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SITUATION, s. f. Se dit particulièrement, en architecture, de la manière dont un édifice, par le lieu qu’il occupe, se présente à la vue du spectateur.

Les villes, pour la plupart, sont dès résultats de causes naturelles, qui ont déterminé leur première fondtion et leur accroissement dans certains lieux, par préférence à d’autres. Parmi ces causes naturelles, on peut compter la qualité du territoire, la proximité d’une rivière, la salubrité du site, garantie par telle ou telle exposition. Les causes politiques ont encore influé sur le choix des positions, qu’exige ou que conseille, pour les cas de guerre, la position des lieux escarpés et montueux. De là, beaucoup de villes situées sur des hauteurs, et qui présentent au paysagiste des aspects pittoresques et variés, sorte d’avantage ou d’agrément qui n’entra jamais pour rien dans les raisons qui firent naître une ville en de tels endroits.

S’il n’est guère possible que des raisons d’agrément ou de beauté visuelle déterminent l’emplacement des villes, il n’est ni rare ni difficile que l’art et le goût président au choix d’une situation convenable aux monumens dont les cités s’embellissent, et l’on en citeroit plus d’un exemple si ces choses n’étoient pas trop connues. Qui peut ignorer combien un grand édifice placé sur une hauteur qui domine la ville, reçoit d’une telle situation, de grandeur et de majesté, et combien il en communique à tout ce qui l’entoure ? Il est ainsi des situations que donne et peut seule donner la nature. Il en est d’autres qui sont à la disposition des hommes. L’ouverture d’une grande rue en face d’un édifice, une place proportionnée a ses dimensions, des percés multipliés, qui, en y aboutissant de différens côtés, contribuent à le faire voir de loin sous tous ses aspects, sont des moyens de faire valoir sa situation ; et ces moyens peuvent dépendre de la prévoyance des ordonnateurs, ou quelquefois résulter, après coup, des améliorations que procure la saine police des villes. Mais il importe beaucoup que de tels soins accompagnent, dès leur origine, la création des monumens, tant il est quelquefois difficile d’obtenir, surtout dans les villes populeuses, les terrains nécessaires à une belle situation.

La connoissance de la situation qu’on destine aux édifices, est une des premières obligations que l’architecte doit s’imposer.

Quoiqu’il y ait, dans l’architecture, une beauté positive, qui se fonde sur plus d’un point indépendant des accompangnemens d’un édifice, il y a toutefois un mérite d’accord et d’effet, qui tient aux relations de l’espace et du lieu qu’il occupe. Un édifice n’est pas de nature, comme un tableau, à ne pouvoir être vu que d’un point déterminé, au-delà ou en deçà duquel on ne voit point, ou l’on voit trop et trop peu. Les masses de l’archi-


tecture doivent satisfaire le spectateur, à des points d’éloignement divers ; c’est pourquoi certains détails auront besoin d’être prononcés avec plus ou moins de saillie et d’énergie, pour correspondre à l’effet qu’ils doivent produire de loin.

On a donné plus d’une raison de la grande saillie que la sculpture imprima aux figures des métopes du temple dorique de Minerve à Athènes. Outre le besoin de correspondre à la saillie des figures en ronde bosse du fronton, il m’a toujours semblé que ce temple, placé sur l’Acropolis, et devant être vu de toutes les parties de la ville, l’artiste avoit dû prendre en considération l’effet que ce couronnement de l’édifice pouvoit produire de loin, pour être d’accord avec celui de la densité des colonnes.

Quelle règle prescrire à l’architecte sur cette matière ? Aucune, ce me semble. Il y a de ces convenances que te goût seul fait apprécier. Les effets produits par les situations, c’est-à-dire par les différentes manières dont l’œuvre de l’architecte, selon les distances, se présente à la vue, sont si nombreux, que l’artiste n’est tenu que de choisir entre les plus importans, et de régler en conséquence, sur quelques-uns de ces points de vue, la proportion et la saillie tant de la masse générale, que de la masse principale, quoique subordonnée de chacune des parties.

SOCLE, s. m. Zoccolo en italien, vient du latin soccus, chaussure.

Ainsi on a comparé le corps inférieur sur lequel s’élève, soit un piédestal, soit une colonne, à la semelle ou sandale qui se trouve placée sous le pied de l’homme.

Effectivement, le socle, à quelqu’espèced, objet qu’il s’applique en architecture, est toujours le corps qui sert de support à tous les autres membres.

Dans les corps isolés, tels que colonnes, piédestaux, bases quelconques, le socle est un solide, carré le plus souvent, qui a moins de hauteur que de largeur, et qui se place sous les moulures et profils. On lui donne aussi le nom de plinthe.

On appelle socle continu le même objet placé de même au bas d’une ordonnance ou d’un bâtiment mais qui, au lieu d’être isole’, règne de niveau dans une façade, comme tous les autres profils. VoyezSOUBASSEMENT.

SOFITE ou SOFFITE, s. m. De l’italien soffitto, qui veut dire plafond. On peut user de ce nom en français, comme étant synonyme du mot plafond, et il exprimera le dessous d’un plancher, surtout de celui qui, formé par des solives croisées, offre les compartimens ornés de rosaces qu’on appelle caissons. Effectivement, le mot plafond, pur sa composition, ne rend point, ou rend mal l’image de ces dessous de plaucher.

Au reste, on a plus ordinairement appliqué en français le mot italien soffite à ces surfaces vues