Page:Encyclopédie méthodique - Architecture, T3.djvu/228

Cette page n’a pas encore été corrigée
220
PRO PRO


miner, dans la même ville, offrira un promenoir aussi commode que magnifique aux gens d’affaires, qui ont le besoin de se réunir et de discuter leurs intérêts.

On admire, à Paris, cette vaste pièce intérieure, divisée en deux nefs, qui est un des principaux ornemens du Palais de Justice, et dont on a parlé à l’article De Brosses, qui en fut l’architecte. Le nom de salle des pas perdus, qu’on lui donne, ne signifie rien autre chose que promenoir. C’est là, en effet, que se réunissent tous ceux que leurs affaires y appellent, et c’est encore pour beaucoup de désœuvrés, un local favorable à la promenade dans les mauvais temps.

Nous croyons donc que promenoir doit se dire de tout local construit et abrité plus ou moins, où l’on peut se promener à couvert. Il est indispensable d’en pratiquer ainsi dans un grand nombre d’édifices, tels que colléges, hospices, couvens, séminaires, etc.

PRONAOS : signifie, par la composition des deux mots pro et naos, qui est en avant du naos.

Naos est un de ces mots synonymes, en grec, de ce que nous appelons généralement temple. Nous n’avons consacré d’article, dans ce Dictionnaire, ni au mot naos, ni au mot hiéron, ni à quelques autres des noms que l’on donnoit aux temples. Nous avons réservé la critique des notions que ces mots comportent, au mot Temple, mot générique chez les Modernes.

Toutefois, pour l’explication grammaticale du mot pronaos, nous dirons, en deux mots, que naos navis, nef, expriment, dans les trois langues, le corps principal ou la bâtisse du temple, autrement dit le temple, considéré moins dans toutes les parties qui pouvoient former son ensemble, que dans la masse de son architecture.

Pour remonter à la notion élémentaire du pronaos, il faut considérer le temple, chez les Anciens, dans sa disposition la plus simple, qui est celle du temple à Antes ou in Antis (comme l’appelle Vitruve, liv. 3, ch. 1). Ce temple n’avoit point de colonnes autour de sa cella. Ses murs, prolongés au-delà de la porte, se terminoient par les antes ou pilastres, qui, de chaque côté, n’étoient rien autre chose que la tête de chaque mur. Entre ces deux têtes de murs, s’élevoient deux colonnes : c’étoit là évidemment ce qui constituoit l’avant-temple ou le pronaos.

Lorsqu’en agrandissant les temples, on voulut augmenter la magnificence extérieure de leur disposition ou de leur ordonnance, on le fît, en environnant le naos, autrement le mur de la cella, y compris lepronaos, par un ou deux rangs de colonnes. De-là les temples périptères, diptères, etc. ; mais cela ne dérangea rien à la disposition comme à l’emploi du pronaos ; il ne changea ni de forme, ni de destination, ni de dénomination.

Vitruve, dans son chapitre de interiore cellarum et pronai distributione, nous montre avec beaucoup d’évidence ce qu’étoit le pronaos. Après avoir établi la division proportionnelle de tout l’espace occupé par le temple : Reliquœ tres partes (dit-il) pronai ad antas parietum procurrant. Quœ antœ crassitudinem columnarum habere debent. « Les trois parties restantes seront pour l’espace qui s’étend jusqu’aux restes des murs du pronaos. Les antes doivent avoir en grosseur celle des colonnes ; si (continue-t-il) le temple, c’est-à-dire la cella, a plus de vingt pieds de large, on élevera, entre les deux antes, deux colonnes qui sépareront l’espace du pronaos, de l’espace du pteroma. » Si œdes erit latitudine major quam pedes viginti, duœ Columnœ inter duas antas interponantur, quœ disjungant pteromatos et pronai spatium.

Dans les temples environnés de colonnes, en dehors, le pronaos étoit un espace qui, formé par les colonnes placées entre les antes, et en retraite du pteroma, c’est-à-dire, des colonnes extérieures, en étoit séparé par l’intervalle qui formoit le promenoir circulant tout autour de la cella. C’étoit un espace circonscrit entre les antes ou murs avancés de la cella, les colonnes qui alloient d’une ante à l’autre, et le mur où étoit la porte du temple (qui paries valvarum habuerit collocationem).

Tous les plans des temples périptères nous montrent cet espace si conforme à la description de Vitruve, qu’il est impossible de s’y méprendre. Il est bien vrai que dans plusieurs de ces édifices amphiprostyles, on voit le même local ou espace répété, avec une parfaite symétrie, à chacune des deux façades ; de sorte qu’on pourroit, s’il n’y avoit pas eu un côté principal, celui de l’entrée du temple, lui supposer un double pronaos. Cependant, comme tout le monde reconnoissoit à chaque temple, un côté antérieur et un côté postérieur, l’espace semblable à celui du pronaos, qui se trouvoit au côté postérieur, étoit, et s’appeloit l’opisthodome (opisthodomos), mot tout-à-fait correspondant à celui de pronaos, qui avoit pour synonyme le mot prodomos. Voy. Opisthodome.

Une particularité à laquelle on a fait peu d’attention, et que Vitruve nous a conservée, fait croire que le pronaos pouvoit encore être distingué par une sorte de clôture qui lui étoit propre. Les trois entre-colonnemens produits par les colonnes placées entre les antes, devoient être fermées par une cloison, ou un petit mur d’appui (pluteum), soit de marbre, soit de menuiserie, de manière toutefois que des portes y étoient pratiquées pour donner entrée dans le pronaos. Item itercolumnia tria quœ erunt inter antas et columnas pluteis marmoreis, sive ex intestino opere factis intercludantur, ita uti fores habeant, per quas itinera pronao fiant.