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quelque genre que ce soit, offre une combinaison nécessaire, d’où l’on ne puisse rien détacher, sans que l’ensemble en soit détruit, Voyez UNITÉ.

On voit qu’une semblable qualité doit réellement coopérer aux effets qu’on attend de la simplicité.

Cependant nous dirons que du son côté la simplicité, à l’égard des arts d’imitation, consiste à établir dans les élémens dont se compose chaque ouvrage, l’ordre le plus naturel, à en disposer les idées et les images avec cette économie qui nous les présente, comme le fait. la nature, c’est-à-dire de manière, que le principal n’y soit jamais offusqué par les accessoires, que tous les détails y soient distribués et gradués en leur rang, pour faire Valoir et briller l’ensemble.

Il y a au reste dans le développement de la théorie de ces deux qualités, tant d’applications diverses, que de nombreux volumes n’en épuiseroient pas la matière. Il en est de la simplicité comme de l’unité. Il doit y avoir de l’unité dans la conception première d’un ouvrage ; dans son plan, dans son but, dans ses moyens d’exécution.

Nous en dirons autant de la simplicité ; et comme tous les arts se tiennent par un lieu commun, il n’y a point de précepte applicable, sur le sujet dont il s’agit, à l’éloquence, à la poésie, à la musique, à la peinture, qui soit étranger à l’architecture.

Trois sortes de simplicité doivent donc se trouver dans l’œuvre de l’architecte. Simplicité de conception dans la plan général d’un édifice. Simplicité dans l’effet général qui doit en manifester le but. Simplicité dans les moyens d’où dépend son exécution.

C’est dans la conception première, ou le plan général d’un édifice, que la simplicité doit avant tout régner. J’entends par conception et plan de l’édifice, l’idée fondamentale qui repose sur la nature et la destination du monument.

Tout ouvrage d’architecture est un assemblage de parties, auxquelles l’architecte donne l’être. Considéré sous ce rapport très-abstrait, il y a sans doute un art d’assembler ces parties pour le plus grand plaisir des yeux, qui doit entrer aussi dans les combinaisons du génie de l’artiste. Mais l’architecture n’existant au fond, que par et pour les besoins de la société, l’architecte entendroit mal les obligations qui lui sont imposées, si, dans ses plans et ses conceptions, il bornoit son art et le mérite de la simplicité, à tracer des lignes dont la régularité, l’uniformité : et la symétrie pourroient recommander l’ensemble, mais indépendamment de ce que la raison y doit desirer. L’antiquité sans doute, nous a transmis en plus d’un genre d’édifices des modèles de simplicité dans les plans, que l’architecte doit toujours avoir le désir d’imiter. Toutefois nous dirons que c’est plus encore l’esprit de cette simplicité, que sa réalité, qu’il doit s’approprier. Les mœurs des sociétés


modernes, des besoins plus compliqués, des institutions d’un autre genre, ont établi d’assez grandes différences entre des monumens consacrés, si l’on veut, au même emploi chez les Anciens et chez les Modernes, mais qui ne peuvent plus admettre dans leur disposition une parfaite ressemblance.

Ainsi le type du temple grec n’est quelque chose d’aussi simple, sous tous les rapports, que parce que les formes du culte extérieur, c’est-à-dire les pratiques et les cérémonies religieuses, prescrivoient on ne peut pas moins de sujétions à l’architecte. La diversité des climats en met également une très-grande dans les intérieurs d’un grand nombre de monumens. Sans aucun doute, toutes ces causes exigent, pour la conception des plans, une plus grande multiplicité de choses et de détails chez les Modernes. Mais la simplicité entendue comme elle doit l’être, et non réduite mathématiquement à la moindre expression, brillera tout autant, et peut-être avec plus de mérite et d’éclat, dans la composition d’un monument, que des besoins nombreux et divers tendent à compliquer. Un très-grand nombre de pièces, ou de divisions, peut se trouver distribué sur une vaste étendue de terrain, de manière à se développer ave Clarté, par une succession de dégagemens, qui les fasse parcourir facilement, sans présenter à l’esprit et aux yeux l’idée ou l’image d’un labyrinthe.

Il appartient surtout à la nature où à la destination de l’édifice, d’inspirer à l’architecte la pensée générale, qui doit servir de type à son invention ; car il n’est pas de monument que son emploi ne doive assujettir à une première donnée simple, qui devient le premier régulateur de sa composition. Quelque diversité et quelque multiplicité que présente dans ses détails, le programme d’un édifice, il s’y trouvera toujours le mérite de la simplicité, si l’artiste a su subordonner toutes ses parties à un motif général, qui en contienne, si l’on peut dire, l’explication. Ce motif général est pour l’architecture ce qu’il est pour les compositions poétiques. Le poëme le plus étendu, le plus varié dans les divers chants dont il se compose, peut reposer également sur un sujet simple dans sa nature, et des-lors susceptible de développemens qui, pour être nombreux, ne détournent jamais l’attention de l’objet principal. Or, tel est en tout genre l’avantage de la simplicité, dans ce qui est la conception première d’un ouvrage.

La seconde sorte de simplicité, dans un monument, avons-nous dit, est celle de son effet. J’entends par le mot effet, l’impression que tout ouvrage fait sur nous. Cette impression, dans les œuvres de l’architecture, résulte particulièrement de ce qu’on appelle l’élévation, qui, pour le plus grand nombre des hommes, constitue l’essentiel d’un monument, et qui pour tout le monde est réellement ce que la figure extérieure est à tous les corps. Il y a sans doute entre le plan et l’élévation