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une connexion naturelle, mais dont l’effet n’est saisi que par le petit nombre. En beaucoup de cas aussi, une élévation vicieuse, compliquée, tourmentée dans ses détails, peut avoir lieu sur un plan simple et judicieusement ordonné.

La simplicité d’effet exige donc, que l’ordonnance générale d’une élévation se développe par des lignes peu interrompues. L’usage des ressauts, des avant-corps, ne doit avoir lieu qu’autant qu’une nécessité sensible l’exige. Il y a toujours dans les partis d’architecture les plus simples, dans l’emploi le plus uniforme des ordres et de tous leurs accessoires assez de détails pour empêcher l’effet d’un édifice de tomber dans la monotonie. Imaginer des élévations mixtilignes, pour y introduire sans besoin des diversités, c’est faire de l’architecture un jeu vraiment puéril, c’est dégrader l’art, en substituant à l’idée d’utile et de nécessaire, qui doit toujours s’y manifester, pour contenter la raison, celle de caprice et d’arbitraire, qui ne seroit d’un édifice qu’un ouvrage de mode, genre de goût qui ne peut appartenir qu’aux productions d’un luxe éphémère.

La simplicité d’effet résulte également de l’emploi judicieux et modéré des ornemens. C’est une erreur en architecture, comme dans tous les autres arts, de croire, qu’en fait d’ornemens, la richesse dépende de la prodigalité. Tout ce qui devient trop abondant, devient vil. La surcharge des ornemens en déprécie infailliblement la valeur. La confusion, qui est le résultat de cette exagération, détruit pour l’œil et pour l’esprit, l’impression et le sentiment qu’on a vonlu produire. Oui, le simple est en tout, non le principe, mais le vrai moyen de l’art d’orner, c’est-à-dive de donner aux ornemens leur valeur. Si cette valeur leur manque, ils ont manqué leur but. Qu’est-ce qu’un moyen qui ne produit pas son effet ? Tous les ouvrages de l’esprit, les inventions du poëte, les compositions de l’orateur ou de l’écrivain, nous démontrent que toujours, et en tout pays, l’abus des images, l’emploi continuel des figures ou des ornemens du style, en apprauvissant le discours, font naître le dégoùt ou l’indifférence pour les richesses qu’on y prodigue. Il suffit de même de se représenter, en idée, l’effet’un de ces péristyles, de ces frontispices de monumens, où une succesion bien ordonnée de parties, de membres, de profils, d’ordres, de chapiteaux, de détails d’ornemens, a lieu sur des sonds lisses, sur des vides bien ménagés, où toutes ces choses sont réparties avec une économie qui permette a l’œil de les parcourir avec facilité, et à l’esprit d’en saisir aisément la raison, d’en embrasser l’ensemble et les détails, et d’y admirer le lien qui les unit. Que l ou compare à cette impression, celle que sont éprouver, soit les monumens de l’Inde, dans leurs compositions bigarrées d’une multitude de sormes, ou de découpures multipliées, soit les frontispices de ces églises gothiques surchargés de sculptures


sans nombre, où nul repos n’est offert aux yeux et où la confusion des détails opère sur l’esprit, le même effet que celui d’une foule dans laquelle on ne peut distinguer personne. On aura, je pense, dans ce parallèle, l’idée la plus claire de la qualité qu’on appelle simplicité d’effet en anchitecture, et de la confusion qui en est le contraire.

Le troisième genre de simplicité qui nous a paru devoir caractériser essentiellement l’ouvrage de l’architecte, est celui des moyens d’exécution.

Ce qu’on doit entendre ici par moyens d’exécution, comprend une idée plus étendue qu’on ne pense, en la restreignant aux seuls procédés de la construction. Ce n’est pas que la simplicité dans ces procédés, ne soit un des élémens matériels de la qualité morale donl il s’agit ici surtout. Effectivement, partout où l’art de bâtir, moins développé par la pratique ou par la science, a formé les premières constructions, on observe que la plus graude simplicité régna dans les conceptions, les plans et les élévations. Ce fut peu à peu, et avec le secours d’instrumens plus variés, qu’on oa mettre aussi plus de variété dans l’emploi des matériaux, qu’on substitua des voûtes aux plates bandes, qu’on s’enhardit à faire porter des masses les unes sur les autres, à élever de plus en plus les plafonds et les couvertures, à ployer enfin toute espèce de matière, au gré des contours qu’on voulut donner à la forme générale du bâtiment.

Il est dans la nature de l’homme et de toutes ses inventions de ne s’arrêter jamais. Si la nouveauté a des bornes, le désir du nouveau n’en a point, et l’on en veut même lorsqu’il n’y en a plus. Cependant on prend pour tel le bizarre et l’extravagant, et c’est en ce genre, il faut l’avouer, qu’il n’y a plus de terme, Le simple est un, comme la vérité. Le composé est comme le saux, ses diversités sont infinies. Qui pourroit nombrer celles du mauvais goût en architecture lorsque l’abus dela science de construire, vient lui prêter ses difficultés, ses problèmes, ses solutions, ses porte-àfaux, ses badinages, ses tours de force ?

J’en ai dit assez pour faire comprendre comment le trop simple, dans les moyens d’exécution, peut comprimer ou arrêter l’essor du génie de l’architecture, et combien l’abus de la diversité, dans les procédés de la construction, peut y introduire de caprices qui la dégradent. La simplicité d’exécution tient donc le milieu entre ces deux excès. Elle ne se refuse point à la grandeur, à la hardiesse, aux mouvemens heureux des plans et des élévations, mais elle veut que tout ce que produisent soit l’art, soil la science même, rende aux yeux un compte sacile et clair de la manière dont tout est exécuté, que l’onvrage non-seulement soit solide, mais le paroisse à l’œil le moins expérimeuté.

La simplicité d’exécution, ou du système de construstion, a une double influence sur les ouvrages. Je parle ne l’influence morale on de celle