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la fontaine et des conduits publics à Velletri. Il construisit plus d’un édifice à Rome, où il se maria et eut un fils, nommé Dominique, qui fut aussi architecte et peintre.

Enfin, le troisième fils d’Adrien fut Jérôme Rainaldi.

Il apprit l’architecture sous Fontana. Celui-ci, ayant reçu de Sixte-Quint l’ordre de lui faire le projet d’une église pour Montalto, qui étoit la patrie du Pontife, et empêché par set nombreuses occupations de se livrer à ce travail, en chargea Rainaldi, son élève. Dès qu’il eut ce projet, il le porta au Pape, en lui avouant que l’ouvrage n’étoit pas de lui, mais d’un élève plein de talent, que Sa Sainteté auroit du plaisir à connoître. Le jeune Rainaldi fut agréé par le Pape, et sa fortune fut faite.

Il construisit l’église de Montalto. Bientôt il fut chargé d’achever les constructions du Capitole.

Sous Paul V, il eut à bâtir le port de Fano, la maison professe des Jésuites à Rome, et leur collège de Sainte-Lucie à Bologne.

Employé au service du duc de Parme, il lui construisit un palais dans cette ville, et deux autres à Plaisance, et à Modène.

Pour la famille Borghèse, il bâtit à Frascati le casin de Villa Taverna, d’une disposition fort heureuse, et fit à Sainte-Marie-Majeure le dessin du maître-autel de la chapelle qu’on, appelle Pauline.

Il fut l’architecte du pont de Terni sur la Nera. Ce pont n’a qu’eau seule arche d’une largeur considérable, et d’une bonne proportion.

Le palais Pamphili, à la place Navone, est de l’architecture de Jérôme Rainaldi. C’est un des grands palais de Rome. Sa masse a quelque chose d’imposant, et son effet le seroit bien davantage, si déjà n’eût commencé à prévaloir le goût des détails multipliés et capricieux, dans lesquels on cherchoit, sans le trouver, le mérite de grandeur et de richesse, que les architectes de l’école précédente avoient trouvé sans l’avoir cherché. La façade de ce palais offre des divisions d’ordonnance, qui déjà contribuent à en rapetisser l’aspect. Le corps du milieu présente trois ordres l’un sur l’autre, d’un style fort insignifiant, et qui sont surmontés par un attique formant une loggia, qui s’élève au-dessus de la toiture des ailes. Chacune des deux ailes a une porte triangulaire portant une ringhiera, semblable à celle qui règne au-dessus de la porte principale, dans toute la largeur du corps du milieu dont on a parlé.

Les ordres de ce corps de milieu se trouvent rappelés aux deux angles du palais par des pilastres moins riches. Ce qu’il faut dire de l’ordonnance générale, c’est que, si l’on en supprimoit des détails capricieux dans les chambranles de quelques fenêtres, et certaines recherches de variétés fort inutiles, la masse entière du palais rappelleroit assez heureusement la disposition à laquelle les ouvrages du seizième siècle dûrent leur grandeur et leur beauté. Enfin, l’édifice est grand, mais l’architecture est petite.

Jérôme Rainaldi avoit été chargé de construire l’église du Sainte-Agnès qui est contiguë au palais Pamphili. On prétend qu’ayant cru devoir déférer aux ordres du prince Pamphili, neveu du Pape, plutôt qu’à ceux du pape, Innocent X retira à Rainaldi la direction de ce monument.

En 1610 eut lieu la canonisation de saint Charles Borromée. Ce fut sur les dessins de Jérôme Rainaldi, que fut exécutée toute la décoration intérieure et extérieure, pour la cérémonie qui eut lieu dans la basilique de Saint-Pierre.

On cite encore comme son ouvrage la belle église des Carmes déchaussés à Caprarola.

Deux fois il fut employé en Toscane pour les différent qui curent lieu, au sujet des eaux, entre le Grand-Duc et la Cour de Rome.

Il mourut à l’âge de 85 ans et fut enterré a Sainte-Martine.

Rainaldi (Charles), né en 1611, mort en 1641.

Fils et élève de Jérôme Rainaldi, dont on vient de parler, il eut l’avantage de faire de très-bonnes études tant dans les sciences exactes, que dans les belles-lettres ; et devenu architecte, il soutint dignement l’honneur de son nom et de sa famille.

Le pape Innocent X, qui connoissoit les talens de Charles Rainaldi, et par ses dessins, et par quelques-uns des édifices qu’il avoit déjà construits, lui confia l’entière exécution de l’église de Sainte-Agnès, entreprise dont la direction avoit été retirée à Jérôme son père. On ne sauroit refuser des éloges au plan en croix grecque de ce temple, qui consiste particulièrement dans une coupole de bonne proportion, et qui offre, dans toutes les parties de sa disposition, symétrie élégance et variété sans confusion. On y regrette que l’architecte y ait toutefois multiplié, selon le goût d’alors, ces pilastres ployés dans les angles et cet ressauts inutiles qui déparent son ordonnance. La façade de cette église offre encore une des compositions les moins tourmentées qu’on ait faites, et un portail des plus raisonnables dans son rapport avec la coupole. Il est malheureux qu’il n’ait pas conduit lui seul jusqu’à la fin cette construction. Il ne la porta que jusqu’à l’entablement. Son successeur fut Borromini, qui, tout en suivant le projet de Rainaldi, ne put s’empêcher d’imprimer aux détails de la décoration, le cachet de son goût bizarre. Cependant le monument, avec son dôme et ses deux campaniles, présente, pour le goût du temps, un des ensembles les plus agréables qu’il y ait.