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numens sépulcraux des Egyptiens, n’est dû qu’à cette partie de l’intelligence humaine, qu’on appelle instinct, et qui, commune à tous les hommes, ne peut point ne pas rapprocher quelques uns de leurs ouvrages, et leur imprimer certaines ressemblances, quoiqu’il n’ait existé ni communication, ni rapprochement entr’eux.

Nous ne dirons pas la même chose de quelques peuples de l’Asie, où les notions des historiens grees, nous apprennent qu’il exista de véritables et réelles pyramides. On dit véritables et réelles, parce que les unes, par leur forme et par leurs dimensions, les autres par leur destination, nous paroissent avoir dû être des imitations des pratiques égyptiennes ; et puis les pays où ces monumens ont été vus et décrits, non-seulelement ne furent point étrangers à tout contact avec l’Egypte, mais on sait, au contraire, qu’il avoit dû s’établir entr’eux, et d’assez bonne heure, de ces rapports plus ou moins directs, qui conduisent naturellement à une communauté d’idées et d’usages.

Près d’une ancienne ville de Médie, nommée Larissa, Xénophon (Retraite des dix mille, liv. 3, chap 4) fait mention d’une pyramide, construite en pièrres, hors des murs de cette ville. Elle avoit un plèthre de largeur et deux plèthres de hauteur, c’est-à-dire, à peu près quatre-vingts pieds à sa base, et cent soixante jusqu’à son sommet.

Rien ne se rapproche plus des pyramides de l’Egypte, rien n’en retrace mieux l’origine, et ne confirme davantage ce que nous avons avancé sur les élémens de leur construction, que ce tombeau d’Alyates, roi de Lidye, dont Hérodote (liv. I, §. 93) nous a laissé la description. C’est un ouvrage (dit-il) supérieur à tous ceux qu’on admire ailleurs, excepté toutefois les monumens des Egyptiens et des Babyloniens. Son soubassement se compose de grandes pierres, le reste consiste dans une montagne de terre ; au sommet, s’élèvent cinq espèces de cippes avec des inscriptions. Ce monument a 6 stades 2 plèthres de circuit et 13 plèthres de largeur (c’est-à-dire, 598 toises a pieds 10 pouces de tour, sur 204 toises 3 pieds 9 pouces de largeur). Ainsi la largeur des deux laces latérales devoit être de 94 toises 3 pieds 8 pouces.

Selon les mots propres du récit d’Hérodote, le tombeau d’Alyates, père de Crésus, eût consisté, au-dessus de la masse de son soubassement, dans une montagne de terre. Quelques-uns supposent que le mot terre, αωμα γής, peut aussi bien signifer de la terre cuite, c’est-à-dire, de la brique, on bien que l’ame du monument, ayant été une élévation naturelle en terre, l’écrivain, en énonçant ce fait, n’a pas exclu la possibilité d’un revêtement quelconque. Sans entrer dans cette discussion, nous nous contenterons de faire observer que le tombeau d’Alyates, tel qu’il est décrit rentre parfaitement dans les idées et les termes de ces tumuli dont nous avons parlé, qu’on environnait d’un mur, au sommet desquels on élevoit une colonne, et qui furent le type primitif des pyramides.

L’historien Josephe, en décrivant (liv. 13, ch. 6) les grands ouvrages faits par Hérode, ou sous son règne, dans la Judée et autres pays, cite comme un monument des plus magnifiques, le tombeau que Simon fit élever en marbre blanc, pour sa famille, avec des portiques, dont les colonnes, aussi de marbre, étoient d’une seule pierre. On y comptoit sept pyramides, ouvrage d’un travail excellent, et si élevées, qu’on les apercevoit en mer, et que les navires s’en servoient, comme d’un signal, pour diriger leur course. Elles existoient au temps de Josephe, et encore deux cents ans après lui, comme Eusèbe en fait foi.

Pyramides en Grèce. — On ne doit pas s’étonner que les Grecs aient fait peu d’usage de la pyramide dans la construction de leurs tombeaux. D’une part, des réglemens somptuaires avoient pu mettre quelques limites aux dépenses des sépultures ; de l’autre, dans les beaux temps de la Grèce, il se trouvoit peu de fortunes particulières en état de payer de tels ouvrages, et alors la fortune publique de ces petits Etats auroit eu encore moins de moyens de subvenir à ces dépenses. Nous ne trouvons donc, dans les descriptions de Pausanias, qu’une seule mention d’édifice qui paroisse donner l’idée d’une pyramide. En allant d’Argos à Epidaure (dit ce voyageur), on trouve, à droite du chemin, un édifice qui ressemble beaucoup à une pyramide. Ce qu’il faut observer, c’est que cet édifice étoit véritablement un tombeau où furent ensevelis conjointement ceux des deux partis, qui avoient combattu dans la querelle de Prœtus et Acrisius, au sujet de la couronne.

Quoique le monument sépulcral de Mausole ait appartenu à une ville de l’Asie minéure, comme il fut l’ouvrage d’artistes grecs, et fait dans le plus bel âge des arts de la Grèce, nous ne pouvons pas nous empêcher de le mettre au nombre des imitations, que ce pays auroit fait de la pratique égyptienne en fait de tombeaux.

Au mot Mausolée (voyez cet article), nous avons rapporté la description que les écrivains nous ont laissée de ce monument. Nous n’en reparlerons ici, que pour y faire observer la pyramide composée de vingt-quatre degrés, qui s’élevoit au-dessus de la masse quadrangulaire et périptère qui formoit le corps principal de l’ouvrage. Le sommet de cette pyramide recevoit un quadrige en bronze.

Pyramides en Italie. — Ce que Pline, sur l’autorité de Varron, a rapporté du labyrinthe d’Etrurie, qui fut le tombeau de Porsenna, renferme la mention d’un assez grand nombre de