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les plus féconds qu’ait produits la Toscane, n’a consacré que deux lignes au jugement de ce palais lais, qui, dit-il, a trois étages mal proportionnés. On ne voit pus sur quoi repose cette laconique censure. Les trois étages dont il s’agit, nous paroissent au contraire offrir, non pas si l’on veut, un modèle de façade bien original, mais très-certainement, une conformité fort heureuse, avec, les meilleurs ouvrages du seizième siècle. Silvani, comme Baldinucci nous l’apprend, ne fit autre chose que la façade dece palais (la facciata di sua casa), Dès-lors il dut l’adapter à des divisions en largeur et hauteur déjà données. C’est donc des détails qu’il faut porter un jugement, plutôt que de la conception d’un nouvel ensemble. Or, on peut affirmer que toutes les formes des’ fenêtres, que leurs chambranles, les ordres qui les décorent, que les intervalles des étages, que la porte d’entrée les pilastres qui la flanquent, ainsi que ceux des angles du bâtiment, l’entablement dorique qui les surmonte, sont autant de parties et de détails où se retrouvent le style, la manière et les principes des plus habiles prédécesseurs de Silvani. Peut-être y aurơit-il à critiquer, dans cet ensemble, comme un peu étrangères à la composition, les petites fenêtres de nécessité. , en œil-de-bœuf, de l’étage d’en haut. Peut-être encore y desireroiton on un entablement qui couronnât toute cette masse, d’une manière plus digue d’elle.

Il faut citer comme un des meilleurs ouvrages de Silvani et des beaux monumens de Florence, le palais Capponi (in Via larga). L’architecture, outre mille difficultés dépendantes des sites, des terrains, et de toutes sortes de sujétions qui entravent le génie de l’artiste, éprouve encore de plus grands obstacles de la part des ordonnateurs, qui souvent veulent plut qu’ils ne peuvent, et après avoir accepté des projets au-dessus de leurs moyens, se trouvent forcés de les rapetisser ou de les laisser imparfaits. C’est ce qui arriva au palais Capponi. Le propriétaire se lassa de l’entreprise qu’if avoit approuvée, ou plutôt de la dépense qu’elle exigeoit. Il obligea Silvani d’en réduire l’élévation déjà fort avancée. Or, on conçoit ce que peut perdre, aux yeux des gens de goût, un édifice dont tous les rapports avoient été calculés, lorsqu’on en vient, par la suppression d’une partie de son élévation, à lui donner une largeur qui semble alors disproportionnée. Malgré çe défaut, qu’on ne doit pas imputer à l’architecte, ce palais est encore un des plus remarquables monumens de l’architecture toscane.

Silvani éprouva un désagrément d’un autre genre, au palais qu’il fit pour les frères Castelli, riches négocians de cette époque, et qu’on appelle aujourd’hui le palais Marucelli, et liens Castelli, avant de s’adresser à Silvani, s’étoient ingéré à en donner eux-mêmes les projets, et en avoient commencé l’exécution sous la direction de gens peu versés dans l’art. Ils curent enfin recours à


Silvani, qui fut obligé, pour réduire à un meilleur dessin, les constructions malhabilement commencées sans perdre toute la dépense déjà faite, de se soumettre à des données fort gênantes, tant de la part des travaux qu’il falloit conserver, que pour satisfaire aux caprices des propriétaires. Toutefois ce palais, considéré surtout dans sa façade fut jugé en son temps, et l’est encore aujourd’hui, comme un des excellons ouvrages entre tous ceux qu’on admire à Florence.

La réputation de Silvani s’élevant de jour en jour, le grand-duc Ferdinand Il ne crut pas pouvoir confier à un talent plus éprouvé la place d’architecte de la cathédrale, qui venoit de vaquer par la mort de Jules Perigi. Ce grand édifice avoit besoin de plus d’une réparation. Silvani y en opéra de plus d’un genre, et des plus importantes, soit en déchargeant les reins des voûtes du poids de matériaux inutiles qu’on y avoit laissés, soit en renouvelant plusieurs parties de charpente, tous travaux qui améliorèrent singulièrement la construction. Mais il eut encore l’ambition de donner enfin un frontispice à cette grande basilique, qui, comme plusieurs autres à Florence, étoit restée imparfaite dans sa façade. Cependant son projet n’eut pas plus de succès que beaucoup d’autres, et Sainte-Marie-des-Fleurs, ce chef-d’œuvre du quinzième siècle, est arrivée jusqu’au dix-neuvième, sans avoir pu recevoir ce Complément, sujet perpétuel de concours et de déba s restés sans décision.

Le vieux pont de Pisc étoit tombé dans une crue d’eau du fleuve, l’an 1635. Il fut question d’en rebâtir un nouveau. Silvani fut appelé pour en donner les dessins. Sou avis étoit de diminuer, autant qu’il seroit possible, le nombre des arches, et par conséquent des piles. Il proposait de faire le pont à une seule pile, c’est-à-dire de deux arches, ou de trois arches, avec deux seules piles ; et il en présenta le modèle, avec l’engagement de terminer le tout au plus tard en trois années. Mais survint entre les concurrens un certain Bartolotti, qui se fit fort d’exécuter le pont sans pile et d’une seule arche. Il le fit en effet, mais le premier janvier 1644, le pont s’écroula. Plusieurs années s’écoulèrent, et après un assez long temps, on eu vint à le rebâtir avec trois arches et deux piles, selon le projet de Silvani. Toutefois il n’eut pas l’honneur de l’exécution. Son grand âge l’eût empêché de se livrer à ce travail, et l’ouvrage fut confié à Francesco Nave, architecte romain.

Aucun architecte n’a peut-ètre à offrir une liste d’ouvrages aussi nombreuse que Silvani. Ce qu’on peut attribuer à trois causes, l’infatigable activité de l’artiste, la longueur d’une carrière poussée jusqu’à quatre-vingt-seize aus, mais surtout l’état de l’architecture et le goût, ou pour mieux dire, l’usage du temps où il vécut. Chaque âge amène avec soi des causes différentes, dont les effets se réalisent