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L’ouvrage appelé reticulatum, est ordinairement formé de petites pierres ou tufs, dont la face présente un carré d’environ trois pouces en tout sens, disposés en losanges ou échiquier. Ces pierres ont une queue de cinq à six pouces de longueur, qui va en diminuant de grosseur, et qui s’enfonce plus ou moins dans l’épaisseur du mur, afin de se lier avec la maçonnerie en blocage du milieu.

Cet ouvrage se trouve toujours encadré par des montans ou des rangs de maçonnerie formée de petits moellons équarris et de la même pierre, de sept à huit pouces de long, sur trois pouces d’épaisseur environ, et de quatre à six pouces de largeur, afin de former liaison dans l’épaisseur du mur. Souvent, en place de petits moellons, ces encadremens sont faits de briques.

On a vu par le texte de Vitruve, rapporté plus haut, qu’il approuvoit moins cette façon de maçonnerie, parce que les petites pierres dont ses paremens sont formés, n’ont ni assiette, ni liaison, et que des murailles construites ainsi, sont sujettes à se lézarder. Il est vrai que ces petits matériaux ne doivent la durée de leur assemblage, qu’aux encadremens dont on a parlé, qui les retiennent en place, et sans lesquels leur éboulement arriveroit tôt ou tard. On doit dire aussi, et beaucoup de bâtimens en déposent, qu’avec la précaution de maintenir ces paremens par des montans latéraux, comme on le voit encore aujourd’hui, un très-grand nombre de ces ouvrages ont traversé les siècles, sans avoir éprouvé la moindre désunion.

On peut citer comme exemple, et de ce genre de construction, et de sa durée, la masse encore très-solide qui fait partie des murs de Rome, entre la villa Pinciana et la porta del Popolo. Cette masse, sortie de son à-plomb par la poussée des murs qu’elle soutient, a plus de quatre-vingts pieds de long, sur trente-six pieds de hauteur ; son épaisseur moyenne est de vingt pieds.

Les vastes ruines de la villa Adriana à Tivoli sont en reticulatum exécuté avec beaucoup d’art. On y en voit des parties si bien conservées, qu’elles paroissent plutôt des constructions modernes interrompues, que dus ruines d’édifices qui ont plus de seize siècles d’antiquité.

Mais l’ouvrage le plus remarquable en ce genre, est le mur d’un édifice qu’Adrien avoit fait construite dans sa villa, à l’imitation du Pœcile d’Athènes. Sa longueur est de six cent treize pieds, sur vingt-cinq de haut, et deux pieds trois pouces d’épaisseur. Ce mur, qui est isolé dans toute sa longueur, est encore en très-bon état et bien d’à-plomb. On a percé dans la masse de grandes portes, charretières, pour y faire passer des voitures de soin, sans que ces percemens aient endommagé la construction. Ces trouées n’ont point de linteau qui supporte la maçonnerie, et celle-ci se soutient en l’air par la force du mortier.

Quel qu’ait été l’agrément de la maçonnerie réticulaire, il paroît bien prouvé par les reste qu’on en trouve à la villa Adriana, que dans les palais et les édifices d’importance, elle étoit revêtue en marbre. On trouve partout les trous des crampons on agrasses qui retenoient les revêtemens.

RETOMBÉE, s. f. Se dit dans la courbe d’une voûte ou d’une arcade, de cette partie qui forme leur naissance, et qui, si l’on suppose que cette voûte ou cette arcade soit détruite, ou non achevée, pourroit subsister sans cintre. On l’appelle ainsi, parce qu’elle semble retomber sur ses supports.

RETONDRE, v. act. C’est couper de la sommité d’un mur, ou de la hauteur d’une souche de cheminée, ce qui est dégradé ou ruiné, pour le refaire.

C’est aussi abattre ou retrancher les saillies d’une construction, les ornemens inutiles ou de mauvais goût de la facade d’un bâtiment qu’on ragrée, et qu’on veut remettre à neuf.

On se sert encore du mot retondre, pour dire repasser sur le travail d’une architecture avec ce qu’on appelle des fers à retondre, pour la mieux terminer, et en rendre les arêtes plus vives.

RETOUR, s. m. Se dit du profil que fait un entablement, ou toute autre partie d’architecture, lorsqu’elle se trouve en avant-corps, ou qu’elle forme un ressaut.

On appelle donc retour tout corps qui, dans le fait, semble retourner. Aussi le dit-on de l’encoignure d’un bâtiment.

On dit retour d’équerre, tout ce qui, en se ployant ou en retournant, forme un angle droit.

On dit, dans le dessin, se retourner d’équerre, pour dire mener une perpendiculaire sur une ligne effective ou supposée.

RETRAITE, s. f. Signifie un lieu ou l’on se retire. Ainsi, on pratique, dans les distributions des batimens et des jardins, les cabinets de retraite, soit pour y être seul, soit pour y trouver asile en cas de mauvais temps.

RETRAITE Se dit, dans plus d’un art, de la réduction qu’éprouve un ouvrage en se refroidissant, comme un ouvrage de fonte, en se séchant, comme un ouvrage de terre ou d’argile.

Mais on appelle encore retraite toute position d’un corps d’architecture qui s’élève en arrière du corps qui le porte. Ainsi un mur fera souvent retraite sur son empattement. Le corps d’un piédestal est en retraite sur sa base, etc.

Diction. d’Archit. Tome III
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