Page:Encyclopédie méthodique - Architecture, T3.djvu/345

Cette page n’a pas encore été corrigée
SAN SAN 337


Le palais Farnèse forme un grand quadrangle de sent quatre-vingts pieds dans son petit côte, de deux cent quarante dans son côté le plus long.

Sa construction à l’extérieur est en briques, excepté les portes, les chambranles des croisées, l’entablement et la loggia sur la rue Giulia, qui sont en pierre traverline. Quant à l’intérieur de la cour, il est construit tout en entier de la même pierre, et dans aucun édifice on n’a porté plus loin la précision et la beauté de l’appareil, le choix et le travail de cette pierre. Vasari, dans son Traité préliminaire, a vanté l’excellence de cette construction, ainsi que la manière dont tous les détails y sont traités. Il est certain que, depuis les ouvrages des anciens Romains, rien n’a paru de plus parfait en ce genre. On doit dire même que la construction, sous le rapport de soin et de pureté, est supérieure dans le palais Farnèse, à celle de plus d’un édifice antique, tel, par exemple, que le Colisée, et elle peut entrer en parallèle avec celle du théâtre de Marcellus.

L’élévation extérieure est formée de trois étages ou rangs de fenêtres, en comptant celui du rez-de-chaussée, qui règnent de la manière la plus uniforme dans les quatre faces du palais. Cette symétrie n’est interrompue que parla loggia dont on a parlé, et sur une seule face. Quant à la face qui regarde la place, et qui est celle de la principale entrée, il n’y a d’exception à cette uniformité au premier étage, que pour la fenêtre du milieu qui est couronnée d’un écusson.

Les chambranles du rez-de-chaussée sont d’un caractère qui convient à cet étage, c’est-à-dire, d’un genre plus simple et d’une proportion plus courte que ceux de l’étage principal.

Ceux-ci sont du mode le plus riche que comporte l’architecture, c’est-à-dire, du genre des niches qu’on appelle à tabernacle. Ils se composent d’un encadrement accompagné de deux colonnes, dont les piédestaux ont en hauteur celle de l’appui des fenêtres. Ces colonnes d’ordre corinthien sont surmontées de frontons alternativement circulaires et angulaires. On a déjà parlé de la fenêtre du milieu de cette façade, et de sa différence ; elle n’est remarquable que par les quatre petites colonnes de marbre qui l’accompagnent, & par la suppression du fronton que remplace un écusson. Du reste, on ne citeroit nulle part une plus belle ordonnance d’étage, un plus bel accord et un ensemble plus régulier, dans toute la circonférence de cette grande masse.

Ce qu’on n’admire pas moins, c’est l’heureux espacement des étages, et des parties lisses sur lesquelles se détachent les bandeaux élégamment ornés, qui séparent et distinguent ces étages. L’architecte n’a pas négligé d’observer dans ces bandeaux, une progression de richesses qui vont toujours en croissant jusqu’à l’entablement.

Le troisième rang de fenêtres présente la même régularité d’ordonnance, et toutefois, dans leurs


chambranles, un choix de formes moins pures et de proportions mains sévères. Tout porte à croire que cet étage supérieur an dehors, comme on le sait de celui de l’intérieur de la cour, ne fut pas exécuté par Sangallo, et probablement ne le fut pas sur ses dessins. C’est précisément le goût sage, réguant dans tout ce qu’on sat avoir été son ouvrage, qui fait présumer qu’un goût différent du sien, aura imaginé ces fenêtres cintrées par le haut, sous un fronton dont la base est supprimée, et ces doubles consoles servant de support aux colonnes ioniques qui accompagnent les chambranles. Une recherche de variété sans motif, annonce déjà le style de l’école de Michel Ange.

On doit toutefois à ce dernier le grand et bel entablement qui couronne, avec autant de goût que de richesse, toute cette masse. On en a parlé à l’article de Michel Ange. Voyez BUONAROTI.

Tout ce qu’on vient de décrire appartient à la façade du palais qui donne sur la place, ainsi qu’aux deux faces latérales, qui participent, sans aucune exception, au même dessin, soit d’ensemble, soit de détail. La façade qui donne sur la rue Giulia, diffère des trois autres, seulement dans le corps du milieu, qui se forme d’un triple rang en hauteur d’arcades en pierres. L’ordre inférieur est dorique. Celui du premier étage est ionique, et la loggia de l’étage supérieur est une galeries ouverte par trois grandes arcades, dont les piédroits sont ornés de colonnes corinthiennes. C’est une répétition des trois ordres de la cour pour le goût, la forme et la dimension.

On ignore si cette loggia étoit entrée dans les projets de Sangallo, on si elle fut la suite de ceux de Michel Ange ou de Vignole, qui rachevèrent le troisième étage de la cour, ainsi que des vues d’agrandissement qu’avoit conçues le pape Paul III. Il est certain que, selon les intentions de ce Pontife, la façade principale du palais devoit être celle qui donne aujourd’hui sur la rue Giulia. Le seule décoration dont on vient de parler, l’annonce assez. Une seconde cour devoit, de ce côté, occuper l’emplacement où jadis étoit le bâtiment qui renfermoit le groupe (aujourd’hui à Naples) que l’on appeloit le Taureau Farnèse. Un pont devoit être construit dans cette direction, sur le Tibre, et établir une communication entre ce grand palais et celui qu’on appelle encore aujourd’hui la Farnesina, ouvrage de Balthazar Peruzzi.

Autant l’extérieur du palais Farnèse présente de sagesse et de simplicité dans l’ensemble de sa masse, et la disposition générale de ses parties, autant, lorsqu’on entre dans sa cour, les portiques quiy conduisent et ceux qui l’environnent, et l’architecture de tout cet intérieur, offrent de richesse et de magnificence. Le porche d’entrée du côté de la place est du genre le plus noble. Deux rangées de colonnes en marbre, isolées, au