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la largeur de la base de cette pyramide, soit de sa hauteur réelle, soit des rapports de la base avec l’élévation totale. Les dernières découvertes ont fixé toutes les incertitudes à cet égard. Il falloit, en effet, avant tout, déblayer la ligne inférieure de cette base, des amas de sable et de décombres, qui ont élevé autour d’elle le terrain de plusieurs pieds. Cette opération a fait déconvrir trois assises enterrées de la pyramide, au-dessous desquelles on a reconnu le rocher caché en cet endroit plutôt par les décombres, que par l’agglomération du sable. La mesure prise alors, d’angle en angle, a donné 728 pieds de largeur à sa base. Pour avoir la hauteur perpendiculaire de toute la pyramide, le voyageur déjà cité, a eu recours au procédé le plus pénible si l’on veut, mais le plus simple et le plus infaillible. Il a mesuré la hauteur partielle de chaque assise, ou de chacun des degrés par lesquels on peut arriver à son sommet, et il a formé une table dont le détail a encore l’avantage de faire connoître les variétés en hauteur, des pierres de chaque assise : l’addition totale de toutes ces mesures a donné, pour hauteur de la pyramide dans l’état où elle se trouve aujourd’hui, 447 pieds. Cependant il est bon d’observer que le sommet, d’après des observations qui ont été faites sur la dégradation progressive qu’il a éprouvée, devant toujours aller en diminuant, on doit lui ajouter deux ou trois assises, qui portent la hauteur totale au moins à 450 pieds.

Nous aurons à parler encore de cette pyramide, de ses matériaux, de sa construction et du revêtement dont elle a été dépouillée.

La pyramide de Chephren, la plus grande après celle de Cheops, a encore son sommet garni du revêtement dont tout le reste a été dépouillé. Les pierres avec lesquelles elle est construite, sont énormes : il en est qui ont vingt pieds de longueur. La partie inférieure jusqu’à la première assise, au dire d’Hérodote, étoit en pierres d’Ethiopie de diverses couleurs. Il paroit effectivement qu’on y avoit pratiqué, vers la base, quelques assises carrées, en guise de socle. La conservation de la portion de revêtement qui est au sommet, fait voir qu’à l’exception de ces gradins du socle, le tout étoit lisse, et avoit reçu un enduit sur lequel on avoit appliqué les dalles de marbre. On voit encore des restes ce cet enduit. Il est formé de gypse, d’un peu de sable et de quelques menus cailloux. Il se conserve assez blanc ; on l’aperçoit de loin, et lorsque le soleil l’éclairé, il réfléchit tant soit peu la lumière. Cette illusion a fait dire à quelques auteurs, que le haut de cette pyramide étoit d’un granit très-fin. Il est certain que la pierre dont est bâtie la pyramide de Chephren, est la même que celle du noyau des autres pyramides de Ghizé.

La pyramide de Chephren a 605 pieds de large à sa base, et sa hauteur est de 398.

La troisième pyramide, celle qu’on appelle de Nycerinus, a 280 pieds de base apparente, et 162 d’élévation. On ne pense pas qu’elle soit de beaucoup enterrée. Cette mesure ne s’éloigne pas de celle des trois plèthres qu’Hérodote lui a donnés, et la mesure de Pococke en diffère très-peu. L’enlèvement de son revêtement date de temps assez modernes. On trouve encore dispersés ou entassés près de sa base de beaux morceaux de granit d’Eléphantine, et dans les environs du monument, d’autres débris, à la vérité plus rares, de marbre noirâtre.

Tous les auteurs attestent que cette pyramide, construite par un roi qui, dans la durée de son règne, chercha par sa justice et sa modération, à faire oublier la tyrannie de ses prédécesseurs, étoit moindre dans ses dimensions, mais qu’elle étoit remarquable par la beauté des pierres d’Ethiopie, qui en formoient le revêtement. Pline en a dit : Tertia minor prœdictis, sed multo spectatior œthiopicis lapidibus assurgit.

Nous ne nous proposons point d’entrer dans l’énumération des autres pyramides de la HauteEgypte, encore moins d’en faire connoître les variétés de forme ou de construction, et les mesures. C’est la matière d’un grand ouvrage qui n’a point encore été entrepris. Depuis le temps où a paru, dans ce Dictionnaire, l’article de l’Architecture égyptienne, où nous avons recueilli déjà quelques notions sur lespyramides, il u’a, guère paru que des détails incohérent à cet égard. Nous sommes donc toujours obligés de nous restreindre à ce qu’on doit appeler des connoissances générales.

Il auffira aux notions annoncées par le titre de ce paragraphe, de dire, qu’il en fut des pyramides comme de tous les autres genres d’édifices. Si leur forme suivit constamment le type donné par la raison de la solidité et par l’usage, il régna beaucoup de variétés dans leurs mesures et dans leur bâtisse. On n’y employa point toujours la pierre. Hérodote nous parle d’une pyramide bâtie par Asychis, successeur de Mycerinus. Ce prince, dit-il, voulant surpasser tous les rois qui avoient régné en Egypte avant lui, laissa pour monument une pyramide de briques, avec cette inscription gravée sur une pierre : Ne me méprise pas en me comparant aux pyramides de pierres. Je suis autant au-dessus d’elles, que Jupiter est au-dessus des autres dieux ; car j’ai été bâtie des briques faites du limon tiré du fond du lac.

Quelques-uns ont pensé que la grande pyramide de Sakara, qui est construite en grondes briques, peut bien être celle d’Asychis.

Du reste, il est constant par plus d’un de ces monumens encore aujourd’hui existans, qu’on construisit des pyramides, c’est-à-dire, au moins leurs paremens extérieurs, par plusieurs rangs de briques crues.

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