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dans ces petits emplois, soit monolythe ou composé de plusieurs assises. Mais de vaines singeries ont quelquefois fait imaginer de reproduire au milieu de nos places des obélisques de la hauteur de ceux de l’Egypte et qui n’arriveraient à de telles dimensions qu’au moyen de beaucoup d’assises. L’insignifiance d’un pareil monument dans nos mœurs doit assez avertir, que si l’on n’y compense pas ce défaut, par le mérite ou d’une grande difficulté vaincue, ou du prix que la rareté d’un seul bloc de pierre de cent pieds de haut peut donner à une chose inutile, on ne feroit, avec une telle dépense, que la parodie ridicule d’une grande chose.

OBSERVATOIRE, s. m. On donne ce nom à un édifice fait ordinairement en forme de tour, sur un terrain élevé, autant que les localités le permettent, et se terminant en terrasse propre à faire les observations astronomiques, et d’autres expériences physiques.

Le plus grand et le plus bel observatoire qu’on puisse citer comme monument d’architecture, est sans aucun doute celui de Paris qui fut élevé par Claude Perrault, à l’extrémité du faubourg Saint-Jacques et au haut de la rue d’Enfer. Cet édifice remarquable à beaucoup d’égards, mais situé à une des extrémités les moins fréquentées de la ville, étoit en quelque sorte inconnu au plus grand nombre des habitans, ou du moins ne leur étoit guère connu que de nom. Le percement d’une grande et belle avenue tracée sur les terrains qui séparent cet édifice du palais du Luxembourg, a, depuis quelques années, produit une ouverture qui les met aujourd’hui en regard, et, en faisant de l’Observatoire une des perspectives du jardin, l’a, si l’on peut dire, rapproché de la ville, en donnant au public l’occasion de s’en approcher tous les jours.

L’édifice du l’Observatoire est, avec la colonnade du Louvre, le monument sur lequel Claude Perrault a fondé sa réputation. Nous en traiterons a l’article de ce célèbre architecte (voy. Perrault), sous le rapport du goût, du style et du caractère. Ici on se contentera d’abréger la description qu’en a donnée J.-F. Blondel, tom. II de l’Architecture française.

La forme de cet édifice est un rectangle d’environ 16 toises sur 14, flanqué de deux tours pentagonales du côté du midi. À la face opposée (celle du nord), et au milieu de cette façade, est un pavillon extérieurement carré, qui donne entrée, au rez-de-chaussée, dans un vestibule à pans dont la voûte est percée. Le plan du premier étage se compose de différentes pièces, qui ont chacune leur destination scientifique. Originairement l’espace octogone d’une des deux tours étoit sans voûte ; il formoit une sorte de puits destiné à mesurer la quantité d’eau qui tombe annuellement. Cet espace a, depuis, été couvert en voûte d’arête ; et la communication établie par les arêtes de cette voûte, fait que deux personnes parlant bas, l’une d’un côté, l’autre de l’autre, s’entendent entr’elles lorsque ceux qui sont au milieu n’entendent rien. On appelle cette pièce le cabinet des secrets. La pièce du milieu est nommée méridienne, parce que c’est que M. Cassini a tracé la ligne méridienne qui traverse l’axe de l’édifice. On y a pratiqué une petite ouverture circulaire faite pour observer les degrés d’accélération de la chute des corps : cette ouverture perce également tous les plafonds des étages, depuis les souterrains jusqu’à la terrasse supérieure qui couvre tout l’édifice.

Il faut observer que dans la construction de cet observatoire on n’a employé ni fer ni bois ; toutes les pièces sont voûtées avec la plus grande solidité, et l’appareil de chacune peut passer pour un chef-d’œuvre dans l’art du trait.

L’utilité ayant été le principal objet d’un semblable édifice, l’architecte n’en a voulu devoir la beauté qu’à la simplicité des formes, à la justesse de l’appareil, à la régularité des masses : il a compris que le lieu des observations devant être au premier étage, il y falloit de vastes ouvertures et des fenêtres fort exhaussées ; c’est pour cela qu’il a élevé cet étage sur une espèce de soubassement dont la destination particulière n’exigeoit que des fenêtres d’une modique hauteur. Toutes les croisées des façades sont à plein cintre, sans aucun ornement.

OCRE, s. f. Les ocres ou les bols sont des substances d’apparence argileuse, qui sont colorées en jaune ou en rouge par une certaine quantité de fer qui devient sensible à l’aimant, quand on calcine ces terres, de manière à les faire passer au rouge-brun, et même au noir.

Les ocres se dissolvent dans l’eau, pour laquelle elles ont une grande avidité. Pour obtenir une couleur plus pure, et dégagée de toute matière étrangère, on les broie, on les lave à grande eau, et on les décante jusqu’à ce que le lavage ne fournisse plus de couleur ; alors on jette le sédiment. Voyez le Dictionnaire des Beaux-Arts, article Ocre.

Les ocres rouges naturelles sont plus rares que les jaunes ; la plupart de celles qu’on répand dans le commerce sont des préparations artificielles, ou des ocres jaunes calcinées.

Voici les plus connues des ocres rouges : Ocre ou bol rouge d’Arménie ; il est d’un rouge-pâle, et est plus employé en médecine qu’en peinture. — Ocre rouge de Bucaros en Portugal, d’un rouge-orangé ; on en fait dus poteries. — Ocre rouge d’Afrique ; les Caffres s’en servent pour se peindre le corps. Les ocres jaunes de bonne qualité sout assez rares, et les couches en sont peu abondantes. Nous les tirons de la Bourgogne et du Berry. — L’ocre de rhue, d’un jaune-foncé, vient d’Angle-