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pièces, et l’ameublement en fait la seule décoration. A l’égard des palais, on y voit des salons pratiqués dans toutes les sortes de formes. La plus ordinaire est, à la vérité, la forme quadrangulaire ; mais on citeroit beaucoup d’appartemens dont le salon tout-à-fait circulaire. L’on obtient volontiers celle forme, en construisant la façade de l’édifice de manière à ce qu’elle produise une partie demi-circulaire en saillie ; à l’intérieur, le reste du cercle est formé par des cloisons. Il y a aussi des salons ovales, et il s’en fait d’octogones. Reste à savoir si ces variétés, qui produisent des embarras et des difficultés dans l’ensemble des plans et dans l’ajustement des élévations, offrent autant de commodités pour l’usage, et beaucoup plus d’agrément pour l’emploi du l’architecture et de la décoration.

La décoration des salons, dans les palais, ne sauroit être l’objet d’une théorie particulière. C’est ici le domaine de l’architecture, et l’on ne sauroit rien dire sur ce point, qu’on ne l’ait dit dans une multitude d’autres articles.

Ce qu’il faut toutefois remarquer, à l’égard de la décoration des salons, c’est qu’il entre dans l’harmonie générale des palais et de leurs appartemens, que la richesse des ordonnances, des ornemens et des matières, qui font aussi partie de la décoration, y soit tellement graduée, qu’il y ait une progression sensible d’une pièce a une autre, et que salon soit, en fait de magnificence, le point culminant de l’ensemble. L’emploi des ordres, soit en colonnes, soit eu pilastres, et surtout de l’ordre corinthien, avec ses détails accessoires, étant, quant au fond de l’art, le maximum de la décoration, il importe de le réserver pour la décoration du salons. Trop souvent on a vu la richesse de l’architecture employée jusque dans les escaliers, ne laisser aucun moyen d’enchérir à l’égard des intérieurs.

Quand on prétend que le salons réclame le plus haut degré de la décoration, c’est toujours, bien entendu, relativement au genre et au caractère du palais, et relativement encore à sa destination, comme à la dignité du propriétaire. Il y a de grands palais, ainsi qu’il y a de grands personnages, qui se refusent à un luxe trop marqué, à une profusion de ces richesses qui ne sont que du faste. Plus d’une convenance commande à l’architecte de se conformer à ces considérations, et l’architecture a, dans Je genre et l’emploi de ses richesses, des degrés pour tous les rangs, Il y a aussi une richesse modeste qui, sans mêler à l’or l’éclat des marbres précieux, sait allier le goût à la bienséance, sait briller par la simplicité, et s’adapter à tous les caractères. Voyez APPARTEMENT.

On appelle salon à l’italienne, celui qui comprend deux étages dans sa hauteur, et qui, ordinairement, n’est éclairé que par les fenêtres de l’étage supérieur.

On appelle salon de treillage, un grand espace


qu’on ménage dans les bosquets d’un jardin, qu’on entoure et qu’on couvre de treillages en fer et en bois, et qu’on garait de verdures.

SALONIQUE, C’est le nom qu’on donne aujourd’hui à l’antique ville de Thessalonique.

Nous trouvons dans le troisième tome des Antiquités d’ Athènes, par Stuart, le dessin d’un reste de monument fort curieux, qui est situé dans le quartier des Juifs de Salonique.

Cinq colonnes corinthiennes, élevées chacune sur son piédestal, supportent un entablement, au-dessus duquel règne un attique formé de pilastres quadrangulaires isolés. Sur les deux faces les plus larges de ces pilastres, sont sculptées des figures d’un très-fort relief, dont la hauteur est presqu’égale à celle du pilastre ; les têtes de quelques-unes de ces figures anticipent sur les profils du chapiteau.

D’un côté, les figures représentent une Victoire, un Télèphe, un Ganymède et une femme drapée, à laquelle on ne sauroit donner un nom. De l’autre côte, on voit Léda, une Bacchante couronnée de pampres, un Bacchus et une Bacchante jouant de la flûte.

L’attique, ainsi décoré, supporte un entablement. Il est assez difficile aujourd’hui de déterminer le genre d’édifice dont cette ruine faisoit partie. Quoique les figures qu’on vient de désigner sembleroient avoir pu convenir à la décoration d’un théâtre, on n’a cependant rien trouvé sur les lieux qui tendît à motiver une semblable supposition. Quant aux traditions populaires qui régnent à Salonique sur ce monument, elles reposent sur des contes merveilleux, dont l’imagination a fait seule les frais.

Ce qui seul pourroit tendre à quelques suppositions vraisemblables sur l’édifice de Salonique, c’est le rapprochement que la critique des monumens antiques en feroit, avec d’autres où se trouvent les mêmes particularités. Plus on découvrira dans le champ de l’antiquité, plus on trouvera de points de comparaison entre des ouvrages qui, considérés jusqu’alors isolément, ne pouvoient guère donner pour l’interprétation de leur emploi, que des présomptions arbitraires.

Nous ne saurions donc nous empêcher de rapprocher du monument de Salonique, celui qui existoit jadis à Bordeaux, et qu’on appeloit les tuteles. On en voit la gravure dans la traduction de Vitruve, par Perrault (pag. 227, édition de 1684), qui a pris soin d’en conserver le souvenir, avant qu’on procédât à sa démolition. Le lecteur qui rapprochera ces deux monumens, y trouvera une conformité frappante. Tous deux présentent une ordonnance corinthienne ; tous deux, au-dessus de l’entablement, ont un attique formé de piédroits, sur les deux faces principales desquelles sont sculptées des figures de bas-relief. La seule différence est, qu’à Salonique cet attique porte