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parvenues le plus grand nombre des pyramides, a mis à découvert, dans beaucoup de ces monumens, le mode de construction de leur massif. Il paroît avoir consisté généralement dans une maçonnerie en blocage, de pierrailles de toute nature, employées, ce qu’on appelle à bain de mortier. Quelques chaînes de pierre auroient servi de liaison à cette maçonnerie. Si l’on en croit Pococke, il y a de ces pyramides qui ont leurs angles et le milieu de leurs faces garnis et renforcés par de semblables chaînes de pierre, et ces pierres sont des blocs d’une assez grande étendue.

Très-probablement la maçonnerie rustique et vulgaire, dont on a parlé, aura été recouverte d’un enduit de stuc. Sur ce point, en effet on ne sauroit douter que l’usage des enduits n’ait été pratiqué. Nous avons vu que la pyramide de Chephren porte des vestiges d’un stuc brillant, et plusieurs ont cru que le haut de son revêtement, au lieu d’être en marbre blanc, n’étoit qu’un stuc qui en jouoit les apparences.

Le grand nombre de pyramides récemment découvertes par M. Caillaud, dans son voyage à Meroé, et dont il nous reste à parler, donne des lumières nouvelles sur le genre de construction des pyramides de la Basse-Egypte. Quoique ces monumens paroissent être d’une date beaucoup plus récente, et bien que leurs masses, fort inférieures en étendue, annoncent une construction moins dispendieuse, cependant tout, dans le pays où elles se trouvent, temples, hiéroglyphes, statues, etc. , est conforme aux mêmes ouvrages en Egypte. On ne sauroit, par conséquent, se dispenser de reconnoître ces monument comme entièrement égyptiens, quel que soit l’âge qui les vit élever. Dès-lors on ne peut se refuser à croire que les mêmes procédés de construction se seront transmis avec les mêmes usages, les mêmes opinions, le même goût et le même style de dessin et de composition.

Des pyramides de Meroé ou d’Assour en Ethiopie.

Plus d’une raison, tirée des mœurs, de la religion, de l’état politique de l’Egypte, et surtout de sa position géographique, nous explique pourquoi cette nation, resserrée en quelque sorte dans certaines limites naturelles, étendit beaucoup moins qu’on ne pourroit le croire, ses rapports avec les autres peuples. L’aversion que l’Egyptien avoit pour la navigation, rendit inutiles, pour lui, les mers qui l’avoisinoient. Elles furent, au contraire, une des causes de son isolement. Borné ainsi, de toutes parts, par la mer, les montagnes et les déserts environnons, et comme renfermé dans la vallée du Nil, on conçoit aisément que, soit pour une cause, soit pour une autre, l’influence de ce peuple ne put guère exercer son action qu’en remontant le Nil, et en pénétrant, dans la même direction, chez les nations placées au-dessus de lui, sur les rives du même fleuve.

Ce n’est pas ici le lieu de rechercher l’origine de la civilisation égyptienne, le point de son départ, et les routes qu’elle a suivies. En prenant aujourd’hui pour guides, dans cette matière, les autorités de l’histoire et celles des monumens, on est assez d’accord que Thèbes devança Memphis, c’est-à-dire, que la Haute-Egypte fut primitivement le siège du Gouvernement. lI est reconnu que quelques-unes des ruines de la Thébaïde annoncent encore une plus grande antiquité que celle des autres monumens répandus dans le reste de l’Egypte. En prenant Thèbes comme point de centre, il serait donc probable que les arts de l’Egypte auroient suivi soit eu descendant, soit eu remontant le Nil, le mouvement naturel qui devoit porter l’influence de ce peuple au-delà peut-être des limites de sa puissance politique ; car il est impossible que le peuple civilisé ne finisse point par conquérir d’une manière ou d’une autre, des voisins moins avancés que lui dans la civilisation.

Nous présumons donc que l’Egypte ne pouvant étendre la conquête dont on parle, qu’en remontant toujours se Nil, aura nécessairement porté son langage, son culte, et l’écriture par signes figuratifs qui constitua ses arts, d’abord dans la Nubie, qui lui étoit limitrophe, el où l’on trouve des monumens qui se recommandent aussi par une assez grande antiquité.

Nos connoissances sur les monument de l’Egypte s’étoient aussi arrêtées à ce point, lorsque le voyage entrepris par M. Caillaud, et dont le point de départ est l’extrémité de la Nubie, nous a révélé une nouvelle extension des arts égyptiens en Ethiopie. La découverte de Meroé et de ses monumens, ainsi que de diverses autres ruines qu’on trouve à mesure qu’on remonte le Nil, nous apprennent, par la plus parfaite ressemblance de leurs ouvrages, avec ceux de l’Egygte, qu’il y eut, n’importe à quelle époque, identité d’usages, de croyance, d’opinions religieuses, et que les mêmes idées s’y exprimèrent par les mêmes signes. Mêmes plans et configurations de temples, mêmes élévations, mêmes frontispices ou pylones, même emploi, sur ces parties, des mêmes caractères hiéroglyphiques, même genre de dessin, de sculpture, de composition décorative, même forme de statues, etc.

Ce que cette nouvelle conquête a de plus important, pour l’article qui nous occupe, c’est-à-dire, quant aux pyramides, c’est qu’on y voit des monumens de ce genre presqu’aussi nombreux aux environs de Meroé, que le furent ceux de la Basse-Egypte, aux environs de Memphis.

Sur divers emplacemens, les pyramides de Meroé sont élevées sans aucun ordre ni symétrie, par groupes de douze ou quinze. Si l’on en croit les indications de toutes celles qui, étant entiè-