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jouer de ces difficultés : Cosa mirabile a vedere le difficolta che audava cereando.

Il ne faut pas supposer ici que Raphael auroit pu avoir recours, ainsi qu’on l’a souvent pratiqué dans les temps modernes, à un perspectiviste habile, pour lui tracer les lignes de son architecture. L’histoire que nous avons écrite et publiée de sa vie et de ses ouvrages, nous le montre dès cette époque, c’est-à-dire, essayant encore ses forces à Florence, avant d’aller à Rome, faisant échange de talens et de connoissances avec Fra Bartholomeo, et lui enseignant la pratique de la perspective, dont ce religieux avoit jusqu’alors négligé l’étude.

Le second tableau que Raphael fit à Rome, dans les salles du Vatican, je veux parler de l’Ecole d’Athènes, présente, dans son fonds, une composition architectonique aussi noble d’invention, que pure d’exécution pour son ensemble, comme par ses détails. Si quelque chose a pu accréditer l’opinion avancée par Vasari, que Bramante avoit tracé à Raphael le dessin de cette perspective, c’est qu’effectivement le parti général de cet ensemble, a plus d’un rapport avec le plan et avec l’élévation intérieure de l’église de Saint-Pierre. Il est certain qu’à cela près de quelques différences commandées par la convenance du sujet, on y voit qu’une coupole avec pendentifs y est le centre de quatre nefs, idée alors assez nouvelle, et dont le projet de Bramante put suggérer l’imitation à Raphael.

Mais jamais peintre n’eut moins besoin d’empruter à autrui ces inventions que la peinture d’histoire doit à l’imitation de l’architecture ; témoins les fonds de toutes ses fresques au Vatican, et ceux de ses célèbres cartons, où la riche invention des édifices et leur variété, le disputent à la noble et ingénieuse composition des figures. Aucun peintre, en exceptant peut-être Nicolas Poussin, n’a su varier avec autant de génie et de goût ces accessoires des tableaux. Il suffira de citer les sujets d’Héliodore, du Miracle de Bolsène, de l’lncendie de Borgo, des Apôtres guérissant un boiteux, de Paul et Barnabé dans la ville de Lystres, pour se convaincre que de semblables fonds n’ont pu être ni pensés, ni tracés, qu’avec les connoissances les plus précises de l’architecture, des ordres grecs, et des principes de la modénature.

Nous ne sommes donc point étonnés de voir Raphael remplacer Bramante, dans les travaux du Vatican, et devenir enfin, ainsi qu’on le dira dans la suite, son successeur, comme ordonnateur en chef de la construction de Saint-Pierre.

Bramante n’avait posé que les fondemens de la cour du Vatican, qu’on appelle la cour des loges. Raphael, chargé d’en continuer l’élévation, en fit un modèle en bois, sur lequel la construction fut achevée. Il la porta à trois étages ou rangs de galeries, l’une sur l’autre, et qui circulent tout alentour. Les deux premiers rangs sont en arcades et en piédroits, avec pilastres ; le dernier, ou celui d’en haut, est tout en colonnes. C’est dans un des côtés de la galerie du second étage, distribuée en autant de petites voûtes qu’on y compte d’arcades, que sont exécutées les célèbres peintures d’arabesques, dont Raphael reconquit sur l’antiquité le goût et le style depuis long-temps oubliés. C’est encore là qu’est peinte cette suite de cinquante-deux sujets de l’ancien et du nouveau Testament, qu’on appele la Bible de Raphael.

On ne sauroit dire si Raphael a, dans l’architecture de cette cour, profité des idées ou des inspirations de Bramante. Ou croit voir toutefois dans son exécution avec la même pureté de manière qui distingua son prédécesseur, moins de cette maigreur qu’on lui a aussi reprochée.

En 1515, Léon X, allant à Florence, où il fit une entrée solennelle, conduisit avec lui Michel Age et Raphael, pour avoir de chacun d’eux un projet du grand frontispice, dont il avoit dessein d’orner l’église de Saint-Laurent, bâtie jadis par les Médicis. Cette résolution n’eut pas de suite ; mais il paroît constant que Raphael avoit conçu et dessiné une fort belle composition, qu’Algarotti déclare avoir vue dans la Collection du baron de Stosch, et dont il avoit obtenu de tirer une copie.

Ce fut indubitablement pendant le séjour qu’il fit alors à Florence, que Raphael eut l’occasion de donner les plans et les dessins des deux charmans palais que Florence compte parmi ses plus rares monumens d’architecture.

Le palais degl’ Uguccioni, qu’on voit sur la place du Grand-Duc, a été attribué par quelques uns à Michel Ange. Il ne faut pas des yeux fort exercés à discerner les manières de chaque maître, pour reconnoître premièrement, que le goût ou le style du dessin de ce palais, est bien celui des autres palais reconnus, sans contestation aucune, pour être de Raphael ; secondement, que cette sorte de cachet qui fait si bien distinguer l’architecture de Michel Ange, ne se montre point ici. Or, chacun connoît les détails capricieux d’ornement qui lui furent particuliers, et qui servent encore à désigner les ouvrages de son école.

La façade du palais dont il s’agit, offre, dans un petit espace, un ensemble à la fois grand et riche, simple et varié. Sur un soubassement rustique, composé de trois arcades, s’élèvent deux étages, avec deux ordonnances de colonnes engagées. L’étage principal a une ringhiera, ou un balcon continu, dont les balustres à double renflement sont sculptés et ornés de feuillages. L’ordre du premier étage est ionique, celui du second est corinthien. Bramante et Raphael eurent assez l’usage d’accoupler les colonnes et les pilastres contre les trumeaux des entre-croisées. La largeur

qu’on