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teurs des règles écrites, ne les aient connues que par les ouvrages, où ils en ont trouvé les exemples ? Les ouvrages qui, comme on l’a dit, prouvent la préexistence des règles, ont pu servir à mieux fixer la théorie. On en convient. Toutefois les auteurs des théories ont pu en puiser aussi les notions, aux sources mêmes d’où les artistes les avoient tirées. On ne sauroit donc comprendre comment les raisons qui expliquent les causes des impressions du beau et du vrai sur notre ame, et les moyens par lesquels nous recevons ces impressions, en s’autorisant pour cela de l’exemple des chefs-d’œuvre, peuvent être inutiles, selon les uns, et selon d’autres, obstacle à la producduction des chefs-d’œuvre.

Disons-le, c’est que l’on confond, sous le nom commun de règles, les développemens des grands principes régulateurs du génie, et les sèches analyses grammaticales, qui ne touchent pas plus à la vraie science de l’architecture, que les rudimens de collége à l’art de l’éloquence ou de la poésie. Non, comme on l’a dit, que ces règles scholastiques soient méprisables, mais leur autorité, variable comme les détails auxquels elle s’attache, ne constitue point la théorie de l’art. Elles ne deviendroient nuisibles qu’autant qu’on leur donneroit plus de pouvoir qu’elles n’en comportent, et qu’on resserreroit dans leur cercle étroit toutes les notions propres à guider l’artiste.

Mais, dit-on, les règles, quelles qu’elles soient, ne donnent pas le génie. Sans doute : si elles le donnoient, le génie ne seroit plus que l’affaire des règles. Et dès-lors, il n’y auroit plus de génie ; il n’y auroit qu’un procédé mécanique, et l’on feroit des chefs-d’œuvre comme l’on tire des lignes droites.

Non, les règles écrite ne donnent pas le génie ; mais pourquoi nieroit-on qu’elles peuvent abréger l’étude de l’observation des loi, de la nature, des propriétés, des qualités qui constituent le beau et le vrai ? Les règles ne donnent pas le génie, parce que la nature seule le donne ; mais celui qui l’a reçu, n’en peut-il pas recevoir des lumieres qui le guident plus sûrement ?

Non, les règles ne donnent pas le génie, mais il ne se donne pas de génie sans ces règles, puisque c’est dans les œuvres des hommes de génie, qu’on en trouve les exemples.

Non, les règles toutes seules ne créent pas les chefs-d’œuvre, mais elles épargnent au talent beaucoup d’épreuves et de tâtonnemens ; elles préviennent bien des erreurs, et préservent des défauts où l’imagination fait tomber.

Les règles, celles même qui n’émanant point des grands principes d’une théorie élevée, résident dans la sphère inférieure d’une pratique subalterne, doivent se considérer comme des indicateurs qui guident la vue de l’artiste dans les régions de l’invention, sans l’empêcher de marcher à son gré, et de se tracer à lui-même d’autres routes, pourvu qu’elles arrivent au but par une direction plus sûre et plus courte.

Règle, s. f. Dans le sens simple, on donne ce nom à un morceau de bois ou de métal long, mince et étroit, dont on se sert pour tracer des lignes droites.

Les ouvriers en métal se servent de règles en fer ou en cuivre.

Les architectes et ingénieurs emploient des règles en bois de différentes longueurs, d’un pouce et demi à cinq pouces de largeur, et de quatre, cinq ou six lignes d’épaisseur, dont un côté, taillé en biseau, sert pour tirer la ligne à l’encre, et l’autre côté carré pour tracer les lignes au crayon.

On distingue plus d’une sorte de règle.

La règle d’appareilleur est celle qui a ordinairement quatre pieds, et qui est divisée on pieds et en pouces.

La règle de charpentier est une règle piétée, de six pieds de long, c’est-à-dire qui est divisée en autant de pieds.

La règle de poseur est une règle qui a douze ou quinze pieds de long, qui sert sous le niveau pour régler un cours d’assises, et pour égaler les piédroits et les premières retombées.

La règle à-plomb est une règle qui, dans toute sa longueur, a la même largeur, et au milieu de laquelle est tracée une ligne droite, qui reçoit le fil d’un plomb attaché à son extrémité supérieure, et dont l’extrémité inférieure est taillée en portion de cercle pour laisser le plomb en liberté : elle sert à mettre d’à-plomb les ouvrages de maçonnerie ou de menuiserie, en appliquant un de ses côtés sur le parement de l’ouvrage.

La règle de vitrier est une règle de bois très-mince, de différentes longueurs, au milieu de laquelle sont attachés deux petits taquets qui servent à la manier et à l’assujettir en place, lorsqu’on veut couper le verre avec le diamant.

Les Anciens nous parlent d’une sorte de règle qu’ils appeloient règle lesbienne. Elle étoit de plomb, par conséquent flexible, et elle formoit autant d’angles que l’on vouloit. On se servoit de cette règle pour un genre de construction dont il substiste un nombre considérable de restes de murs antiques. Selon cette méthode d’appareil, on employoit les pierres sans les équarrir, et en leur laissant la forme irrégulière qu’elles se trouvoient avoir, en sorte qu’elles décrivoient des polygones de toute figure. De semblables pierres une fois mises en pose, pour leur en joindre d’autres, et les ajuster aux contours ou aux lignes de leurs angles, on relevoit tous ces angles avec la règle de plomb qu’Aristote appelle lesbienne, et l’ou reportoit cette règle sur la pierre qui devoit se concerter avec tous ces joints. On sait que cette construction ne formoit ni assises ni lits horizontaux : elle avoit quelques avantages, et surtout celui d’employer toutes formes de pierres, sans