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SOR SOU 393


Deux ordres, l’un au-dessus de l’autre, de pilastres en bas corinthiens, en haut composites, y forment un léger avant-corps couronné d’un fronton. Cette façade n’a réellement rien qu’on y puisse ou louer ou blâmer dans sa composition générale. Si un meilleur choix d’ornemens, si des détails plus purs de chambranles aux portes et aux fenêtres, si plus de caractère dans les profils et dans les entablemens se fussent trouvés réunis à l’ensemble, d’ailleurs simple, de ce frontispice, on l’auroit peut-être cité comme un des meilleurs en son genre.

Nous croyons qu’on n’eu sauroit dire autant du portail de Sainte-Marie de la Victoire, également à deux ordres l’un au-dessus de l’autre. Ici se fait mieux sentir l’inconvénient de la hauteur des nefs, lorsque la largeur de l’édifice n’y correspond point. Soria employa dans ce portail tous les moyens d’exhaussement qu’il put trouver, pour masquer l’extrémité du pignon de la grande nef. Il plaça chacune de ses ordonnances sur un piédestal fort élevé, et au-dessus de son fronton il pratiqua une sorte de rampe qui lui sert d’alongement : ressource malheureuse et addition contre nature. Ou peut encore se plaindre d’avoir à compter dans cette façade quatre frontons superposés, en y comprenant effectivement ceux de la porte d’entrée, et de la grande fenêtre du second étage.

Il est difficile de parler avec plus d’éloge de ses frontispices aux églises de Saint-Chrysogone, et de Sainte-Catherine de Sienne à Monte Magna Napoli.

Le meilleur ouvrage en ce genre de Soria paroît être le portique et la saçade de San Gregorio, une lui fit exécuter son protecteur le cardinal Scipion Borghèse. On ne peut refuser à cette composition. qui toutefois est, selon l’usage d’alors, a deux ordres de colonnes l’un au-dessus de l’autre, un certain caractère d’élégance plus de correction, de simplicité ou d’unité que de coutume, Elle a encore le mérite d’une apparence heureuse, ce qu’elle doit, sans doute, eu partie à sa situation et à son soubassement, élevé sur une montée en gradins. Ajoutons que les deux étages, qui toutefois auroient aussi bien convenu à un palais qu’à une église, forment une masse assez bien proportionnée, et exemple des vices ordinaires aux portails de ce siècle.

Ce qu’on lui a reproché, c’est particulièrement d’être sans connexion avec le monument qu’elle précède, et qu’elle devroit mieux annoncer. On entre par le portique, dans une fort belle cour environnée dune galerie, au fond de laquelle se présente l’église. On regrette donc que l’architecte, qui pouvoit disposer d’un semblable local, n’ait pas eu l’idée d’un plan et d’une composition à la fois simples et pittoresques, qui, en réunissant pour l’œil le portique d’entrée avec le temple auquel il auroit servi de vestibule, eût formé de


ces deux masses, un tout harmonieux et majestueux tout ensemble.

SOSTRATE. Nom d’un des plus célèbres architectes de l’antiquité.

Il étoit de Guide, et, selon Pline, ce fut lui qui éleva dans sa patrie les jardins suspendus qu’on y admiroit. On sait assez que par jardins suspendus, il faut entendre des plantations, que nous dirions en terrasses. Or, il paroît que le mot suspendu, pensilis, ne peut donner ici d’autre idée que celle de portiques on d’arcades soutenant la masse de terre où les arbres avoient leur racine ; et c’est ainsi qu’un pareil ouvrage devoit être celui d’un architecte.

Mais ce qui a le plus illustré nom de Sostmte, c’est la grande et magnifique composition du fanal qu’il construisit pour Alexandrie, sous Ptolémée Philadelphe, dans. la petite île de Pharos, qui depuis donna son nom à cette sorte d’édifice. Voyez PHARE.

A cet article, nous avons rapporté les détails qui ont été recueillis sur la composition et les dimensions de ce monument, sur sa durée et sur son entière destruction.

Nous n’ajouterons ici que quelques mots sur l’inscription que Sostrate y avoit fait graver. Elle portoit ces mots : Sostrate de Guide, fils de Dexiphanes, aux Dieux conservateurs pour ceux qui naviguent. Les écrivains sont d’accord sur ce point. Mais selon Lucien (dans son Traité sur la manière dont on doit écrire l’histoire), l’architecte, après avoir gravé secrètement cette inscription qui devoit perpétuer son nom, crut devoir en dérober la vue aux spectateurs. A cet effet, il la cacha en la surchargeant d’un enduit à la chaux, sur lequel il écrivit le nom du roi régnant. Le temps fit tomber cet enduit, et le nom deSostrate reparut. Pline avance le contraire, et il loue la magnanimité du roi Ptolémée, pour avoir permis à Sostrate de Guide, architecte du monument, d’y inscrire son propre nom. (Plin. L. 36. ch. 12. )

On lit dans Cedrenus. que Cléopâtre employa, l’architecte mécanicien Dexiophanes à joindre, par de grands travaux, au moyen d’une jetée dans la mer, l’île de Pharos et son fanal à la ville d’Alexandrie. Voyez PHARE.

SOUBASSEMENT, s. m. La formation de ce mot indique assez sa signification. Il a été forme, du mot. italien basamento, qui exprime sort bien la différence du support isolé appelé base, lequel s’applique aussi à un corps isolé, d’avec le support continu qu’on voit régner sous toute l’étendue d’une construction.

Les Anciens avoient deux mots pour rendre l’idée de soubassement, selon que la masse qu’on y imposoit, étoit en colonnes ou sans colonnes. L’unde ces mots est stylobates, composé du mot