéréobate signifie le petit mur d’appui qu’on établit sous les colonnes, mais lisse et sans aucun ornement ; tandis que stylobate exprime particulièrement ce support qui est orné d’une base profilée et d’une corniche.

Laissant de côté cette discussion, nous dirons qu’en français le mot stylobate est particulièrement employé à signifier ce qui supporte des colonnes, et que le mot soubassement a une acception plus générale, qui, par la composition du mot, peut dans le fait s’appliquer à tout, mais paroît mieux convenir aux masses de bâtimens sans colonnes, qu’aux colonnades mêmes.

Soubassement exprime donc, en architecture, l’idée générale d’une masse considérable et étendue, qui en supporte une semblable. On pourroit sans doute donner aussi ce nom à une levée de terre, à une terrasse, sur laquelle s’éleveroit une autre masse. On pourra le donner encore à un piédestal continu, mais peu élevé, sur lequel seroient rangés, comme cela se pratique dans certaines galeries d’objets d’art, des statues, des vases et autres monumens du même genre.

Mais dans la construction des édifices, on appellera soubassement cette partie de leur élévation, qui est, à leur égard, ce qu’est la base à une colonne, ou le piédestal à une statue. Or, ce premier effet dusoubassement est de donner une plus grande valeur, et un agrément de plus à tout édifice. Indépendamment de l’importante considération relative à la salubrité de tout local, il est certain que l’aspect d’un monument, dont l’ordonnance posera sur le terrain, paroîtra plus lourd à l’œil et semblera privé d’élégance.

Les Grecs ne manquèrent jamais d’élever leurs temples sur de très-hauts soubassemens, qui ajoutent singulièrement à leur dignité. On doit en effet donner le nom de soubassement à ces trois rangs de degrés très-hauts, qu’on voit régner uniformément sous les colonnades des temples doriques périptères. D’autres temples ont un soubassement qui règne seulement de trois côtés, et qui vient aboutir aux degrés placés en avant de la face antérieure. Tel est, par exemple, le temple de Nîmes, qui est un pseudo-périptère. Cette sorte de soubassement a son socle profilé et sa corniche. Plus d’exemples de cette pratique des Anciens dans les élévations de leurs temples, seroient inu-


tiles, tant ils sont connus des architectes et des antiquaires.

L’usage des soubassement est moins apparent dans les églises modernes, qui souvent ne sorment point un ensemble aussi déterminé par leur plan et leurs élévations, que les temples antiques ; toutefois, si l’architecture n’y traite point cette partie dans un caractère aussi prononcé, on peut dire qu’il en est peu, lorsqu’une ordonnance de colonnes on de pilastres en décore l’extérieur, où cette ordonnance ne repose sur une base continue, comme cela se voit à la grande basilique de Saint-Pierre à Rome.

Mais où le soubassement nous semble jouer un rôle important, chez les Modernes, c’est dans l’architecture des palais, et surtout de ceux du seizième siècle en Italie. On en citeroit fort peu où cette partie ne soit traitée avec un soin très-particulier. Le plus souvent elle se compose de bossages ou de resends distribués avec beaucoup d’art, et de manière à faire un contraste heureux avec le reste de la construction. La saillie du soubassement tend encore à le détacher, et offre à l’ordonnance des étages supérieurs une sorte d’assiette, qui fait mieux valoir leur importance. Quelquesois le soubassementcomprend dans les compartimens des bossages les petites ouvertures d’un étage, qui est celui des pièces de service. Le plus souvent il n’est percé que par les fenêtres du rez-de-chaussée. Dans, ces cas il semble être le piédestal de l’édifice. Il arrive aussi qu’il se borne à n’en être que le socle.

C’est dans les palais de San Micheli, de Palladio, de Sansovino, de Scamozzi, qu’on peut étudier toutes les formes, toutes les variétés et tous les genres de proportion, que l’architecture sait donner auxsoubassemens des palais, (Voyez ce qui en est dit aux articles de la vie de ces grands maîtres, où l’on a décrit leurs plus beaux ouvrages. )

SOUCHE DE CHEMINÉE, s. f. C’est un tyan composé de plusieurs tuyaux de cheminée, qui paroit au-dessus d’un comble. Il ne doit être élevé que de trois pieds au-dessus du faîte.

Les tuyaux d’une souche de cheminée sont, ou adossés les uns au-devant des autres, comme cela se pratiquoit anciennement, ou rangés sur une même ligne, et se joignant par leur épaisseur, comme cela a lieu lorsqu ils sont dévoyés.

Les souches de cheminée sont ordinairement en plâtre pur, pigeonné à la main, et on les enduit des deux côtés aven du plâtre au panier. Dans les bâtimens considérables, on les construit de pierre, ou de brique de quatre pouces, avec mortier fin et crampons de fer.

SOUCHE FEINTE. Souche qu’on élève sur un toit, pour répondre à la hauteur, à la figure, à la situation des autres, et leur faire symétrie.