Page:Encyclopédie méthodique - Architecture, T3.djvu/339

Cette page n’a pas encore été corrigée
SAN SAN 331


Sangallo, blessé de cette préférence, quoique le Pape l’eût associé à Bramante pour tous les autres travaux, retourna à Florence, non sans y rapporter un grand nombre de présens, dont le pontise avoit honoré son talent. Le gonfalonier Pierre Soderini, charmé de l’incident qui rendoit à Florence son habile concitoyen, se hâta de lui confier des travaux ; qui l’occupèrent pendant six mois. Bientôt une lettre du Pape redemanda Sangallo. Il fut obligé de revenir à Rome ; mais le Pape, qui croyoit l’employer comme architecture, l’obligea de le servir comme ingénieur, dans les guerres qu’il avoit à soutenir. Nouvelle demande de congé de la part de Sangallo. Enfin, le I’ape lui rendit sa liberté, et accompagna la permission qu’il lui donnoit d’en user, d’une bourse de cinq cents écus, l’assurant qu’il pouvoit toujours compter sur sa bienveillance.

Sangallo espéroit se reposer enfin dans sa patrie, mais les circonstances du temps ne permettoient le repos à personne. A peine arrivé, il fut employé par le gonsalonier Soderini, au siége de I’ise, à construire, sur l’Arno, un pont fort ingénieux, qui se levoit et s’abaissoit selon la hauteur des eaux, et offroit, dans ses assemblages, la construction la plus solide. Cet ouvrage contribua à la prompte reddition de Pise. Bientôt après, il fut chargé de bâtir avec la plus grande célérité la forteresse de cette ville, où se trouve aujourd’hui la porte d’ordre dorique, qu’on appelle la porte Saint-Marc.

Après Jules II, Léon X, son successeur, pensa à remplacer Bramante, que la mort venoit d’enlever, dans la place d’architecte de Saint-Pierre. Il jeta les yeux sur Sangallo, qui revit encore une fois Rome. Mais, affoibli déjà par son grand âge, et tourmenté de la pierre, il obtint aisément du pontife la dispense de se charger d’un tel fardeau. Il passa encore deux années à Florence. Il mourat à l’âge de soixante-quatorze ans ; mais il se survécut encore pendant plusieurs années dans la personne de son srère.

Antoine Sangallo commença aussi par la sculpture en bois, y acquit un rare talent, et se fit beaucoup d’honneur, surtout par ses grands crucifix, tels que celui du maître-autel de l’Annonciade, à Florence, celui des religieux de San-Gallo, à Saint-Jacques-des-Fossés, et plusieurs autres qu’on renomme.

Julien, son srère, ne tarda point à lui inspirer le goût de l’architecture, et à lui en communiquer le savoir. La grande pratique qu’Antoine avoit acquise dans le travail du bois, le rendoit surtout extrêmement propre au travail des modèles d’édifices, qu’à cette époque on faisoit en bois. Il fut d’un grand secours à son frère dans cette sorte d’ouvrage, et le suppléa encore en beaucoup de ses entreprises. Julien étant engagé dans les travaux du palais de Savone, se fit remplacer quelque temps auprès du Pape par


Antoine, qui fut en gagner les bonnes grâces. On lui confia les ouvrages de fortification qui ont fait du mausolée d’Adrien, une citadelle, puis, la construction du château-fort de Civita-Castellana.

Les deux frères se succédoient et se remplaçoient mutuellement dans les mêmes travaux, et auprès de leurs ordonnateurs. Ainsi quand Julien quitta Florence pour aller à Rome, il chargea Antoine de faire le modèle de la nouvelle forteresse d’Arezzo. Cela le mit en rapport plus intime avec le gouvernement florentin, qui lui confia la surintendance de toutes les fortifications. Il coopéra, avec son frère, à la construction du pout mécanique sur l’Arno, dont nous avons parlé dans l’article précédent.

L’ouvrage d’architecture plus remarquable d’Antoine Sangallo, fut l’église de Monte-Pulciano, qui est hors de la porte San-Biaggio, monument aussi remarquable par la beauté de sa construction en pierre blanche, que par la conception de son ensemble, et une rare perfection d’exécution dans toutes ses parties. De lui surent encore deux palais : l’un qu’il commença dans la même ville pour le cardinal Antonio del Monte ; l’autre, pour le même cardinal, à Monte San-Savino.

Il seroit trop long de rendre compte de tous les édifices dont il fit et donna les modèles, de toutes les villes dont il fit ou dont il augmenta les sortifications. Sur la fin de sa vie, il chercha le repos dans les douces occupations de l’agriculture, genre d’art plus sédentaire, et où il avoit acquis beaucoup de connoissances.

SANGALLO (Antonio), architecte florentin, mort en 1546. La date de sa naissance est incertaine.

Le talent dans les beaux-arts est rarement héréditaire : le génie n’est pas un bien de famille. Il y a cependant des exceptions en ce genre. La famille des Sangallo eu est une. Quatre de ses membres ont successivement illustré leur nom dans l’architecture ; car aux deux dont on a donné déjà l’histoire, il saudroit joindre Giamberti, leur père, qui eut aussi, dans son temps, sa réputation.

Antoine Sangallo, celui anquel est consacré cet article, ne tenoit que par sa mère à la famille des Sangallo, dont il prit le nom. C’étoit contracter l’engagement de devenir habile, car un grand nom impose de grandes obligations, Son père l’avoit destiné à la profession de menuisier ; mais le jeune Antoine avoit entendu parler de ses oncles maternels Giuliano et Antonio di Sangallo, et du grand crédit dout ils jouissaient dans l’architecture, à Rome. Il se rendit dans cette ville, n’étant encore architecte que par le désir de le devenir, et l’espérance d’y trouver les leçons et les exemples de ses parens. L’appui qu’il