Page:Encyclopédie méthodique - Architecture, T3.djvu/257

Cette page n’a pas encore été corrigée
249
PYR PYR


leur élévation, et les détails de leur décoration, à tout ce qu’on connoît des temples égyptiens. Ces petits temples sont précédés d’un pylone, et on y reconnoît tous les accessoires ou hiéroglyphes sculptés de relief en creux, qui appartiennent à tous les monumens de l’Egypte. En rapprochant de la disposition accessoire des pyramides de Meroé, et les notions de l’histoire sur les pyramides de Memphis, et les restes de constructions semblables à celles de tous les temples, restes que les voyageurs nous représentent comme existans dans le voisinage de quelques pyramides, on sera, je pense, très-porté à présumer, qu’il dut y avoir comme adhérent, et attaché à chaque pyramide, un édifice religieux, où se pratiquoient certaines cérémonies, qui ne pou voient avoir lieu dans des tombeaux, dont l’art a voit rendu l’intérieur inaccessible et impénétrable. Si, comme on le suppose, il exista ainsi, en manière d’annexé à chaque pyramide, un temple, dont la grandeur et l’étendue avoient pu être plus ou moins proportionnées à la dimension de la masse pyramidale qu’il accompagnoit, on pourroit voir là l’origine de l’une des opinions avancées sur l’emploi des pyramides, opinion qui consiste à en faire des monumens élevés à la Divinité.

4°. Il nous semble que les pyramides de Meroé sont ce qu’il y a de plus propre à fixer toutes les incertitudes sur l’emploi des pyramides, en faisant voir l’inconvenance et l’impossibilité de toutes les hypothèses astronomiques, allégoriques ou mystiques, que l’on s’est plu, dans les temps modernes, à imaginer pour leur explication.

Que voit-on, en effet, à Meroé ? La même chose qu’il faut voir à Memphis ; un grand cimetière divisé sur plusieurs grands espaces de terrain, aux environs de la ville. Si, d’une part, une semblable destination exclut toute autre interprétation des pyramides, d’autre part, on voit, par le nombre si considérable de ces monumens qui se pressent, en quelque sorte, sur ces différens espaces, qu’il n’y a véritablement aucune autre destination à leur supposer, Peut-on raisonnablement se prêter à l’idce qu’ils étoient des temples ? Seroit-ce dans des lieux éloignés des villes qu’on eût entassé ainsi temples sur temples ? Les idées de monumens astronomiques ou d’observatoires n’ont pas plus de vraisemblance. A quoi auroit servi cette multitude d’édifices, destinés à l’observation, là, où un seul auroit suffi à cet emploi ? Toutes les autres opinions ont moins de consistance encore, et la suite de cet article va nous montrer, que le soin de la sépulture ou de la conservation des corps, ayant été, chez tous les peuples de l’antiquité, le principe des plus grands et des plus solides monumens, la forme de pyramide, comme la plus durable de toutes celles que l’art de bâtir puisse imaginer, fut aussi celle qui fut la plus générale dans la construction des tombeaux.

Des pyramides hors de l’Egypte.

Pyramides en Asie. — Les renseignemens relatifs aux monumens de l’Asie, doivent, quant à l’architecture, se diviser en deux classes, ceux dont nous avons connoissance par les relations des voyageurs modernes, et qui appartiement très-probablement aux temps postérieurs à la haute antiquité, et ceux que les anciens écrivains nous ont fait connoître, dans les détails de leurs histoires, qui se rapportent à cette vaste contrée.

En suivant cette distinction, par rapport aux notions qu’on peut avoir sur les pyramides en Asie, nous passerons promptement, dans cette recherche, sur les opinions des voyageurs ou des critiques, à l’égard de ce qu’ils ont appelé des pyramides dans l’Inde. Déjà, à l’article de l’Architecture de ce pays (voyez Indienne (Architecture), nous croyons avoir suffisamment fait entendre, quelle avoit été l’exagération des voyageurs, qui pour la grandeur de la construction et l’élévation des masses, s’étoient plu à comparer certaines pagodes pyramidales de l’Inde aux pyramides de l’Egypte. Mais nous répéterons ici, que c’est confondre toutes les idées, que do donner le nom de pyramides à tout édifice qui se termine en pointe. Le mot pyramidal (voyez ci-dessus) a dû faire voir que la forme qu’on appelle ainsi, est I’effet du seul instinct de la solidité : et de fait on la retrouve dans une multitude de masses d’édifices, qui n’ont rien de commun avec la pyramide proprement dite.

Nous croyons que les deux caractères, l’un relatif à l’emploi de l’édifice, l’autre relatif à sa construction, caractères qui constituent la pyramide dans le sens que l’usage a donné à ce mot sont d’être des tombeaux, et d’être massifs.

Premièrement, quant à l’emploi, non-seulement rien ne nous apprend que les pagodes pyramidales de l’Inde, que les tours ou minarets de la Chine et d’autres pays, aient été des sépultures. Tout porte à y voir des monumens religieux, quelques-uns composés d’un assez grand nombre de salles, de galeries ; d’autres s’élevant à une fort grande hauteur, par étages, auxquels on parvenoit au moyen d’escaliers intérieurs, et à la manière des tours de nos églises. Secondement, la construction de ces masses n’offre rien de semblable aux pyramides, ni par l’étendue de leurs bases, ni par la nature de leur appareil, ni par ce caractère de massivité, dont l’objet principal fut de garantir au tombeau une durée éternelle.

C’est pourquoi nous pensons, qu’aucune communication réelle ne s’étant établie entre l’Egypte, et des contrées aussi éloignées d’elle, l’espèce de rapport qu’on trouve, quant à la forme pyramidale, entre quelques pagodes et les mo-

Diction. d’Archit. Tome III
I i