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SANMICHELI, né à Vérone en 1484, mort en 1549.

L’Italie dut à plus d’une cause, dont on ne parlera point ici, cette primauté, mais surtout cette priorité ; qu’elle a obtenue snr toutes les nations de l’Europe, dans un grand nombre de travaux d’art et de science. Il est certain que jamais elle ne cessa de voir luire quelque rayon de cette ancienne lumière, dont elle avoit été jadis le foyer, et dont le reste de l’Europe n’avoit recu que des lueurs fugitives, bientôt obscurcies dans la nuit du moyen âge. Partout, le sol de l’Italie moderne avoit conserve des débris de la magnificence de l’ancienne. Sa langue même, dialecte dégénéré du latin, avoit continué de mettre ses nouveaux habitans, en rapport avec les traditions et les counoissances de l’antiqueite ; et lorsque la chute de l’empire d’Orient ent fait resluer chez elle les savans de Byzance, les Italiens se trouvèrent initiés a la culture, des lettres grecques, lorsque partout ailleurs on’en ignoroit les élémens.

La division de l’Italie moderne, morcèlee en petits états rivaux et jaloux les ans des autres, y produisit encore une émutation qui y multipliales esforts en tout genre, Plusieurs de ces petits états florissoient par le commerce, quand le commerce étoit ou inconnu ou dédainage dans les plus grands royaumes. Il n’y eut point jusqu’à l’art de la guerre, qui ne dut alors une sorte de persectionnement aux querelles sans cesse renalssantes de ce grand nombre de villes limitrophes, Il est avoué depuis long-temps que l’Italie ent même l’lionneur de changer et d’améliorer, dans le seizième siècle, tout le système de la fortification des places ; et Sanmicheli fut l’auteur de cette révolution.

Si son talent s’étoit borné à cette science, si l’on n’avoit á remplir son article que de l’énumération des bastions qu’il éleva, des citadelles ou des remparts dont il changea le système, et de ces travaux dont la solidité doit saire le principal mérite, nous aurions laissé aux trairés du génie militaire, le soin de faire valoir, avec l’étendue nécessaire, les services qu’il a rendus à l’art de la défense des places.

Mais Sanmicheli sut, comme beaucoup d’architectes de son temps, et même beaucoup mieux qu’aucun d’eux, réunir aux profondes connoissances de l’ingénieur militaire, à la science la plus consommée dans la construction, le talent, le goût et le génie de figurer dans la première classe des grands architectes du seizième siècle, dont il fut peut-être le plus habile comme constructeur ; et il a de plus le droit d’être encore vanté dans les travaux de simple construction, pour avoir su y porter, avec un succès très-rare et une habileté particulière, le génie de l’architecte.

Il y auroit, dans la réalité, deux notices histo-


riques à faire sur lui, comme il y avoit en lui deux artistes, dont un seul eût pu prétendre à la plus grands célébrité.

Nous ne nous proposons toutefois que de retracer, dune inamere fort abrégée, l’ensemble des mérites et des travaux de Sanmicheli, et, pour ne point établir trop de confusion dans leur description, nous traiterons d’abord succinctement des ouvrages d’architecturé militaire, qui occupèrent une si grande partie de sa vie, réservant le reste de cet article aux ouvrages qui sont plus spécialement l’objet de ce Dictiontraire.

Sanmicheli eut pour preariers, maltres son péreet son oucle, tres-bons architectes, mais dont Il devoit, par la suite, surpasser le urerite et dès-lors éteindre la réputation. Il apprit d’eux les éléments de l’architecture ; bientôt son génie lui fit pressentir qu’il y avoit line école supérieure à celle des maitres de son temps, et que les maîtres de cette écote étoient les moumens de l’antiquité, dont l’amphithéâtre de Vérone lui avoit déjà révélé l’ existence et la vertu. A l’age de seize ans il quitta sa ville natale, pour aller apprendre son art dans les édifices de l’ancienne Rome. Il en étudia les principes, les formes et le goût, et il se les appropria, non-seulement par les dessins qu’il en frt, par les mesures qu’il en prit, mais par cette étude raisonnée qui en approfondit la théroie, et cherche dans l’effet de chaque ouvrage, la cause qui le lui fait produire. Ainsi parvint il en fort peu de temps à acquérir, tant dans Rome, que dans les pays voisins, la réputation d’un architecte consommé.

Il l’augmenta par les travaux, dont nous parlerons plus bas, à la cathédrale d’Orvietto, par la construction de l’église de Monte-Fiascone, et par d’autres ouvrages pour des particuliers, qui attirèment sur lui l’attention de Clément VII. Ce Pape, au milieu séntoit le besoin de fortifier le plus grand nombre des villes de l’Etat ecclésiastique, et surtout Parme et Plaisance, plus exposées que les autres, et par leur éloignement de Rome, et par leur proximité avec les puissances belligérantes. Il chargea de ces soins importans Sanmicheli, et il l’associa à Antoine Sangallo. Tous deux s’acquittèrent de cette pénible mission à l’entière satisfaction du Pontife. Ainsi, Sanmicheli se trouva porté dans un genre de travaux qui dévoient un jour immortaliser son nom.

Il eut, après plusieurs années qu’exigea de lui cette commission, le desir de retourner dans sa patrie pour revoir sa famille, et aussi dans l’intention d’examiner les forteresses de la république de Venise. Il visita Trévise et Padoue, sans autre vue que d’en étudier, sous le rapport de l’art, les constructions militaires. Le gouvernement vénitien lui soupçonna d’autres projets, et le fit arrêter comme espion. L’examen de sa conduite et de sa personne ne tarda pas a démontrer qu’on