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que produit le plus on le moins de saillie dans les œuvres de l’architecture. Si l’on rapproche l’ordre dorique ancien de la Grèce, de l’ordre dorique postérieur, et tel qu’on le voit à Rome, on reste convaincu que le premier doit à ses grandes saillies, le caractère de force et l’effet mâle et vigoureux, qu’on ne sauroit attendre du second. Il y a de cela plus d’une raison : d’abord, il est certain que dans toute architecture, de grandes projectures dans les masses et leurs détails, produisent nécessairement de grandes masses d’ombre et de lumière, et par conséquent des oppositions, qui donnent à ses aspects du mouvement, de la variété, et en multiplient les effets. C’est ce que nous avons eu occasion d’observer à l’article PILASTRE (voyez ce mot), en comparant l’effet toujours le même d’une ordonnance en bas-relief, à celui des colonnes isolées, dont les aspects varient toujours, selon les effets de la lumière ou la position du spectateur. Dans la surface unie d’un édifice, il n’y a rien pour les effets de la perspective, et ce qui est monotone en dessin, reste également uniforme pour l’œil et insipide pour l’esprit. Disons ensuite que de grandes saillies dans les masses des édifices, comme celles des ordonnances doriques grecques, comme celles des grands entablemens qui servent de couronnemens à tous les genres de monumens, ne peuvent avoir lieu qu’à l’aide do matériaux d’une dimension et d’un volume proportionné à cet emploi : or, toute construction qui s’annonce ainsi, porte en soi l’idée de force, de puissance et de solidité, et dès-lors en impose par l’union de qualités qui forcent à l’admiration. C’est par ce caractère énergique de saillie très-prononcée que les monumens de Florence, à part des autres mérites qu’ils peuvent avoir, occupent un des premiers rangs dans les œuvres de l’art de bâtir moderne.

Saillir, v. agir. Avancer, paroître en Dehors, déborder. Il signifié also sortir avec impétuosité, Comme L’eau qui sorte d’ajutage et non Qui s’élève en l’air.

SAINT-CHAMAS, village de Provence à quelque distance de la petite rivière de Touloubre, sur laquelle subsiste encore en son entier un pont antique d’une construction romaine, appelé par les gens du pays le Pont Surian. Il est bâti en plein cintre entre deux rochers, et de niveau avec le chemin qui va d’Arles à Aix. Ce pont n’a qu’une seule arche de six toises de diamètre, construite de gros quartiers de pierres de trois pieds. Sa longueur est de onze toises.

A chacune des extrémités du pont, s’élève un arc. Celui qui se présente du côté d’Aix, a une frise dont les ornemens occupent les deux tiers ; l’espace qui reste est rempli par une inscription, portant les noms de ceux qui sirent les frais du


monument. La face intérieure de la frise est couverte d’ornemens sans inscription.

Plusieurs antiquaires ont qualifié d’arcs de triomphe les deux arcs de ce pont ; mais c’est là une de ces opinions dénuées de critique, qu’il est même inutile aujourd’hui de réfuter. L’usage de ces arcs aux deux extrémités des ponts, fut assez commun dans les ouvrages des Romains : probablement il naquit de la nécessité de fermer l’entrée des ponts, comme leur sortie, par des portes. Ce fut ensuite un motif d’élever des monumens honorifiques aux bienfaiteurs des villes, et peut-être à ceux qui avoient sait construire les ponts, ou d’autres monumens utiles. Enfin, on peut croire aussi qu’on fit de ces arcs uniquement dans des vues d’embellissement, et pour compléter l’ensemble du pont. Nous allons voir un nouvel exemple de cet usage à l’article suivant.

SAINTES, ville de France, anciennement capitale de la Saintonge. Son nom latin est Mediolanum Santonum. On croit aussi qu’elle s’appela Santona et urbs Santonica.

Du temps d’Ammien Marcellin, elle étoit une des plus florissantes de l’Aquitaine. Entr’autres restes d’antiquités qu’elle a conservés, on compte un fort beau pont bâti sur la Charente, et qui se termine par un fort bel arc, qu’on croit avoir été élevé sous Tibère. Il y a sur ce monument une inscription latine, mais si effacée qu’on ne sauroit la lire.

Près de l’église de Saint-Eutrope sont les restes d’un amphithéâtre antique, bâti de petites pierres, et encore assez bien conservé, pour qu’on puisse juger de sa configuration ovale, de son élévation et de l’ordonnance de ses étages. On appelle ces restes les Arcs.

SALLE, s. f. C’est le nom qu’on donne à toute pièce qui est réputée la plus grande, soit dans les édifices publics, soit dans les palais, soit dans les maisons particulières. Nous indiquerons dans la suite, par les noms divers qu’on leur donne, les différens emplois des salles, selon la nature des édifices où elles se trouvent.

Nous avons dit que le mot salle exprime toujours, relativement à chaque espèce de bâtiment, une très-grande pièce. Les Anciens confirment cette définition, et Vitruve va nous le prouver par la description qu’il nous a donnée des salles des palais, que l’on nommoit Œci.

Généralement, dit-il (lib. VI, cap. 5), ces différentes salles, sous les noms de Triclinia, Œci, Exedrœ, devoient avoir en longueur le double de leur largeur. Quant à leur élévation, elle devoit être égale à la somme de leur longueur ajoutée à la largeur.

Les salles appelées Œci, continue Vitruve, sont de deux genres : il y a celles qu’on nomme corinthiennes, et il y a les tétrastyles, qu’on nomme