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dans l’art de bâtir, une opération qui consiste à reconstruire, dans un édifice, les parties inférieures des murs, des piliers, des piédroits, dont les matériaux sont ou écrasés, ou dégradés, et menacent ruine, en conservant dans leur intégrité toutes les parties supérieures du même édifice qui sont en bon état.

Cette opération se fait, en soutenant les parties supérieures par des étais et des chevalemens, et en prenant toutes les précautions qui garantissent la masse de tout effet, écartement, tassement ou désunion. Cet édifice, ainsi mis en l’air, porté sur les étais, et contre-butté, s’il le faut, on procède à la démolition des parties de construction inférieures qu’il faut remplacer, dès les fondemens, s’il est besoin, par des matériaux nouveaux et solides.

L’art est ensuite, lorsqu’on a élevé la construction nouvelle au point où elle va se rapprocher de l’ancienne, d’en opérer la réunion par la plus grande précision dans la taille des matériaux qui doivent faire joint avec les anciens, et l’on y réussit en introduisant par force, dans le joint, des cales minces de la matière la moins compressible. Nous ne saurions entrer ici dans le détail de tous les moyens d’adresse et de combinaison, que l’architecte intelligent emploie à de telles opérations, moyens qui varient selon la diversité des obstacles qu’il faut vaincre.

Paris a vu dernièrement cette habileté portée au plus haut degré par M. Godde, architecte des bâtimens publics, dans la reprise, en sous-ordre, de tous les piliers de l’église de Saint-Germain-des-Prés. Tous ces piliers, par suite d’une construction médiocre, et par l’effet du salpêtre qui avoit été emmagasiné alentour, dans le temps de la clôture de cette église, menacèrent un jour, presque tous ensemble, de s’écrouler, la pierre, dissoute par le sel, s’écrasant et se fendant partout. On jugea la destruction de ce monument infaillible, et il n’étoit question que de prévenir les accidens, en la démolissant de fond en comble. L’architecte dont on a parlé, proposa de reprendre en sous-œuvre toutes les arcades qui reposoient sur les piliers. Son projet fut adopté ; il fit étayer toutes les parties supérieures de l’église, et procéda à la reconstruction des piliers selon leur ancienne forme. L’opération eut un plein succès, et l’église, entièrement replacée sur de nouveaux supports, est une de celles qui promettent la plus longue durée.

REPRISE, s. f. Se dit de toute sorte de réfection de mur, pilier, etc., soit dans la hauteur de leur surface, s’il s’agit de parties dégradées, soit en sous-œuvre. Voyez l’article précédent.

RESEPER ou RECEPER, verbe. act. (Terme d’architecture hydraulique.) C’est couper, avec la cognée ou la scie, la tête d’un pieu ou d’un pilot qui refuse le mouton, parce qu’il a trouvé la roche. On le coupe ainsi pour le mettre de niveau avec le reste du pilotage.

RÉSERVOIR, sub. m. Défini en général, un réservoir est un récipient qui contient une quantité d’eau quelconque, où on la conserve, et d’où on la distribue pour différens usages.

Si le réservoir est pratiqué dans un corps de bâtiment, il consiste ordinairement en un bassin revêtu de plomb.

Le réservoir est aussi, en plein air, un grand bassin de forte maçonnerie, avec un double mur, appelé mur de douve, et glaisé ou pavé dans le fond, où l’on tient l’eau pour les fontaines jaillissantes des jardins.

On cite parmi les plus grands réservoirs, celui du château-d’eau de Versailles, lequel est revêtu de lames de cuivre étamé, et est soutenu sur trente piliers de pierre. Il a 13 toises 4 pieds de long, sur 10 toises 5 pouces de large, et 7 pieds de profondeur. Il contient 472 muids d’eau.

Le réservoir du château-d’eau qui est vis-à-vis le Palais-Royal, se divise en deux bassins, dont le plus grand a 12 toises de long sur 5 de large, et 11 pieds 3 pouces de profondeur. Voyez Citerne, Chateau-d’eau, Piscine.

RESSAUT, s. m. Se dit, en architecture, de toute partie, de tout corps qui, au lieu d’être continu sur une même ligne horizontale, se projette en dehors de cette ligne et fait une saillie.

Ressaut ne doit pas s’entendre de la projection que font dans les édifices, dans les masses générales et particulières des ordonnances, les entablemens, les corniches, les impostes, les bandeaux, les tailloirs des chapiteaux, etc. Ainsi, un entablement faisant, comme l’on sait, saillie sur la ligne perpendiculaire de l’édifice, ne fait pas ce qu’on appelle un ressaut. Le ressaut aura lieu si la ligne de cet entablement se trouve interrompue dans sa direction horizontale, par des saillies de cette ligne sur elle-même, de telle sorte que ces saillies produisent, dans leur continuité, des angles rentrans et sortans.

Ainsi, des avant-corps dans la longueur de la façade d’un grand bâtiment, y produisent des ressauts, commandés quelquefois par les besoins même de l’édifice, ou de sa destination, quelquefois par le seul motif d’interrompre l’uniformité d’une ligne trop étendue.

Les ressauts sont donc quelquefois un moyen de variété ; mais les graves abus qui ont eu lieu en ce genre, obligent à faire voir qu’on s’est par trop prévalu de quelques exceptions, comme il s’en trouve à toutes les règles.

Or, il faut toujours remonter au principe même des règles, pour bien connoître la valeur de ce qu’elles prescrivent, et le point où doit s’arrêter l’indulgence pour ce qu’elles permettent.