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troduit des tuileaux ou des morceaux de briques qui, se mêlant avec le plâtre liquide, donnent à l’objet qu’il faut fixer la plus grande fermeté. On emploie le plus souvent à sceller les grilles et les barres de fer, le plomb fondu. Depuis quelques années on a mis en œuvre, et avec assez de succès, pour des scellemens de fers d’appui, le soufre liquéfié au feu.

SCÈNE, s. f. , du latin scena. C’est le même mot ; mais ce mot, en français, tout en exprimant, sous un certain rapport, une idée à peu de chose près semblable, ne laisse pas de nous présenter, selon les pratiques fort diverses de la construction des théâtres et du la représentation scénique, deux objets distincts entr’eux.

Dans l’usage de la langue, en français, et selon les erremens du théâtre moderne, on appelle scène, quant à l’idée matérielle du ce mot, le lieu du théâtre compris entre la toile du fond, les coulisses de l’un et de l’autre côté, et ce qu’on appelle la rampe qui le sépare du reste de la salle. C’est là que se représente l’action, que se tiennent les acteurs, et que se passe le spectacle. On voit que le mot scène, entendu dans le sens que l’usage actuel lui donne, et que l’objet même qu’il exprime, selon les pratiques de la représentation dramatique dans nos théâtres, ne sauroient donner lieu ni à beaucoup de descriptions, ni à de longs développemens, surtout en sait d’architecture. Ce que le sujet peut comporter d’observations, ou de préceptes, quant à l’étendue et quant aux rapports de proportion, que notre scène doit avoir avec les spectateurs, se trouvera sort naturellement au mot THÉATRE. Voy. ce mot.

La scène, telle qu’on la doit entendre, et telle qu’on la pratiquoit dans les théâtres grecs et romains, étoit au contraire un ouvrage d’architecture des plus remarquables. C’étoit une construction importante et susceptible de la plus riche décoration. Au lieu d’être le lieu, le terrain même sur lequel l’action est censée se passer et où les acteurs se tiennent, c’étoit une façade de bâtiment servant de fond, au lieu appelé proscenium, avant-scène, lieu beaucoup plus large, mais beaucoup moins profond, relativement parlant, que le lieu de la scène moderne ; cet espace étoit resserré par le mur de lascena d’un côté, et par le pluteus de l’autre.

Pour bien comprendre les raisons qui établirent une telle dissemblance, dans la représentation dramatique, entre le lieu de l’action chez les Anciens, et le même lieu chez les Modernes, il faut se rendre compte de deux causes principales, dont la première lient à la différence des mœurs chez les ans et chez les autres, et la seconde à la différence du principe ou du système imitatif de l’art, dans l’antiquité et dans lus temps modernes.


Avant même de parler de la différence des mœurs, qui étant, en quelque sorte, le modèle primitif de l’art dramatique, imposent à son imitation des conditions sort diverses, il convient de faire remarquer, que cet art prit très-certainement naissance en Grèce, et qu’aucun usage étranger n’ayant influé sur son développement, ce fut une nécessité aux poëtes qui se succédèrent, d’approprier leurs compositions aux types et aux données naturellement simples que prescrivait un vaste local, établi en plein air, pour une immense assemblée, à laquelle on ne pouvoit présenter, au lieu des petits détails d’intrigue domestique, que des tableaux tracés grandement, d’après de grands événemens politiques, ou d’après des sujets de mœurs peu compliqués. Il n’eu fut pas ainsi des temps modernes. L’art dramatique, en se reproduisant d’après les ouvrages de l’antiquité, partit du point où ces ouvrages l’avoient porté. Resserré, par les conditions nouvelles des usages scéniques, dans des espaces, ou des locaux bien plus étroits, ayant à s’adresser à un bien moindre nombre d’auditeurs, il lui fut naturel d’enchérir de détails, sur les compositions antiques, et d’imaginer des actions ou des sujets beaucoup plus variés, et exigeant dès-lors d’être placés, pour la vraisemblance de l’imitation, dans des lieux dont les conventions de l’ancien théâtre ne permettoient pas de disposer.

C’est ici qu’il convient de montrer, que les mœurs dans l’antiquité contribuèrent encore plus puissamment à mettre dans la représentation scénique, ce que nous appelons l’action, en un lieu extérieur, à la différence de l’usage moderne, qui la place le plus souvent dans l’intérieur des maisons on des édifices.

Chez les Anciens, surtout aux premiers âges de la tragédie, le chœur étoit une partie constitutive, non pas seulement du spectacle, mais de l’action. Le chœur, ou du moins le coryphée, étoit souvent lui-même un personnage parlant. Or, il n’y avoit rien que de naturel à voir ainsi le chœur représentant une multitude dans un lieu public. La chose eût été le plus souvent invraisemblable, si l’action eût été censée avoir lieu dans un intérieur d’habitation.

Il paroît d’ailleurs qu’il eût été contraire aux bienséances, de faire sur le théâtre ce que ne pouvoit pas autoriser l’usage général, c’est-à-dire d’introduire, en quelque sorte, les spectateurs dans l’intérieur des maisona, qui particulièrement chez les Grecs, n’étoient pas à beaucoup près aussi accessibles à tout le monde, qu’elles le sont dans les mœurs modernes. Il n’eût pas, ainsi, été loisible au poëte, de montrer au public le gynécée, ou l’habitation des semmes, qui paroît n’avoir été accessible à aucun autre homme qu’au maître de la maison. Or, cette observance d’usages domestiques devoit avoir lieu, non-seulement dans la comédie, mais encore dans la représentation des sujets tragiques