Page:Encyclopédie méthodique - Architecture, T3.djvu/278

Cette page n’a pas encore été corrigée
270
REC REC


ceau. Ce couronnement monolythe est ce qui a fait la célébrité du monument. Il consiste en un bloc de pierre d’Istrie, taillé en forme de coupe, et dont le diamètre est de trente-quatre pieds. Il a une corniche et des moulures qui en exhaussent la masse d’une hauteur de neuf pieds dix pouces.

M. de Caylus, qui a parlé de ce bloc de pierre transporté de l’Istrie, et qu’on plaça à quarante pieds de hauteur, l’a comparé, sous le rapport de moyen et de puissance mécanique, dans l’emploi des matériaux, aux grands efforts des Anciens en ce genre, et l’a cité comme un dernier exemple de leur goût, pour tout ce qui offroit, dans la construction, l’idée d’une éternelle solidité. Le savant antiquaire a supputé ce qu’avoit dû comporter le poids de ce bloc colossal, et il a trouvé que ce poids devait s’élever à 940 000 livres.

Au-dessus de cette coupole monolythe, étoit placé le sarcophage de porphyre qui contenoit le corps de Théodoric. On le voit actuellement appliqué à la muraille du couvent de Sainte Apollinaire, qui est dans l’intérieur de la ville. Il a huit pieds de long sur quatre de hauteur, et c’est probablement une de ces cuves qui avoient dû servir autrefois dans les thermes, comme beaucoup d’autres semblables, couvertes depuis en tombeaux. Il paroît qu’en 1512, lorsque les Français, sous Louis XII, attaquèrent Ravenne, ce précieux monument fut violé et mutilé pour en retirer les bronzes qui le décoraient.

RÉCEPTACLE, s. m. (Terme d’architecture Hydraulique.) On appelle ainsi un bassin où, soit par des canaux d’aqueduc, soit par des tuyaux de conduite, des eaux viennent se rendre, pour être ensuite distribuées en d’autres conduites.

On nomme aussi conserve cette sorte de réservoir. Il s’en est fait de toute espèce de grandeur. On peut voir, sur la butte de Montboron près Versailles, le grand bassin rond qui sert de réceptacle aux eaux qui, de-là, sont conduites dans les jardins du grand palais de cette ville.

RÉCHAFAUDER, v. act. C’est faire de Nouveaux échafauds pour réparer ou ravaler quelqu’endroit oublié, ou pour remplacer quelque pierre cassée, ou pour tout autre besoin.

Réchampir, v. act.: se dit, dans la peinture de décoration des batimens, d’une opération qui consiste à rehausser ou à varier par des teintes diverses, soit des moulures, soit des compartimens.

Les doreurs Disent aussi rechampir, pour dire réparer avec du blanc les taches qu’on a pu faire sur un fond qu’on veut dorer.

RÉCHAUFFOIR, s. m. Petit potager qu’on pratique près d’une salle à manger, pour réchauffer les plats qu’on apporte d’une cuisine éloignée.

RECHAUSSER, v. act. C’est rétablir le pied d’un mur, et y rapporter de nouvelles pierres.

RECHERCHE, s. f. Ce mot ne s’emploie guère dans le langage des beaux-arts, que pour exprimer, non pas seulement le fini qu’on donne à leurs ouvrages, mais les soins extrêmes que l’on porte dans ce fini.

Aussi dit-on : il y a dans l’exécution de tous les détails, une grande recherche, ce qui veut dire que l’artiste a recherché jusqu’au scrupule, ces dernières finesses qui empêchent de croire qu’on puisse aller plus loin.

L’idée de recherche, telle qu’on vient de la présenter, s’applique donc également à l’exécution de l’architecture. Elle comporte l’idée de précision rigoureuse dans le tracé, comme dans le fouillé des ornemens et des rinceaux, celle de pureté dans les profils, et jusqu’à celle de netteté dans les assemblages et les joints, de poli dans les surfaces et les paremens, et de régularité précieuse dans l’appareil.

Du reste, on se sert encore quelquefois du mot recherche, pour louer dans un ameublement, et dans toutes les parties dont il se compose, un certain goût pour les ornemens peu communs, un choix délicat d’objets rares et curieux, et un soin d’ajustement appliqué à chaque chose, qui dénote le désir de se distinguer moins par la richesse, que par la grâce et par l’élégance.

Recherche se dit, en terme de construction, de la réparation d’une couverture, où l’on met quelques tuiles ou ardoises, à la place de celles qui manquent. C’est aussi la réfection des tuilées, solins arestiers et autres plâtres.

Recherche de pavé. On appelle ainsi l’opération qui consiste, dans l’entretien des rues et des chemins pavés, à raccommoder les flasques, à mettre des pavés neufs à la place de ceux qui sont brisés.

RECHERCHER, v. act.: signifie, ainsi qu’on l’a dit au mot Recherche, employer les derniers soins à l’achèvement d’un ouvrage, lui donner le dernier fini, et ne laisser rien à désirer dans l’exécution.

Sous ce point de vue, ce mot se prend en bonne part. Cependant, comme il n’est rien dont on n’abuse, point de vertu qui, poussée à l’excès, ne puisse devenir un vice, il arrive aussi que le soin excessif du fini devient de la minutie, que la recherche devient de l’affectation, et qu’une correction trop scrupuleuse donne à l’ouvrage ou de la froideur, ou de la roideur.

C’est ainsi que le mot recherché, dans la langue du goût, peut être quelquefois une critique. On dira d’une décoration, que le style en est recherché, lorsqu’il s’y montre trop de prétention,