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aujourd’hui séparés des monumens sur lesquels ils furent exécutés.

Ainsi tout nous dit, dans quel esprit l’architecture antique employoit la sculpture de bas-relief. Or, il nous semble que le simple bon sens doit toujours en prescribe le même emploi, soit dans les frises des entablemens, soit autour des murs d’enceinte, soit sur les vases. , et sur toute superficie qui ne sauroit admettre l’idée d’un renfoncement.

A moins, en effet, de quelque cas particulier, où la sculpture en bas-relief se trouvera appelée à remplacer la peinture, dans un cadre donné et indépendant de la construction du monument, l’emploi que la nature des choses lui assigne, doit constamment se réduire à être une sorte d’écriture figurative, c’est-à-dire que les personnages, les faits et les choses qu’elle représente, doivent, autant pour son intérêt que pour celui de l’architecture, se développer sur un petit nombre de plans, et de manière à ce que la superficie des membres ou des parties de l’édifice n’en soient ni n’en paroissent altérées.

Quant à la sculpture en statues, tout le monde en connoît les emplois divers dans l’architecture, et on sait assez sous combien, de rapports elles contribuent à l’embellissement des édifices, soit qu’on les place comme couronnemens de leurs sommets, soit qu’on les adosse aux murs, soit qu’elles occupent les intervalles des colonnes, soit qu’elles remplissent les niches qu’on leur destine.

La connoissance plus exacte que les voyageurs nous ont donnée de plus d’un temple en Grèce, nous a révélé un emploi des statues, qui pourroit avoir été plus fréquent qu’on ne pense, et sur lequel on n’avoit eu précédemment que des notions conjecturales. Je veux parler des statues placées dans les tympans des frontons. Il est avéré, par les figures mêmes qu’on a déplacées des frontons ruinés du temple de Minerve à Athènes, et qui ont été transportées a Londres, que l’espace intérieur de ces frontons étoit occupé de chaque côté du temple, par plus d’une vingtaine de figures qui étoient des statues susceptibles d’être isolées, et aussi bien terminées dans la partie adossée au tympan que dans celle qui faisoit face an spectateur. Pareil emploi de statues avoit eu lieu dans les frontons du temple d’Epine, ainsi que l’ont prouvé les restes de statues trouvés au bas des frontispices de ce temple, parmi les débris ou ils s’étoient conservés, Ces faits bien constans ont fait présumer que certaines suites de statues antiques, telles que celle de la famille de Niobé, avoient pu occuper de semblables espaces. Cet emploi jusqu’ici inconnu des statues dans les édifices, ne doit pas cependant exclure celui de la sculpture en bas-relief appliquée aux frontons ; l’on peut croire même que la grande saillie des statues ne permit de les y placer, qu’à raison de la profondeur que le fronton recevoit ; et cette profondeur étoit une des conséquences naturelles de la grande


projecture des membres et des profils de l’ordre dorique.

De la valeur que la sculpture donne aux édifices.

Quand on se figure ce grand nombre d’emplois affectés à la sculpture, dans les ouvrages de l’architecture, il est facile d’imaginer tout ce que ce dernier art en reçoit de valeur, tant pour le plaisir des yeux que pour celui de l’esprit. Combien de superficies et d’espaces donnés par la construction, commandés par la solidité, et par une multitude de besoins ou de sujétions, resteroient insignifians, et vides d’effet, comme d’impression sur les sens, si la sculpture ne venoit, avec les variétés de ses ornemens, en rompre la monotonie, en corriger la froideur ! A ne considérer les travaux de la sculptureque sous ce rapport, on est obligé de reconnoître qu’ils deviennent pour l’architecture, un moyen dont la privation elle-même ne laisse pas de contribuer à caractériser les édifices. S’il en est qui doivent leur valeur au luxe et à l’abondance des sculptures d’ornement, il y en a d’autres dont l’effet, l’impression et la beauté tiennent précisément à l’absence totale de ces accessoires. Qu’on suppose un pays où l’architecture, sans aucune coopération de la sculpture, seroit réduite à l’uniformité de la matière, et aux seules variétés de formes ou de proportions, il n’est pas malaisé de pressentir ce quo cette sorte d’unisson produiroit d’indifférence, sur le plus grand nombre des hommes.

La sculpture, par tout ce qu’elle répand da variétés dans les édifices, semble en quelque sorte leur donner un principe de vie ; elle en multiplie les espaces en les diversifiant, elle y crée des besoins qui deviennent des plaisirs, elle y introduit des objets de comparaison, qui font mieux apprécier les distances et les dimensions, elle fournit à la vue des échelles de rapports et de mesures.

Est-il nécessaire de dire à quel point, les sujets que l’architecte demande au sculpteur, de traiter sur les emplacemens qu’il lui fournit, contribuent à satisfaire l’intelligence et l’esprit du spectateur, soit en l’instruisant de la destination du local, soit en lui retraçant les souvenirs qui s’y rattachent, soit en éveillant en lui des idées qui ajoutent le charme de l’impression morale, au plaisir de la sensation physique ? N’est-ce pas au choix ou judicieux ou ingénieux des objets, soit historiques, soit poétiques ou allégoriques, que te ciseau du sculpteur retrace, tant en dedans qu’au dehors des édifices, que le spectateur doit de pouvoir apprécier avec la connoissance même de l’emploi d’un monument, cet heureux effet de l’harmonie morale, qui en met toutes les parties d’accord aven l’ensemble, et fait respectivement servir à un but commun l’utile et l’agréable ?

Si tels sont les avantages que l’architecture re-