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être est-ce par cette raison qu’il aura échappe, etant surtout eloigné de la ville, aux incendies et aux pillages des barbares.

Nous avons emprunté ces détails au quatrième volume du Voyage pittoresque de Naples et de Sicile, par l’abbé de Saint-Non, qui est, jusqu’à présent, l’ouvrage où le temple de Segeste soit le mieux décrit. On en trouve dans le voyage de William Wilkins un dessin plus rendu, mais accompagne de peu d’observations. Nous devons donc relever quelques erreurs dans l’extrait qu’on vient de rapporter.

Et d’abord ce n’est pas une singularité particulière au temple de Segeste, que telle espèce do tambour, comme le nomme la description, qui excède le fût de la colonne et l’entoure dans toute sa hauteur. On peut voir a l’article CANNELURE, ce qui est dit de cette sorte d’enveloppe qu’on trouve aux colonnes du temple de Segeste, ainsi qu’à celles du temple de Thoricion, et je crois encore à quelques autres temples d’ordre dorique grec. Cette prétendue enveloppe n’est autre chose que l’excédant de matière laissé au diamètre de la colonne, pour être abattu lors de l’exécution des cannelures, ainsi qu’on l’a sait voir, par un procédé extrêmement simple, à l’article cité.

Or, rien ne confirme mieux l’opinion que le temple de Segeste n’avoit point été terminé. Ce fait étant rendu constant, explique aussi les petits bossages laissés à un grand nombre de pierres, et doit démentir l’idée qui semble avoir été adoptée dans son dessin par William Wilkins, savoir, que c’eût été un ornement du soubassement.

Reste encore dans ce monument un objet de doute ou de discussion. Les pierres qui, sous chaque colonne, leur font, dans l’état actuel, un socle ou une base carrée, étoient-elles destinées à jouer ce rôle, ou bien les intervalles qui les séparent aujourd’hui, devoient-ils etre remplis par des pierres d’une égale bailleur, ce qui auroit donné au temple un degré de plus ? William Wilkins, dans son dessin, adopte cette dernière opinion. Or il nous paroit que ce temple supposé terminé, étant entièrement conforme a tous ceux d’ordre dorique grec qu’où connoit, et dont toutes les colonnes sont constamment privées de base dans ces colonnades périptères, on doit conclure que les prétendus socles carés du temple de Segeste, ne-sout qu’une nouvelle preuve d’un édifice non achevé.

Il ne manque à l’extérieur de ce temple, que quelques pierres du fronton, détachées et renversées sans doute par quelqu’accident particulier. La seconde colonne de la face orientale, ayant été endommagée par le tonnerre, elle a été réparée autant qu’elle pouvoit l’être. L’intérieur de cette colonnade est absolument vide. Il saudroit y faire des souilles, pour s’assurer si l’on y avoit construit, ou seulement commencé le mur de la cella.

SELINUNTE, anciennement SELINUM, ville an-


tique de Sicile. Diodore de Sicile nous apprend que celle ville fut entièrement pillée par Aunibal, que ses maisons lurent brûlées et abattues ; mais il n’est pas dit précisément qu’il en ait sait renverser les temples ; on peut mémo conclure le contraire du texte de cet écrivain.

L’étal de ruine dans lequel se présentent anjourd’hui les restes des temples de Selinunte, montre assez que leur destruction fut effet d’une toute autre cause. Il est aisé de voir par l’ordre qui règne dans la position des matériaux, parles parallèles qu’ils out conservés dans leur chute, par les lignes droites où se trouvent encore des morceaux entiers d’entablement, que la démolition y a été l’ouvrage de violentes secousses de tremblemens de terre, qui auront renversé toutes les colonnes, et dans une direction uniforme, c’est-à-dire du couchant a l’orient.

Le plus petit de ces temples, celui du milieu, a conservé en place toutes les assises de ses colonnes. Cet édifice avoit six colonnes de face sur treize dans ses slance, en comptant deux sois celles des angles. Elles ont cinq pieds cinq pouces de diametre et leur entre-colonnement est de huit pieds cinq pouces. Elles sont cannelées, sans base, et portent sur le degré supérieur du soubassement. Ce temple paroît avoir été le plus achevé et le plus soigné dans ses détails, mais il est plus ruine que les autres dans sa partie intérieure.

Le second temple placés près du précédent, et dans une ligne parallèle à lui, est beaucoup plus ruiné el donne moins de prise au dessinateur, qui cherche à en rassembler les élemens. Il avoit également six colonnes dans ses sronts, et treize dans ses flancs, en comptant deux fois celles des angles. Ses dimensions sont plus considérables. Du reste, c’est le même style d’ordre dorique.

Les dessinateurs du Voyage pittoresque de l’abbé de Saint-Non, passèrent des ruines de ces deux temples à celles du plus grand de tous, qu’on croit avoir été le temple de Jupiter Olympien. Il étoit d’une dimension qu’on doit appeler colossale. Le diamètre des colonnes, à leur assise inférieure, étoit de dix pieds, et la mesure de l’eutre-colonnement etoit égale à’ celle de ce diamètre. Ce temple étoit un pseudodiptère. Il avoit huit colonnes de sront et seize aux ailes, ou slancs.

Tout l’emplacement do ce vaste’ édifice est couvert de blocs de pierres énormes, entas ées les unes sur les autres. Quelques-unes plus distinctes par la position que leur a donnée leur chute, laissent mieux apercevoir la place qu’elles ont dû occuper. Certaines pierres de l’entablement ont vingt-quatre pieds dix pouces de longueur. Il paroit que l’intérieur de dix temple étoit décoré de deux ordres de colonnes l’un sur l’autre.

On remarque dans les colonnes des sronts et dans celles des flanes, que quelques-unes seulement furent cannelées, ce qui prouve que ‘l’achèvement vement du monumens fut interrompu pu pur la guerre,