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la bonté des fondations ou de l’assiette sur laquelle s’élevera l’édifice. C’est là que toute économie est préjudiciable. La fondation étant ce qui porte la construction, il saut qu’elle soit portée elle-même par un sol, qui ne puisse éprouver ni pression ni mouvement, et l’un doit creuser jusqu’à ce qu’on trouve celle qualité dans le terrain, ou il faut y suppléer, au besoin, par des plates-formes solides, par des pilotis, et par tous les procédés qu’on a rapportés au mot FONDATION. (Voyez cet article. ) Généralement toute la dépense qu’on porte aux sondations, bien qu’elle soit perdue pour les yeux, et semble l’être pour le moment présent, est pour l’avenir de l’édifice une véritable économie, puisque là est la principale garantie d’une consistance, qui épargnera dans la suite des dépenses de restauration, qu’on a vu quelquefois égaler celles de leur construction.

Tout édifice étant un composé de parties, le principe de la solidité veut que l’on considère ces parties composantes, d’abord en elles-mêmes, ensuite dans leur composition ou leur liaison.

Considérées en elles-mêmes, les parties de l’édifice sont les matériaux qu’on y emploie. Or, du choix de ces matériaux dépendra le plus ou moins de solidité dans la construction.

Ce choix a deux objets ; le premier est le genre des matières, le second la qualité de chacune. Lorsque la nature des causes physiques ou des considérations morales permet à l’architecte de choisir entre tous les matériaux, sans aucun doute les marbres et les pierres auront la préférence, et parmi les pierres, celles qui offriront le plus de dureté. C’est évidemment par ce choix de la qualité des pierres, que des édifices, qui datent de deux ou trois mille ans, sont parvenus jusqu’à nous, encore intègres dans les parties qui en subsistent ; ce qui prouve que leur état de ruine est dû à un tout autre principe qu’à celui du défaut de la matière. (Voyez PIERRE. ) La brique peut tenir, après les pierres, le second rang pour la solidité des constructions. La brique est en quelque sorte une pierre artificielle, susceptible d’une grande consistance, selon le degré de sa fabrication, et lorsqu’elle est employée avec un bon mortier, elle forme un tout peut-être plus compact qu’on ne peut l’obtenir des pierres ; et elle a, dans la construction des voûtes, l’avantage de la légèreté, de la facilité d’exécution, et d’une plus grande durée. On voit en effet des arcades en briques, dont une moitié a été détruite, et dont l’autre moitié reste depuis un nombre considérable d’années, suspendue en l’air, sans annoncer le moindre commencement de dissolution, (Voy. BRIQUE. ) Après l’emploi de la brique, on doit mettre la maçonnerie en mœllons, ou petites pierres en revêtement, sur un massif en blocage. Les Romains ont fait en ce genre des constructions très-solides, dont Vitruve a décrit les procédés, et dont il a été question à divers articles


de ce Dictionnaire. (Voyez INCERTUM OPUS, RETICULATUM. ) Le bois doit se ranger an dernier rang des matières qui peuvent servir à faire des bâtimens solides : non que, dans les constructions des maisons ordinaires, on n’emploie cette matière en plus d’un pays, de façon à produire des ouvrages durables ; mais comme nous n’entendons traiter ici de la solidité, que dans son rapport avec l’art de l’architecture, c’est-à-dire avec les édifices qui sont du ressort de cet art, le bois ne peut entrer dans les considérations du genre qui nous occupe, que comme servant, le plus ordinairement, dans les combles, aux toitures, et par conséquent exigeant aussi ce bon choix de matériaux, qui contribue à la longue durée des monumens. Voyez Bors.

Si c’est du choix du genre des matériaux, et de la qualité de leur espèce, que doit dépendre, avant tout, la solidité, le second point que l’architecte doit avoir en vue, sera la manière d’opérer la meilleure composition, c’est-à-dire la liaison des parties.

Les principes de solidité qui se rapportent à cet objet peuvent se diviser en deux classes : l’une qui comprend les simples notions que donne le bon sens et l’expérience ; l’autre qui embrasse les connoissances mathématiques, sur lesquelles se fonde la science de la construction.

Il faut reconnoître qu’il se donne effectivement, dans l’art de bâtir, deux classes d’édifices, les uns simples dans leurs plans, dans leurs élévations, et dans la combinaison de leur ensemble ; les autres composés d’élémens très-variés, pour satisfaire, soit à des besoins plus compliqués, soit à des goûts plus recherchés.

Les édifices de la première classe trouvent leurs modèles, par exemple, dans les entreprises de l’Egypte, dans un assez grand nombre des temples grecs, soumis en général à un type assez uniforme, où l’on ne connoît que des lignes droites, des plans simples, des intérieurs qui ne demandèrent aucune combinaison de voûtes, de résistances et de poussées, La solidité de semblables monumens fut un résultat même de leur simplicité. Le seul bon sens apprit aux architectes, que l’effet de la durée dans leurs constructions, dépendoit de l’art d’unir si bien toutes les parties, et tous tes matériaux, que cette union produisît un juste équilibre de forces, et tel, qu’une partie ne pût point céder, indépendamment d’une autre, ni se soutenir sans offrir un soutien à celle qui l’avoisinoit, qu’aucune pression ne pût s’opérer sans trouver une résistance capable de lui opposer un obstacle. Le même instinct de la solidité apprit encore, que moins il y a de parties dans une construction, moins il y a de chances pour la désunion, qui est le premier agent de la destruction. Aussi voyons-nous que, presque dans tous les pays, les plus anciens édifices se composent de blocs de pierre d’une dimension prodigieuse. Or, le simple