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Bramante mort, le pape Léon X lui avoit donné, pour successeur dans la construction de Saint-Pierre, Raphael, auquel fut bientôt adjoint Joconde. Julien de, Sangallo vint ensuite. Joconde quitta, Rome etJulien de Sangallo se trouva forcé par ses infirmités de regagner Florence. Personne alors n’avoit plus de droit qu’Antoine Sangallo de remplir une place qui le faisoit succéder à son oncle et à son premier maître. Aussi le cardinal Alexandre Farnèse n’eut point de peine à obtenir ce choix de Léon X. Cependant la construction de Saint-pierre ne fit pas de grands progrès sous sa direction. Il fortifia les fondations et les piliers de Bramante, mais toute la dépense s’enfouissoit en terre. La succession des architectes, produite par les circonstances, multiplioit les projets. Chacun faisoit un nouveau modèle, et l’indécision ne faisoit qu’augmenter. Nous parlerons plus bas du modèle exécuté par Antoine Sangallo. Tout magnifique qu’il soit, il ne put fixer les opinions, et on verra que, malgré, et peut-être a cause de sa magnificence, il n’y a point de sujet de le regretter.

Du reste, sous le rapport de ses moyens de solidité, le monument n’auroit pu tomber dans des mains plus sûres et plus expérimentées. Antoine Sangallo eut plus d’une fois à réparer les erreurs de ses contemporains. Il rendit cet important service au bâtiment des Loges du Vatican. Par trop d’égards et de complaisances pour des locataires du palais, Raphael avoit ménagé, dans les soubassemens de sa construction, beaucoup de caveaux et de vides, qui devoient en affoiblir les points d’appui. Aussi, peu de temps après sa mort, ces belles galeries, menaçoient ruine. Antoine Sangallo les reprit en sous-œuvre ; il remplit les vides, renforça les fondations, et redonna à tout cet ensemble une solidité qui, depuis lors, ne s’est point démentie. Beaucoup de parties du Vatican lui ont la même obligation. Il rensorça un des côtés de la chapelle Sixtine. Il agrandit la pièce qui’la précède, y ouvrit ces deux vastes fenêtres que l’éclairent, et en fit une des plus grandes salles que l’on connoisse. La chapelle l’auline lui doit aussi sa magnificence, et, par ses soins, toutes les parties du Vatican, au moyen d’escaliers ingénieusement pratiqués, se trouvèrent mises en communication avec l’église de Saint-Pierre.

En général, ces sortes du travaux, ne sont guère propres à indemniser, par beaucoup de gloire, l’architecte qui s’y livre. Cependant Sangallo se fit, et très-justement, un grand honneur dans la restauration de l’église de Lorette, la même dont Julien de Sangallo, son oncle, avoit três-habilement exécuté la coupole, mais en présumant trop bien de la solidité de ses piliers, construits par Julien de Mayano (voyez l’article précédent). Cependant l’an 1526, la


bâtisse, qui jusqu’alors n’avoit pas manifesté le moindre effet, vint à se lésarder et à s’ouvrir, non-seulement dans les grands arcs du dôme, mais dans tout le reste de l’église, au point de menacer d’une ruine inévitable et prochaine. Le mal provenoit des fondations qui n’étoient ni assez fortes, ni assez profondes. Antoine Sangallo, chargé par le pape. Clément VII de remédier à ce mal, se mit à étayer toute la construction et à soutenir toutes les arcades avec de sortes armatures. Il y resit des fondations, rensorça les murs et les piliers en dedans et en dehors. Après leur avoir redonné une solidité à toute épreuve, il profita de cette refaçon, pour changer et améliorer l’ordonnance générale, et resaire d’autres profils, un autre entablement, et il parvint, en lui redonnant une forme nouvelle, à rendre cette église, devenue son ouvrage, une des plus belles de l’Italie.

Nous dirons donc ici, avec Vasari, que restaurer ainsi, c’est créer, et même faire quelque chose de plus difficile. En effet, créer un édifice est chose naturelle, mais le ressusciter (ajoute-til), cela tient du miracle.

Antoine Sangallo étoit trop habile constructeur, pour n’être pas un grand ingénieur. Presque toute sa vie fut partagée entre les travaux d’architecure civile et ceux de l’architecture militaire. En fait de fortifications, son coup d’essai fut l’exécution de celles de Civita-Vecchia. Son projet eut l’avantage d’être préféré aux dessins des plus habiles ingénieurs, que le Pape avoit réunis. La citadelle d’Ancône, celle qui est à Florence, près de la porte à Prato ; celle de Népi, pour le duc de Castro, sont des monumens de son savoir, auxquels on pourroit en ajouter beaucoup d’autres, qui suffiroient chacun à la réputation des plus habiles constructeurs ; cependant nous n’en dirons rien, non plus que des sortifications de Pérouse, d’Ascoli, etc. Ces travaux d’architecture militaire font sans doute honneur à l’artiste ; mais ils n’annoncent que trop des époques ordinairement funestes à l’art.

Il en est peu qui aient été aussi désastreuses, et pour les arts, et pour les artistes, que celle de l’an 1527, où Rome fut prise, pillée et saccagée par les troupes allemandes. Les plus beaux monumens surent violés, beaucoup d’artistes périrent, et presque tous se dispersèrent. Clément VII se retira à Orviette avec la Cour pontificale.

Le manque d’eau se saisant éprouver dans la ville, Sangallo y construisit un puits, qu’on doit mettre en tête des plus beaux ouvrages de ce genre. Il est construit tout en pierres de taille, dans un diamètre de vingt-cinq brasses. Deux escaliers en spirale, pratiqués l’un au-dessus de l’autre, dans le tuf, conduisent jusqu’au fond les bêtes de somme qui vont y chercher de l’eau. Par l’une de ces pentes, elles arrivent jusqu’au pont, où on les charge, et remontant par l’au-