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un entablement, lorsqu’à Bordeaux il porte un rang d’arcades couronné par une corniche.

On ne sauroit, ni dans l’un ni dans l’autre édifice, donner le nom de caryatides à ces figures, qui s’adossent aux montans des piédroits des deux attiques, bien qu’elles en aient l’apparence. Toutefois le grand temple de Jupiter olympien, à Agrigente, nous, a appris, d’après les recherches qui y ont été faites dans ces dernières années, que l’intérieur de sa nef étoit formée de grands piliers quadrangulaires, au-dessus desquels s’élevoient des figures colossales d’allantes, dans l’attitude de supporter les plates-bandes de l’entablement.

On vient encore tout récemment de découvrir à Pompéia, un intérieur, où des figures de Caryatides font l’office de colonnes. Il est donc permis de croire, que l’usage des allantes ou caryatides étoit beaucoup plus commun qu’on ne pense, dans l’architecture des Anciens. On peut des-lors supposer que les figures adossées des piédroits aux monumens de Salonique et de Bordeaux, étoient en quelque sorte des caryatides de bas-relief, ou du moins tenoient à ce système de décoration et de pratiques assez usuelles.

Si donc il est constant qu’on le mit en œuvre dans un des plus grands temples de l’antiquité, on voit qu’il faut être très-réservé à tirer de cet emploi, des conséquences positives ou négatives, pour expliquer la destination des édifices. Nous ne dirons point ce que peut être le monument de Salonique, mais nous dirons que des figures, en semblant de caryatides ou d’atlantes, ne doivent pas faire exclure du rang d’édifices sacrés, ceux où il s’en trouve ainsi, puisque de véritables atlantes de ronde bosse, formoient le second ordre de la nef intérieure d’un temple à Agrigente.

Salpêtrière, s. f. Ce est ordinairement, Dans l’arsenal des Nations Unies, le lieu ou L’fait sur le salpêtre, et Où sont, un TEC effet, PLUSIEURS rangs de cuves souscripteurs sur des fourneaux souterrains.

SALVI (Nicolas), né en 1699, mort en 1751.

Nicolas Salvi fut un homme des plus instruits de son temps. A d’heureuses dispositions, s’étoit jointe une éducation qui l’eût mis à même de choisir le genre de connoissances auquel il auroit voulu se consacrer. Mais dans ses premières années il ne fil point de choix. Il cultiva d’abord les belles-lettres, et fut reçu comme poëte dans les différentes Académies de Rome. Il s’appliqua bientôt à la philosophie et aux sciences mathématiques. Il étudia la médecine. Enfin, il semble qu’il auroit eu en vue de réaliser dans sa personne, le portrait un peu imaginaire, que Vitruve nous a laissé d’un parfait architecture. Le goût de l’architecture finit par l’emporter chez lui. Il reçut des leçons d’Antoine Cannevari, et mieux encore de Vitruve, dont il avoit acquis personnellement l’intelligence dans l’original même.


Cannevari ayant été appelé en Portugal, pout le service du roi Jean V, Salvi resta chargé de toutes les entreprises que son maître avoit à Rome. Il rebâtit le Baptistère de Saint-Paul hors des murs, éleva le grand autel de l’église de Saint-Eustache, et celui de Saint-Laurent et Damase ; construisit la petite église de la villa Bolognetti, hors de la porte Pie. Il donna encore le dessin du grand autel de Saint-Pantaléon, qui ne fut pas exécuté ; mais il exécuta ceux de la superbe église de Mont-Cassin, et de Santa-Maria de Gradi, pour les Dominicains de Viterbe.

Mais l’ouvrage le plus considérable et le plus célèbre de Nicolas Suivi, est la grande fontaine du Trévi à Rome, qui seule feroit la réputation d’une ville. Elle tient sans doute, en ce genre de monumens, le premier rang, et il ne lui manque qu’une placé proportionnée au spectacle qu’elle présente. Sous le rapport de magnificence, aucune autre fontaine ne peut lui être comparée, et l’on n’en peut trouver d’équivalente ailleurs, que dans les décorations hydrauliques des jardins de Versailles ; mais la supériorité de la fontaine de Trévi tient encore, à ce que ses eaux sont perpétuelles (aquœ perennes), tandis qu’à Versailles elles proviennent d’un réservoir qui se tarit en peu de temps. La fontaine dé Trévi est, au contraire, le réceptacle, de l’aqueduc de l’acqua vergine. L’architecte eut des-lors à sa disposition une masse d’eau toujours courante, qu’il put diriger à son gré, et dont il put obtenir toutes les sortes d’effets.

Ce grand ouvrage ne s’acheva point sans de graves contradictions. Salivi eut un grand nombre d’envieux et de critiques, et l’on conçoit qu’en ce genre il y avoit matière à bien des rivalités. Un semblable projet éveille toutes les ambitions, et comme l’imagination en fait facilement les frais, chacun se figure aisément avoir trouvé des motifs plus heureux.

Pour ce qui regarde la partie hydraulique, c’est-à-dire l’emploi des eaux dans ce monument, on ne sauroit nier que ce ne soit une très-grande scène ; mais peut-être a-t-on reproche avec raison à Nicolas Salvi de lui avoir donné une trop grande étendue, d’avoir, dès-lors, un peu trop divisé ses eaux, d’avoir plus visé à la multiplicité d’effets qu’à l’unité.

La position de cette vaste fontaine, adossée à un palais, ne fut peut-être pas du choix de l’architecte. Selon l’idée décorative de sa composition, qui représente Neptune sur son char, dont les tritons attèlent les chevaux marins, il eût sans doute convenu que le dieu des eaux parût sortir d’une demeure, dont le style et le caractère eussent été assortis à ce que la poésie de ce sujet devoit suggérer. Sans doute le palais de Neptune n’auroit du avoir ni étages ni fenêtres ; mais peut-être l’architecte ne fut-il pas le maître de sou emplacement.