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Placé, comme on l’a dit, au haut de la seule montée qui conduisoit à l’Acropole, il s’élevoit sur deux étages de degrés. Le premier, composé de huit marches et flanqué de chaque côté par un massif, qui paroît avoir été le piédestal d’une statue équestre, conduisoit à une petite place, d’où, par une autre montée de cinq degrés, on arrivoit au corps principal de bâtiment, décoré à l’extérieur par une rangée de six colonnes de l’ordre dorique, dont l’entre-colonnement du milieu étoit sensiblement plus large que les autres.

La largeur de cet entre-colonnement étoit égale à celle qui séparoit les deux lignes de trois colonnes, lesquelles divisoient comme en trois allées l’espace du vestibule, et cette largeur étoit aussi la même que celle de la porte du milieu, au-delà de laquelle on trouvoit un autre péristyle, formé aussi de six colonnes en tout semblables à celles du péristyle extérieur déjà décrit.

L’espace interne du vestibule divisé en trois, comme on l’a dit, avoit ses plafonds soutenus par des colonnes doriques, d’une proportion moindre que celle des colonnes du dehors Ces colonnes non-seulement ont des bases, mais elles reposent sur des piédestaux. De grandes dalles de marbre, posant d’une colonne à l’autre, et de celle-ci sur les murs, constituoient le plafond de cet intérieur.

Du sol de ce vestibule, on montoit encore cinq degrés jusqu’aux portes dont on a déjà fait mention. Elles étoient au nombre de cinq. La plus grande étoit celle du milieu, qui, comme on l’a dit, avoit la largeur de l’entre-colonnement du milieu tant des deux péristyles, que de l’allée principale, dans l’intérieur du vestibule. Cette porte étoit également plus haute que ses portes collatétérales, lesquelles alloient de chaque côté en diminuant tant de hauteur que de largeur. Quelle fut la raison et de ce nombre de portes, et de leur décroissance ? C’est ce que rien, je pense, ne sauroit aujourd’hui nous apprendre. Toutefois il faut croire que ce ne fut pas une disposition arbitraire, car nous allons voir, dans la description des propylées d’Eleusis, la répétition exacte de cette particularité.

A l’entrée des propylées de l’Acropole d’Athènes, et du côté qui regardoit la ville, se trouvoient deux édifices plus petits, qui se raccordoient avec l’ensemble du plan et la masse de l’élévation. A gauche, c’étoit un petit temple consacré à la Victoire ; à droite, un bâtiment semblable, dont les murs étoient décorés de peintures, la plupart de la main de Polygnote.

Nous avons tiré ces détails sur les propylées d’Athènes, de l’ouvrage des Antiquités de cette ville, par Stuart, tome II, ch. 5. L’ouvrage des Antiquités inédites de l’Attique, par la Société des Dilettanti, à Londres, va nous sournir en parallèle, un monument tout semblable, celui des propylées d’Eleusis.

Lorsque l’on compare ces deux monumens, soit dans la disposition de leurs plans, soit dans celle de leur élévation et de leurs détails, on seroit tenté de croire que l’un des deux a été une imitation de l’autre, à moins qu’on ne doive penser que ce genre d’édifice, ainsi que presque tous ceux des Anciens, avoit reçu de certains usages une sorte de type consacré par le temps, sur lequel devoient se régler les compositions de l’architecture.

Les propylées d’Eleusis présentent le même plan que ceux d’Athènes, et ce qu’il faut appeler la même masse. C’est un péristyle dorique de chaque côté, formé de six colonnes, dont l’entre-colonnement du milieu plus large que les autres, est déterminé par la largeur qui sépare les deux rangs des trois colonnes intérieures du vestibule.

Ce vestibule interne est également divisé par ses deux rangs de colonnes en trois allées, qui conduisent aux portes.

Les portes aussi sont au nombre de cinq. Celle du milieu est de beaucoup la plus large et la plus haute. Ses quatre portes collatérales vont de la même manière qu’à Athènes, diminuant progressivement de largeur et de hauteur. On voit ici que les portes sont toutes les cinq ornées d’un chambranle.

Une variété remarquable existe toutefois dans l’intérieur du vestibule. C’est celle des colonnes qui en soutiennent les plafonds. Elles sont d’ordre ionique, et au lieu de s’élever comme les colonnes doriques du même local, à Athènes, sur un piédestal, elles posent à terre avec leur simple base. Lè chapiteau de cet ordre est le même que celui du temple d’Erechtée a Athènes, quant à la spirale qui forme les volutes.

Généralement il se trouve plus d’unité dans l’élévation des propylées d’Eleusis. Probablement la disposition montreuse du terrain à l’Acropole d’Athènes, disposition que nous ont prouvée les trois plans, et par conséquent les trois rangs de degrés successifs, sur lesquels l’édifice s’élève, ont empêché de seumettre la hauteur des constructions à une même ligne de niveau. A Eleusis, au contraire, les trois corps dont les propylées se composent, assis sur un terrain plus égal, sont tous de la même hauteur, et leurs trois plafonds se raccordent sous un seul niveau.

Ces plafonds sont distribués avec la plus grande élégance. Ils figurent des rangs de solives en marbre, entre lesquelles se trouvent sculptés des caissons à deux rangs d’ornemens en renfoncement, et dont le fond est occupé uniformément par une étoile. Tout cet édifice, si l’on en croit les dessins qu’on en a, avoit une toiture formée de grandes dalles de marbre en manière de tuiles, encastrées avec un art extrême, et produisant au dehors un effet des plus agréables.

PROPYLON : est un mot qui signifie avant-