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Le pronaos du temple de Minerve, à Athènes, avoit toutefois une disposition différente de celle qu’on suivoit ordinairement. Il est assez précieux que Vitruve nous ait transmis la mention expresse et positive de cette exception. Effectivement on voit dans le plan encore subsistant de ce temple, que l’espace du pronaos ne se trouve pas, comme à tous les autres temples connus, renfermé entre le mur de la porte, les antes et les colonnes placées entre les antes. Celles-ci n’y forment point l’avance ordinaire. Elles ont en tête une colonne : columnis adjectis dexterâ ac sinistrâ ad humeros pronai. C’est de cette manière (continue Vitruve) qu’a été fait, pour la première fois, à Rome, le temple de Castor, dans le Cirque : Hoc autem genere primafacta œdes uti est Castoris in Circo ; et il ajoute : « tels sont le temple de Minerve, dans la citadelle d’Athènes, et celui de la même déesse, à Sunium dans l’Attique » : Athenis in arce Minervœ, et in Atticâ Sunio Palladis.

Stuart, d’après le rapprochement de ce texte avec les restes du Parthenon d’Athènes, a proposé de remplacer, dans la phrase suivante de Vitruve, les mots jusqu’à présent inintelligibles, et uti reliqua exisona par ceux-ci : et uti reliquet εισωδοι quœ Solent esse in frontibus ad latera sunt translata. Ce changement, suggéré par la notion précédente, sur la clôture et les entrées du pronaos, reçoit la plus grande autorité, de l’application qu’on est forcé d’en faire, à la disposition du temple de Minerve.

D’où il paraît certain, que l’usage étoit de fermer par en bas, les entre-colonnemens du pronaos avec un pluteum, ou, comme nous le dirions, un petit mur d’appui, dans lequel on pratiquoit de petites portes d’entrée : Fores per quas itinera ou εισυδοι. Alors il est sensible que deux entrées semblables ont pu être pratiquées au temple de Minerve, de manière qu’au lieu de se trouver à la face antérieure de cette sorte de pronaos, elles occupoient l’entre-colonnement latéral en retour, entre l’ante raccourcie et la colonne d’angle : Quœ solent esse in frontibus ad latera sunt translata.

On avoit emprunté (dit encore Vitruve) aux usages toscans, une disposition semblable à la précédente, et on l’avoit transportée aux pronaos des temples formés de colonnes ioniques et corinthiennes. Elle consistoit à substituer des colonnes aux pilastres que donne l’avance des antes sur le pronaos : Quibus enim locis pronao procurrunt antœ, in iisdem, è regione cellœ parietum columnas binas collocantes.

PRONONCER, v. act. On se sert de ce mot dans les arts du dessin et aussi en architecture, pour exprimer, surtout, ce qui a rapport au caractère, soit d’un ordre, soit d’un édifice.

Ainsi l’ordre dorique des Grecs a un caractère beaucoup plus prononcé que celui dont les Romains ont fait usage, et dont les Modernes ont hérité. Tout le monde sait qu’en architecture, le caractère de force ne peut se prononcer aux yeux que par des formes, qui annoncent une grande solidité mêlée à beaucoup de simplicité. Tel est le caractère, et de la proportion, et de la forme de l’ordre dorique, et ce caractère se prononce surtout dans son chapiteau, et dans la mâle saillie soit de son tailloir, soit de toutes les parties de son entablement.

L’élégance, la légèreté et la variété compagne de la richesse, se trouvent prononcées aussi clairement qu’il soit possible, dans les ordres ionique et corinthien, c’est-à-dire, que l’ensemble et les détails de ces ordres, expriment un caractère en tout opposé à celui de l’ordre dorique, des proportions plus sveltes, des membres plus multipliés, moins saillans, des détails beaucoup plus variés, des profils découpés par toutes sortes d’ornemens : voilà ce qui prononce les qualités qui sont propres de ces deux modes.

Il appartient a l’architecte, par le choix qu’il fait dans son édifice, d’un ordre ou d’un autre, par le plus ou le moins de détails ou d’ornemens, et par leur emploi judicieux, de prononcer le caractère, autrement dit, de rendre sensible la destination de cet édifice.

Lorsque l’on considère les masses imposantes et colossales des palais de Florence, on ne sauroit s’empêcher de reconnoître, quel’architecture de ce temps leur donna un caractère trop prononcé. L’emploi exorbitant qu’on fit alors des bossages dans leurs façades, produit une impression sur les sens, qui tend a en dénaturer la destination. A moins de raisons particulières, un palais ne doit avoir l’apparence ni d’une forteresse, ni d’un lieu qu’on veut faire paroître inexpugnable. Or, rien ne porte plus naturellement l’esprit à de telles idées, que ces masses de pierres rustiquement taillées qu’on appelle bossages. Nous avons vu que cet emploi, dans la prison de Newgate, à Londres, en a prononcé le caractère avec beaucoup de raison et de goût. Le bossage se trouvera également bien placé dans le soubassement, parce qu’il prononce avec énergie le caractère de solidité que doit avoir cette partie des édifices.

On se sert aussi du mot prononcer dans l’exécution des détails ou des ornemens d’un édifice. On demandera que telle ou telle moulure soit plus clairement, plus énergiquement prononcée. L’art de prononcer les ornemens consiste, soit dans le souillé qu’on leur donne, et qui les fait mieux ressortir, soit dans la vivacité des arêtes que le ciseau y ménage.

PROPNIGEUM. Ce mot, grec d’origine, doit, par sa composition, signifier four en avant. C’étoit un local, dans les bains des Anciens, qui paroît, Comme l‘hypocauste, avoir servi de brasier,