Page:Encyclopédie méthodique - Architecture, T3.djvu/270

Cette page n’a pas encore été corrigée
262
RAI RAI


grandes choses qu’il a exécutées, entr’autres la place de Saint-Pierre, ont compensé, dans l’opinion de la postérité, les défauts de pureté qu’on reproche à son goût et à sa manière. Charles Rainaldi n’eut pas d’aussi favorables occasions de déployer son talent en grand, et ses ouvrages sont restés dans l’histoire du goût de l’architecture, comme faisant précisément la nuance ou le passage du bon au mauvais genre qui, pendant près d’un siècle, régna dans les monumens de toute l’Europe.

Sous le rapport des qualités morales et de celles qui sont un pur don de la nature, on ne trouve, dans les biographes, que des éloges de Charles Rainaldi. Il étoit d’une belle figure et d’une humeur agréable. Homme du meilleur ton, il vivoit noblement ; il fréquentoit les personnes du plus haut rang, qui recherchoient sa conversation, et, par des présens flatteurs, se plaisoient à lui témoigner leur estime. Religieux et charitable, il faisoit d’abondantes aumônes. Les diamans qu’il possédoit, il les employa à l’ornement d’un ostensoir dont il fit don à l’église des Stigmates. Aimé de tous les artistes dont il étoit l’ami, il usoit envers eux d’une franchise toujours bienveillante ; versé dans presque tous les arts, il cultivoit la musique, dessinait comme un peintre, inventoit facilement et exécutait de même. Il eut enfin toutes les qualités qui lui auroient assuré, dans l’architecture, une réputation plus solide, a’il eût pu résister davantage au courant du goût de son siècle.

RAINALDO, architecte du onzième siècle, qui, continuateur de Buschetto, dans les travaux de la cathédrale de Pise, fut l’auteur du frontispice ou portail de cette grande église.

Sur la foi de tous les écrivains qui avoient parlé de ce monument, nous avions avancé à l’article de Buschetto, qu’il étoit Grec d’origine, et né à Dulichium. M. Cicognara, dans son Histoire de la Sculpture en Italie, a lumineusement discuté cette opinion. Il a prouvé que dans le vers de l’épitaphe où se trouve le mot Dulichio, ce mot étant en rapport nécessaire avec le mot duci, ne pouvoit s’appliquer qu’à Ulysse, que l’on désignoit ainsi, d’une des îles qui formoient son domaine. Tout le reste de l’épitaphe en vers démontre effectivement qu’elle contient un parallèle, qui est tout-à-fait dans l’esprit du temps, entre le génie sécond d’Ulysse, et le talent inventif de Buschetto.

M. Cicognara se propose donc, dans cette discussion, de prouver, sinon que Buschetto n’étoit pas Grec d’origine, du moins qu’il n’y a aucune raison de le croire, et que cette opinion n’a reposé jusqu’ici que sur un mal-entendu causé par une lacune de l’épitaphe, et il en conclut qu’on a eu tort d’enlever à l’Italie l’honneur du premier monument qui annonce le rétablissement de la bonne architecture dans cette contrée. Il prétend que l’Italie ne devoit pas alors avoir besoin de secours étranger dans cet art, et qu’il y avoit chez elle des architectes distingués.

On ne sauroit mieux le démontrer qu’en faisant voir, qu’au même temps un autre architecte italien, comme le prouve son nom de Rainaldo, avoit partagé avec Buschetto les travaux de la construction du duomo de Pise, ou du moins avoit été son successeur, dans l’érection du portail.

Rainaldo fut donc celui qui termina cette grande entreprise, en élevant le portail dout nous avons donné une description au mot Portail (voyez ce mot). N’ayant point d’autre détail sur cet architecte, nous bornerons cet article, consacré aussi à réparer l’erreur qui est relative à Buschetto, en disant que le nom de Rainaldo est très-distinctement gravé au haut de la porte d’entrée, dans l’inscription en vers que nous rapportons :

hoc opus eximium, tam mirum, tam pretiosum
rainaldus prudens operator et ipse magister
constituit mire solerter et ingeniose
.

RAINCEAU. Voyez Rinceau.

RAINURE, s. f. C’est un petit canal fait sur l’épaisseur d’une planche, pour recevoir une languette, ou pour servir de coulisse.

Quoique ce mot soit plus particulièrement, ou plus souvent employé dans les ouvrages de menuiserie, on en use pourtant aussi, pour désigner quelque chose de semblable dans la construction en pierres. Ainsi, nous savons que les métopes en marbre du temple de Minerve, à Athènes, sur lesquelles sont sculptées des figures de combattans contre des centaures, ayant été scupltées hors de la place qu’elles occupent, y furent arrêtées au moyen du rainures pratiquées dans les blocs où sont taillés les triglyphes : la table de marbe de chaque métope entra ainsi dans les rainures qui lui étoient préparées ; et ce fut aussi à la faveur de ces mêmes rainures, qu’on est parvenu à les enlever de leur place sans les endommager.

Nous avons vu encore dans les pierres d’entablement des temples d’Agrigente en Sicile, des rainures pratiquées en forme de fer à cheval, sur les côtés de ces pierres qui devoient faire joints. Ces rainures servoient à y introduire, de l’un et de l’autre côté, des cordes pour soulever la pierre, la conduire à sa place et en son joint. La pierre étant ainsi placée, la corde s’enlevoit à volonté en coulant dans la rainure.

RAIS DE CHŒUR, s. m. Nom d’un ornement fort usité dans l’architecture. Il se compose de fleurons et de feuilles d’eau qu’on taille prin-