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ROS ROS


ROSE, s. f. Comme on donne le nom de rosace, à cause de la grandeur de leur dimension, aux ornemens qui occupent le milieu des caissons (voyez l’article précédent), on donne le nom de rose, à raison de leur moindre dimension, aux ornemens du même genre, qu’on place et qu’on taille, par exemple, sous les plafonds des corniches, dans les intervalles qui séparent les modillons, comme encore dans le milieu de chaque face de l’abaque du chapiteau corinthien.

Rose de compartiment. On appelle ainsi, tout compartiment formé en rayons par des plates-bandes, guillochis, entrelas, étoiles, etc., et renfermé dans une figure circulaire. On voit de ces roses de compartiment dans les plafonds, dans les dessins des pavés de marbre circulaires ou ovales.

Le même nom se donne encore à ce qu’il faut appeler des espèces de petits bouquets ronds, triangulaires ou en losanges, qui remplissent des renfoncemens de soffite, de voûte, etc.

Rose de moderne. C’est le nom qu’on donne, dans les intérieurs des églises gothiques, à ces grands vitraux circulaires, formés de nervures en pierre, dont les intervalles sont remplis de panneaux de vitres, d’où résultent des compartimens de toutes sortes de couleurs, dont l’effet est d’un extrême agrément. Ces sortes de roses sont peut-être l’objet de la décoration gothique, à la fois la plus remarquable par le bon goût des compartimens, la diversité des couleurs et l’effet mystérieux qu’il répand dans les intérieurs. On les y voit ordinairement pratiquées aux deux branches de la croisée, et à l’extrémité de la nef, du côté de l’entrée.

Rose de pavé. C’est, dans un dessin circulaire, un compartiment formé de diverses rangées de pavés, soit de grès, soit de cailloux, soit de pierres noires ou de pierres à fusil, mêlées alternativement, dont on orne certaines cours, des grottes, des fontaines, etc.

Le même nom se donne au même genre de compartimens, faits aussi en pierres ou carreaux de marbre de différentes couleurs, dans les parties circulaires et intérieures des édifices.

Rose de serrurerie. Ornement rond, ovale, ou à pans, que l’on fait ou de tôle relevée par feuilles, ou de fer contourné par compartimens à jour. On l’emploie dans les dormans des portes cintrées, et dans les panneaux de serrurerie.

ROSEAUX, s. m. pl. On donne ce nom à de certains ornemens en forme de cannes ou de bâtons, dont on remplit par en bas et jusqu’au tiers, les cannelures des colonnes rudentées.

ROSETTE, s. f. (Terme de serrurerie.) Ornement de tôle ciselée, en manière de rose, au milieu de laquelle passe la tige d’un bouton de porte.

ROSSELLINO (Bernard), architecte florentin, qui vécut dans le quatorzième siècle.

Dans tous les genres, on a remarqué que les grands hommes et les grands ouvrages, qui ont fait la gloire de quelques siècles privilégiés, eurent toujours des précurseurs qui leur préparèrent les voies. Il est des momens marqués, où se rencontrent, par un concours particulier des hommes et des circonstances, toutes les conditions propres à la production des merveilles de l’art. C’est alors que naissent des personnages célèbres, qui effacent par leur éclat celui des ancêtres auxquels ils doivent toutefois l’existence de leur talent. Le travail fut pour les prédécesseurs, la gloire appartiendra aux successeurs. C’est ainsi que cette terre, que nous voyons parée de riches moissons, qui semblent la production subite de l’été, ne les doit pourtant qu’aux travaux de l’hiver, dont la pénible trace a disparu.

Cette réflexion est surtout applicable à Bernard Rossellino, dont très-peu d’architectes ont entendu parler, dont la vie fut occupée par beaucoup de travaux qui, pour la plupart, n’étoient pas de nature à procurer une longue renommée, et auquel le sort envia le bonheur d’exécuter et de rachever les plus grandes entreprises qu’ait conçues le génie de l’architecture moderne. C’est sous ce dernier rapport, que Bernard Rossellino mérite une mention des plus distinguées dans l’histoire de cet art.

Il y eut effectivement, dans le quinzième siècle, plusieurs hommes de génie, dont on peut dire que les occasions seules leur ont manqué. De ce nombre furent Léon Batista Alberti (voyez Alberti) et Bernard Rossellino. Tous deux associés, par la confiance du pape Nicolas V, aux grands travaux qui devoient illustrer son règne, ils devancèrent Bramante dans la conception de la basilique de Saint-Pierre : et qui sait s’ils ne l’eussent pas surpassé, à juger de semblables entreprises par l’ambition et le goût des souverains qui les commandent ? Rome, en effet, n’a point eu de pontife, sans excepter Jules II, aussi ardent amateur des arts et des monumens que Nicolas V. Il conçut par lui-même les plus vastes projets, et ses connoissances étoient au niveau de son goût ; car, ainsi que l’observe Vasari, si les artistes pouvoient diriger son goût, il n’étoit pas moins propre à les diriger dans leurs travaux. Et, continue-t-il, ce qui contribue puissamment au succès des grandes entreprises, c’est que celui qui les commande, connoisseur par lui-même, soit capable d’une décision prompte ; car s’il est irrésolu, et si, au milieu de divers projets, il reste flottant