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RUE RUE


maisons, procurent aux gens de pied la circulation la plus sûre et le marcher le plus uni.

Les trottoirs, là où la largeur des rues permet d’en établir, sont, sans aucun doute, dans une ville populeuse, ce qui contribue le plus au bon ordre et à la commodité. Voyez Trottoirs.

Nous ne recommanderons pas ici une autre disposition beaucoup plus commode encore pour les gens de pied, celle des portiques continus le long des rues. La ville de Bologne et celle de Turin, en Italie, jouissent de cet agrément, et Paris a encore d’anciens souvenirs de cette disposition, surtout à la Place Royale. Un nouvel exemple vient d’en être donné dans les rues de Rivoli et de Castiglione. Cependant, ce qui convient à des villes spacieuses et tranquilles, ne sauroit s’adopter, avec un peu d’uniformité, dans celles qui sont déjà trop étroites pour leur population. Les portiques sont un terrain perdu pour les intérieurs des maisons. D’ailleurs, peut-on prescrire à tant de convenances diverses, une méthode uniforme de bâtir ?

Ce que la police peut prescrire pour le bon ordre, c’est une largeur suffisante dans les rues nouvelles, qui se construisent ou qui se redressent ; c’est une hauteur dans les maisons, qui soit proportionnée à la largeur des rues, et à la solidité des matériaux et des constructions ; c’est qu’aucun empêchement ne gêne la circulation, et que la propreté y soit exactement entretenue par le concours des soins de chaque maison, par des hommes payés pour l’enlèvement des immondices, ou pour le balaiement des terrains vagues, des places publiques, etc.

Mais tout ce qui entre dans les détails de l’administration publique, à cet égard, ne sauroit être l’objet de cet article. Voyez Voie, Voierie.

On prétend que le mot rue vient du bas latin rua, qui y signifie la même chose. D’autres le font venir de rudus, qui exprime le massif formé de petites pierres et de mortier qui, chez les Romains, formoit l’aire sur laquelle on établis-soit les pavemens et les pavés de la voie publique.

RUES DE CARRIÈRE. De quelque genre que soient les carrières, soit qu’on les exploite à ciel découvert, dans les montagnes et le long de leurs côtes, soit qu’elles soient souterraines, il faut y pratiquer des chemins, des issues, une circulation pour l’extraction, le transport ou le charroi des matériaux. Les carrières deviennent ainsi à la longue des espèces de villes, du moins en prennent elles l’apparence par les rues qu’on y perce.

Les carrières de Pouzzolane, à Rome, converties pendant quelque temps en asyles souterrains appelés catacombes, où le christianisme naissant déroboit à la persécution ses sectateurs, étoient dans la réalité une ville souterraine. On les parcourt aujourd’hui et l’on y circule dans de véritables rues, qui ont leurs noms, et dont on a donné les plans et la topographie.

On en peut dire autant des carrières dont est excavé tout le sol qui environne Paris. Naples en a de semblables. Les latonies de Syracuse sont un ensemble de rues percées dans la carrière, d’où l’on enleva les pierres pour les constructions de cette grande ville.

RUELLE, s. f. Petite rue ou les charrois ne peuvent point passer, et qui sert pour dégager les grandes.

Ruelle. On appelle encore ainsi, dans les chambres à coucher, et surtout dans celles qui ont des alcôves, l’espace qui, soit d’un côté, soit des deux côtés, se trouve libre entre le lit et le mur.

RUILÉE, s. f. Enduit de plâtre ou mortier, que les couvreurs mettent sur les tuiles ou L’ardoise, pour les raccorder avec les murs ou les jouées de lucarne.

RUINE, RUINES, s. f. Ce mot, au singulier et dans son sens ordinaire, exprime l’état de dépérissement et de destruction dans lequel se trouve, ou dont est menacé un bâtiment. On dit qu’un édifice menace ruine. On prévoit la ruine prochaine d’une maison. Ce n’est pas qu’on use aussi de ce mot au singulier, pour exprimer l’état de destruction consommée. Mais dans ce cas, il est plus ordinaire de l’employer au pluriel, et la raison en est, que cet état de destruction présentant la dissolution de toutes les parties, de tous les matériaux d’un édifice, offre mieux au pluriel l’image de la réalité.

Ainsi on dira que tel accident a opéré la ruine d’un édifice, et on dira qu’on voit en tel lieu les ruines de cet édifice.

S’il s’agit surtout des restes nombreux de monumens, si l’on parle de ces grands débris de villes anciennes, dont le temps n’a pu encore effacer les vestiges, on dira les ruines de Palmyre, de Spalatro, etc.

De même, s’il s’agit d’un vaste édifice ruiné, dont il reste ou des fragmens considérables, ou des matériaux épars. Ainsi dit-on, interroger les ruines du Colisée à Rome, visiter les ruines du Parthenon à Athènes.

Le mot ruine ou ruines, comme on le voit, s’applique donc presque toujours à d’anciens monumens. Quoiqu’il se donne ou puisse se donner à des ruines modernes, et cela, par plus d’une cause, cependant il est certain que ces ruines n’ont et ne peuvent avoir pour les arts, et en général pour l’esprit, le même degré de mérite et d’intérêt. Mille idées, mille souvenirs, mille sentimens s’attachent aux ruines des monumens antiques, que ne sauroient produire celles d’une

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