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nombre chacune de six, élevées sur des piédestaux, soutiennnent une voûte en plein cintre, richement ornée de caissons. Les deux rangs de colonnes forment, de chaque côté de l’allée principale, deux allées collatérales plus petites. Des colonnes engagées dans le mur, répondent aux colonnes isolées, et leurs entre-colonnemens ont des niches.

Le quadrangle de la cour a, entre les colonnes des portiques, quatre-vingt-trois pieds d’étendue dans chacun de ses côtés. Son élévation se compose des trois ordonnances dont nous avons vu la répétition, dans le corps du milieu de la façade du palais, sur la rue Giulia, Deux rangs d’arcades en portiques ouverts, avec galerie circulant à l’entour, forment le rez-de-chaussée et le premier étage. Le rang inférieur des portiques est en piédroits avec colonnes doriques, dont la frise est ornée de triglyphes et de métopes, où sont sculptés des symboles divers. Il n’y a guère d’architecture mieux traitée, plus correcte et plus classique. On remarque cependant que les piédroits de ces portiques ont comme une double imposte l’une au-dessus de l’autre, particularité dont il y a peu d’exemples. Quand on en cherche la raison, on voit que cette imposte se compose, non-seulement des profils des chapiteaux de la colonnade d’entrée, mais encore de ceux qui en forment l’entablement et la corniche.

Le second rang de portiques est aussi en arcades et piédroits occupés par un ordre ionique. La frise est ornée de festons continus. C’est pour la beauté de la construction, la correction des formes et la pureté d’exécution, le même goût et la même manière. Vasari a prétendu que cet étage fut construit par Michel Ange. Rien cependant ne dénote une utre main ; rien surtout n’y indique le moindre changement de direction. S’il saut admettre la notion de Vasari, ce sera en reconnoissant que le dessin de cet étage, étant arrêté, et peut-être aussi sa construction étant déjà avancée, Michel Ange, en le terminant, ne put que continuer le projet de Sangallo.

Il n’en est pas de même du troisième ordre formant le second étage au-dessus de celui du rez-de-chaussée. Cet étage n’est plus en portiques et galeries ouvertes. Il présente la devanture d’une façade percée de croisées, dont les trumeaux sont décorés de pilastres corinthiens. Il y a, dans cet étage, toutes sortes de caractères indicatifs du style de Michel Ange et de son goût d’ajustement. On ne sauroit y méconnoitre le genre maigre et alongé de ses chambranles, les petits détails capricieux des ornemens de leurs frontons, et cette pratique de ressauts ou de pilastres doublés, dont on trouveroit difficilement des exemples avant Michel Ange.

On feroit un article beaucoup trop long, si, après avoir parcouru les détails de l’architecture extérieure du palais Farnèse, on prétendoit, entrer dans ceux de sa distribution intérieure. Elle présente partout l’intelligence d’un architecte consommé, qui sait réunir, à la régularité des lignes, la commodité des dégagemens dont, selon les mœurs de chaque siècle, les habitations ont besoin. Tout, au palais Farnèse, est taillé en grand : c’est un palais toujours digne d’être habité par un prince. Quoique, depuis long-temps, il soit resté inoccupé, par le hasard qui a transporté au roi de Naples tous les biens de la famille Franèse, et quoiqu’une grande partie de ses richesses intérieures en ait été enlevée, on y admire toutefois encore la magnifique galerie peinte et décorée par Annibal Carache, et qui a servi de type et de modèle, à toutes celles qui ont été faites depuis dans le même genre.

Mais, comme on l’a déjà dit, l’architecture de la cour du palais Farnèse est restée aussi, dans son genre, la plus parfaite imitation du style antique de construction, qui résulte de l’alliance des colonnes avec les arcades. Ce style plus lourd, sans doute, et moins élégant, mais beaucoup plus solide que celui des colonnades, est, par cette raison-la même, préférable, lorsqu’il s’agit d’élever plusieurs étages les uns sur les autres. Le bel effet et la durée de cette méthode de construire, sont prouvés par les restes encore aujourd’hui si durables des théâtres et des amphithéâtres antiques. La cour du palais Farnèse rivalisera toujours avec ces monumens de l’art et du génie de l’ancienne Rome.

De temps immémorial, il a régné des différends entre les habitans de Term et ceux de Narni, au sujet du lac de la Marmora, et du débouché qu’il falloit donner à ses eaux, les uns s’opposant aux opérations que les autres sollicitoient, et réciproquement. Cette contestation, qui remonte aux temps les plus anciens, se reproduisoit de temps en temps, et on n’avoit pu réussir a en empêcher le renouvellement. Paul III chargea Sangallo de cette commission difficile. Il l’accepta, quoiqu’infirme et âgé. C’étoit au milieu des plus grandes chaleurs, qu’il se livroit aux travaux de cette opération difficulteuse. Il fut surpris d’une fièvre qui, en peu de jours, termina sa vie.

Son corps fut transporté de Terni à Rome, et après de pompeuses obsèques, auxquelles assistèrent tous les artistes et un grand nombre d’autres personnes, il fut déposé près de la chapelle du pape Sixte, dans l’ancien Saint-Pierre, et cette épitaphe fat placée sur son tombeau.

Antonio Sancti Galli entino, urbe muniendâ ac publ, operibus prœcipueque D. Petri templo ornan, architec facile principi, dùm Velini lacus emissem parat, Paulo Pont. Max, auctore, lnteramne intempestivè extincto, Isabella Dela mœstiss, posuit 1546. III. Kalend octobris.