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et en général d’objets qu’on appelle de nature morte.

L’infériorité, de ce genre à l’égard de la mosaïque, tient à la nécessite d’employer en compartiments, des matières d’une plus grande étendue, qui dès-lors ne se prêtent point à ces dégradations insensibles des couleurs d’où résulte l’illusion. Ce oui en fait le mérite d’ailleurs, c’est précisément cette difficulté ; c’est ensuite la rareté des matières, c’est leur dureté, et la crierie d’un tel gente de travail.

Ce genre de luxe a été porté nu plus haut degré, dans plusieurs des églises de Palerme en Sicile, où l’on voit non-seulement des tables et des devants d’autel de ce travail, mais où l’on admire les piédroits, les arcades et les détails de la construction, entièrement revêtus de compartiments arabesques les plus composés et les plus diversifiés, et formés avec la plus étonnante précision et le plus grand éclat, de toutes les pierres précieuses qui entrent dans le lavaro a commesso.

SCAMOZZI (VINCENZO), né en 1552, mort en 1616.

D’après les notions que Temanza nous a données sur cet architecte célèbre, il aurait eu pour premier maitre Dominique Scamozzi son père, connu à Vicence, sa patrie, comme bon constructeur, employé encore comme ingénieur habile à lever les plans des villes et des terrains, et qui s’étoit acquis par ces diverses ressources, avec une existence honorable, assez d’aisance pour bien élever sa famille. Cela suffit pour nous indiquer comment Vincent Scamozzi se trouva naturellement porté à étudier l’architecture.

Mais la date de sa naissance, et le pays où il vit le jour, nom disent tout aussi bien comment il devint un des plus grands architectes de son temps. L’architecture étroit en effet alors singulièrement en honneur dans sa patrie. Cétoit l’époque où une impulsion générale portoit tous les riches, tous les personnages, tous les hommes en dignité à se distinguer par des habitations, qui dévoient témoigner après eux de leur goût et de leur amour pour les beaux arts. L’Etat de Venise étroit devenu alors le chef-lieu de l’architecture civile. San Micheli, Sansovino, Palladio, y avoient transporté, si l’on peut dire, l’école de cet art. Ce fut la que devait se former Vincent Scamozzi.

Déjà quelques projets, fruits de ses premières années, avaient annoncé un continuateur du goût de ces grands, maîtres, et un sujet qui leur promet toit un digue successeur. A l’âge de dix-sept ans, il avoit fait pour les comtes Alexandre et Camille Godi, le projet d’un palais de sou invention, qui à la vérité ne fut pas exécuté, mais qui méritoit de l’être. On y remarqua surtout, l’intelligence avec laquelle il avoit su faire sortir d’un terrain fort irrégulier, un plan, dont toutes les parties se


trouvoient comme redressées, et ramenées à une régularité parfaite. Scamozzi nous a lui-même transmis. dans son Idea dell architettura (parte prima, lib. 3, ch. 16), le plan et l’élévation d’une assez grande maison de campagne, qu’il construisit à Villa Verla, pour le comte Leonard, Verlato, et il nous apprend que ce fut un des ouvrages de sa première jeunesse (secondo i nostri giovanili disegni). C’est un fort beau corps de bâtiment, dout l’étage principal se trouve élevé sur un très-haut soubassement rustique. Huit colonnes ioniques y forment comme une sorte d’avant-corps peu saillant, et du côté de la cour, la même ordonnance se trouve répétée à une loggia, dont la saillie comprend les escaliers. Symétrie dans le plan, élégance dans l’élévation, tout y annonce le beau style de l’école vénitienne.

Mais le jeune Scamozzi comprit bientôt qu’il y avoit à recevoir de cette école d’autres leçons, je parle de ces leçons pratiques, sans lesquelles l’architecte, simple théoricien, court risque, ou de faire des projeta inexécutables, ou d’être obligé de l’aire exécuter ses idées par ceux qui, ne les ayant point conçues, n’en sauroient saisir l’esprit. C’est pourquoi il se rendit à Venise, où se trouvoient en construction beaucoup de monumens des premiers maîtres d’alors. Lui-même, il nous apprend, qu’il s’étudia à saisir sur le chantier les porteclés qu’ils mettaient en œuvre. On ne sauroit douter qu’il n’ait dû beaucoup apprendre dans les ouvrages de Palladio, et que le goût, le style et la science de ce grand-homme, n’aient exercé sur lui une très-active influence, Rien, au reste, ne le prouve mieux, quoiqu’il ait pris à tâche de dissimuler cette sorte d’obligation, que ses propres travaux, où on doit savoir gré d’avoir suivi les traces de ses illustres prédécesseurs.

Dans tout art il se donne une époque, où le génie étant arrivé à une certaine hauteur, une sorte de point d’arrêt semble interdire à ceux qui surviennent, les moyens d’aller plus loin. C’est le moment où l’orgueil de l’esprit se révolte de plus d’une manière. Les uns se persuadent que c’est en faisant du nouveau, qu’ils s’élèveront au-dessus de leurs anciens, et voilà le principe habituel du mauvais goût et de la bizarrerie. D’autres arrivés sans effort, grâce aux efforts faits avant eux, à une bailleur dout ils ont trouvé tous les chemins frayés et aplanis, s’approprient le mérite d’un talent dout ils doivent une grande partie aux ouvrages qui les ont précédés ; l’amour-propre leur conseille alors de paroîtrs dédaigner ce qui s’est fait, et tout en restant imitateurs, ils ambitionnent de passer pour originaux, enfin de ne paroître les obligés de personne.

Ce dernier genre de travers fut celui de Scamozzi. L’histoire, qui nous l’a révélé, nous apprend, que tout en étudiant le génie de Palladio dans ses œuvres, il avoit affecté de n’avoir aucun rapport avec lui, ni avec les autres maîtres habiles de ce