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On a quelquefois jugé avec trop de sévérité ce raccordement, comme si ceux qui sont chargés de semblables travaux, pouvaient être responsables de toutes les sujétions auxquelles on les condamne. Or, il paroît que la condition à laquelle furent soumis les nouveaux architectes, avoir été de conserver le plus qu’il seroit possible des anciennes constructions.

Les moyens qui leur étoient confiés s’étant trouvés ainsi limités, il faut se garder de soumettre leur ouvrage à une censure trop absolue. On voit qu’ils visèrent, tout d’abord, à ramener autant qu’il fut possible, toutes les masses discordantes de cet ensemble, à une ligne d’entablement générale et à peu près uniforme, moyen principal de redonner une apparence d’unité à des parties détachées, et sans accord réel entre elles. Ils y parvinrent encore en assujettissant les croisées et les trumeaux, les pleins et les vides de imite la façade, à un certain niveau qui semble être le résultat d’une disposition primordiale.

On ne sauroit nier que la partie du milieu, c’est-à-dire, le pavillon central, avec ses deux accompagnemens de galeries en arcades, formant terrasse, ne soit la partie la plus heureuse de toute cette grande ligne. Il y rogne assez d’unité et beaucoup de variété, et cette diversité de masses, de retraites et de saillies qu’on y observe, semble y être moins l’effet d’un raccordement opéré après coup, que celui d’une combinaison originelle.

Voilà le plus grand éloge qu’on puisse donner à l’art de raccorder détails d’un grand édifice, soit qu’il s’agisse de prendre un parti nouveau en prositant de tout ce qui étoit ancien, et en faisant subir des masses détachées, souvent sans rapport entr’elles, le moins de changement qu’il est possible, soit qu’on ait à adapter quelque composition nouvelle à un édifice déjà terminé, comme l’a fait Bernin en raccordant, avec autant d’adresse que d’intelligence et de goût, sa grande colonnade, et en la rattachant au frontispice de Saint-Pierre, de manière qu’on ne soupçonne point que c’ait été une addition postérieure.

Plus les mœurs amènent de mobilité dans les emplois, que de nouveaux besoins peuvent donner à d’anciens édifices, plus l’art des raccordemens devient nécessaire. A cet égard, il ne paroîtroit point inutile d’appliquer les jeunes architectes à trouver les moyens de vaincre les difficultés que ce genre de travail présente. Cet exercice a toujours l’avantage d’aiguiser l’esprit, d’apprendre à surmonter des vices de disposition, des défauts de construction, et à faite quelquefois résulter des beautés, de l’inconvénient même qui sembloit fait pour y mettre obstacle.

L’habileté de l’architecte chargé de pareils travaux consistera, en redonnant un corps à des membres désunis, ou en rajoutant quelques parties nouvelles aux parties déjà existantes, à se conformer soit au genre d’architecture, soit au style et au goût du premier auteur, de façon qu’on puisse croire que le tout est du même temps et d’une même main. Trop souvent en croyant faire et en faisant réellement mieux, on défigure le monument par une bigarrure de style. Ce n’est plus raccorder, c’est désaccorder l’ouvrage.

On ne sauroit dire autre chose de ces églises gothiques dont on a, dans le dernier siècle surtout prétendu embellir soit les frontispices, soit des parties intérieures, en y substituant les ordonnances, les ornemens et les détails de l’architecture grecque. La simple raison veut qu’on n’allie point ensemble des objets, et des goûts aussi étrangers entr’eux.

Il doit en être de l’art de raccorder les œuvres de l’architecture, comme de celui qu’on emploie à raccorder, dans les tableaux et les peintures, ce que le temps ou quelqu’accident y a endommagé. Qui ne sait que le premier soin à prendre, est de contrefaire, autant qu’il est possible, les couleurs, les teintes, les formes et jusqu’aux défauts de l’ouvrage ? La perfection consiste, en ce genre, à ce que personne ne puisse s’apercevoir du raccordement. Pareil soin doit avoir lieu dans les édifices, pareil esprit doit guider celui qui est chargé ou de compléter, ou de restaurer un monument.

RACHETER, v. act. Ce mot s’emploie, en architecture et surtout dans la construction, pour signifier corriger, redresser une irrégularité, joindre une forme à une autre.

C’est, par exemple, corriger en biais par une figure régulière, comme une plate-bande, qui, n’étant pas parallèle, raccorde un angle hors d’équerre avec un angle droit, dans un compartiment.

Racheter s’emploie encore dans la coupe des pierres, pour dire joindre nominale raccordement deux voûtes de courbe différente.

Ainsi, on dit qu’un cul-de-lampe rachète un berceau, le berceau y vient faire lunette.

On dit que quatre pendentifs rachètent une voûte sphérique, ou la tour ronde d’un dôme, parce qu’ils se raccordent avec leur plan circulaire.

RACINAL, s. m. (Terme d’architecture hydraulique.) Pièce de bois dans laquelle est encastrée la crapaudine du seuil d’une porte d’écluse.

RACINAUX, s. f. pl. (Terme d’architecture hydraulique.) Pièces de bois, comme des bouts de solives, arrêtées sur des pilots, et sur lesquelles un pose les madriers et les plates-formes, pour porter les murs de douve des réservoirs. On appelle aussi racinaux, des pièces de bois plus